La question de “l’absentéisme” des professeurs revient souvent dans les débats. Pour les syndicats, c’est un phénomène qui n’existe pas. “Il y a des absences, majoritairement pour des raisons de santé, dans d’autres cas pour des critères professionnels. Mais il n’y a pas de phénomène d’absentéisme volontaire chez les enseignants”, argumente Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur (SNALC). Les profs sont même moins absents en moyenne que les autres fonctionnaires assure-t-il, ou que les salariés du privé, confirme Libération.
Selon la Cour des comptes, les enseignants “sont de moins en moins absents” depuis l’année 2014-2015 mais la durée de chacun des congés s’est allongée. 80% des absences dans le premier degré sont remplacées dès le premier jour d’absence. C’est en revanche plus compliqué dans le secondaire : seulement 20% des absences de courte durée sont remplacées au collège et au lycée, ce qui représente environ 2 millions d’heures perdues. Les congés de maladie ordinaire représentent un tiers (36,6 %) des absences, suivies de la formation continue (19,4 %) et des gardes d’enfant malade (11,9 %).
La fuite des profs
La problématique du manque d’enseignants est plus inquiétante. Selon le SNALC, les deux dernières années ont été “les pires en termes de recrutement”. La situation qui concernait majoritairement le secondaire commence à toucher le premier degré. “Pour l’instant c’est limité à quelques académies, mais ça devient tendu partout, explique Jean-Rémi Girard. Un poste non pourvu à la rentrée le reste pour l’année. La seule solution est de recruter un contractuel, donc quelqu’un qui n’a pas le concours. On a ainsi une personne devant un élève, mais elle n’est pas titulaire du poste.”
L’explication est simple : de moins en moins de candidats se présentent aux concours de la profession. En cause, un manque d’attractivité du métier, “mal payé” et pour lequel “les conditions de travail se sont dégradées”, juge Jean-Rémi Girard. 3% des stagiaires de l’Education nationale démissionnent, contre 1% en 2010 souligne un rapport sénatorial. Les départs volontaires et les ruptures conventionnelles se sont multipliés. “On organise des congrès sur comment quitter l’Education nationale. C’est ceux où on a le plus de monde”, regrette le syndicaliste. Sans changement “net de politique”, ou abaissement des critères de sélection aux concours, “une crise”, est selon lui inévitable.