L’annonce présidentielle du 28 novembre a de quoi braquer le SNALC. Encore un coup de com’ sans concertation et sans le moindre bilan de la « Pause numérique » au collège ! Tandis que l’Éducation nationale fait face à une crise profonde, est-il vraiment urgent de légiférer sur le sujet alors qu’il est déjà possible d’inscrire une éventuelle interdiction dans le règlement intérieur ?
Les difficultés prévisibles sautent aux yeux. Au collège, le manque de personnels de vie scolaire rend son application compliquée. Une fois l’obscur objet du désir rangé (au fond du sac, dans un casier, une pochette… – payés par qui ?), rien ne garantit une véritable déconnexion. Certains élèves redoublent d’astuce entre double téléphone, montre connectée ou pauses prolongées aux toilettes. Et que dire de l’usage pédagogique éventuel du smartphone ? Faudra-t-il envisager de renoncer au kahoot rituel d’avant vacances de Noël ?
Ces objections sont légitimes et sensées – quoique. Cependant, une fois n’est pas coutume, on a presqu’envie de donner raison au Président quoi qu’il puisse nous en coûter. Que celui qui n’a jamais été confronté à la vision navrante d’adolescents scotchés à leurs systèmes de récompense, nous jette la première pierre ! L’idéal serait évidemment de contraindre les plateformes numériques à réformer leurs algorithmes addictogènes. Mais en attendant, chaque heure soustraite à leur manipulation ne constitue-t-elle pas une victoire ? Certes, ni AED ni professeurs ne sont pressés de traquer les contrevenants éventuels. On peut néanmoins espérer qu’une interdiction claire permettra de freiner la triche désormais massive via internet ou ChatGPT.
Quant aux parents, trop souvent renvoyés à leur seule responsabilité éducative face aux géants du numérique, beaucoup apprécieront sans doute un soutien institutionnel trop rare en la matière. On ne pourra certes plus consulter les changements de dernière minute sur Pronote : faut-il vraiment le déplorer ? Il n’est pas exclu en revanche que le climat scolaire gagne en sérénité voire que la fréquentation du CDI s’en ressente positivement (1).
Conscient que cet enjeu de santé publique dépasse largement l’École et que l’interdiction ne peut constituer la seule réponse éducative, le SNALC se présente donc néanmoins comme très ouvert au débat.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1508 du 19 décembre 2025





