Le progrès technique a toujours été synonyme de questionnements et de dangers. L’avènement de l’intelligence artificielle (IA) et de ses avatars, comme Chat GPT, n’échappe pas à la règle et doit nous interroger sur l’efficacité actuelle de l’évaluation, notamment au Cned.
Les collègues du Cned se trouvent aujourd’hui face à un problème majeur. La sincérité du travail des élèves est remise en cause par l’utilisation de plus en plus récurrente de l’I.A. par les élèves pour produire leurs devoirs.
Dans l’acte d’apprentissage, c’est fâcheux. Mais lorsque l’on parle de classe à examen où une partie du diplôme se joue sur le contrôle continu, cela devient réellement problématique.
Évidemment, comme à chaque évolution technique, des outils sont inventés pour pallier les nouvelles difficultés. Des logiciels dits de proctoring, pour surveiller des examens à distance, se sont développés ; d’autres sont censés détecter les plagiats ou les recours à l’I.A.
Malheureusement, comme dans le cadre du piratage informatique ou du dopage dans le sport – ne s’agit-il pas ici d’une forme de dopage des notes ? – la lutte contre la pratique délictueuse a bien souvent un temps de retard.
Le SNALC n’a pas de solution toute faite à proposer au Cned. La vigilance, le suivi des élèves pour détecter des évolutions statistiquement très improbables sont sans doute les seules solutions actuellement.
Et cela doit interroger tous les professeurs. En effet, le Cned, même s’il s’agit d’un type d’enseignement spécifique, ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt.
De plus en plus de collègues nous font remonter des fraudes liées à l’IA, même lors de devoirs sur table, même avec une surveillance active. Il était déjà devenu impossible de donner des devoirs à la maison sans s’interroger sur la qualité réelle du travail des élèves. Si évaluer l’apprentissage et la progression en classe n’a plus la vertu de l’honnêteté, si les tensions s’exacerbent du fait d’une suspicion généralisée, c’est toute la relation pédagogique qui perd son sens.
Pour le SNALC, l’I.A., au-delà de la question technique, interroge sur le devenir même de la valeur émancipatrice du savoir à l’École et dans notre société.