Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1468 du 9 septembre 2022
Vous la connaissez bien, car elle envahit chaque jour davantage notre milieu professionnel, à tous les niveaux. Et elle ne s’embarrasse même plus d’une chose aussi accessoire que la décence. La blablatologie est désormais décomplexée, limite insultante dans ses références historiques. Souvenez-vous des « États-généraux du numérique éducatif ». Appréciez le futur « Conseil National de la Refondation ». Quel cabinet de conseil a été payé pour nous sortir ces idioties, et combien ?
Clemenceau disait que pour enterrer un problème, on créait une commission ; désormais on crée des commissions pour inventer de nouveaux problèmes. Comme l’inénarrable colloque (pseudo) scientifique sur le professeur au XXIe siècle, qui réunissait tout pour… vous dégoûter de devenir professeur au XXIe siècle. D’ailleurs, ça a marché : on n’arrive plus à recruter.
Cette blablatologie, vous la vivez également au quotidien. Il n’y a jamais eu autant d’occasions de réunionite aiguë. Et pourquoi pas un conseil de cycle en sus de la réunion de liaison CM2/6e ? Ça vous dirait d’échanger sur le projet d’établissement, pour que le président de la République vous explique ensuite qu’il ne savait pas qu’il existait des projets d’établissement, et qu’il vous offre l’opportunité de rééchanger dessus ? Si vous le faites dans les formes attendues par l’institution, vos élèves auront peut-être des tablettes ou des chaises à roulettes pour faire une classe flexible !
À l’arrivée, plus on vante le dialogue, la co-construction, l’autonomie du terrain, moins nous sommes réellement libres, considérés et acteurs de notre destin. Car dans le même temps, on s’attaque au paritarisme, on prend des décisions à mille lieux des attentes réelles de nos professions — le salaire, les conditions de travail. C’est toujours les mêmes ficelles de com’ : puisqu’on vous dit que la revalorisation sera historique, croyez-nous. Seulement trois mois de réunions pour répartir une enveloppe budgétaire dès le départ fermée et insuffisante. Mais si vous faites des missions supplémentaires, alors là vous aurez (pas beaucoup) plus. Car vous êtes quand même un peu feignants à l’Éducation nationale, non ? Vous pourriez en faire davantage, vous savez. Etc, etc.
Le SNALC ne fait pas dans le blabla, lui. Il porte les revendications légitimes des personnels. Il a fait ses devoirs, comme disait il y a quelques années un haut-fonctionnaire du ministère. Il sait de quoi il parle, il sait ce qui ne va pas, et il sait qu’on n’a pas besoin de blablater autant pour agir dans votre intérêt. Il est là à vos côtés pour que vous bénéficiiez d’un meilleur traitement dans votre école, dans votre établissement, dans votre PIAL, dans vos multiples lieux d’exercice. Il fait progressivement changer les mentalités dans les médias et dans l’opinion publique par ses interventions précises où il tient un discours de vérité. C’est pourquoi vous pouvez lui accorder votre confiance et le soutenir aux élections professionnelles de décembre prochain. Vous ne serez ainsi pas représentés par des blablateurs, mais par des collègues investis qui savent non seulement bien parler, mais surtout bien agir.