« Paris 2024 a placé, dès la candidature, les questions d’héritage et de durabilité au cœur de son projet (…), des Jeux qui mettent plus de sport dans la vie des gens, un sport au service de l’éducation ». Il est impossible de ne pas rappeler cet objectif qui a sous-tendu la candidature et les investissements réalisés par la France dans l’organisation des JO lors de l’été 2024.
Pour le SNALC, les mots ont du poids et du sens, notamment lorsqu’ils sont prononcés par des décideurs politiques et pris comme des engagements. Aussi, la notion d’héritage ne peut rester vaine et doit être interrogée à court, moyen et long termes. Quelles retombées un an après ?
En premier lieu, il faut évoquer les dépenses engendrées par l’évènement dans un contexte (post « gilets jaunes ») de crise financière, d’inflation et de difficultés pécuniaires pour de très nombreux citoyens. Le bilan revêt donc un enjeu politique important. Ainsi, pour les organisateurs, il serait de 2 milliards d’euros, alors que la Cour de comptes estime le coût réel public à 6 milliards et un coût global, financements privés inclus, compris entre 9 et 11 milliards. Il faudrait y ajouter l’assainissement de la Seine d’1,5 milliard. Après de tels sacrifices budgétaires, on attendrait légitimement un bel héritage !
Il n’en est malheureusement rien. Après le coup d’éclat, viennent les coupes d’un État qui court maintenant après 40 milliards d’économies, resserre toutes les ceintures budgétaires, envisage même la suppression de 2 jours fériés et lance des économies de bouts de chandelle reniant toute logique d’héritage.
Le rabotage du Pass’sport décidé cette année est exemplaire. Ce dispositif qui permettait à tout jeune de 6 à 30 ans de bénéficier d’une réduction de 50 € sur une licence sportive sera drastiquement rogné dès la rentrée. Cette incitation qui avait profité à 1,3 million de jeunes ne sera plus dorénavant accordée qu’aux adolescents de 14 à 17 ans et sous condition de ressources. Le retrait des 6-13 ans de la nouvelle mesure est incohérent tant il s’inscrit à rebours des engagements olympiques et de la nécessité d’inciter les enfants à la pratique physique et sportive quand on sait qu’actuellement 3/4 des 11-17 ans n’atteignent pas les seuils d’activité préconisés par l’OMS.
Il serait aussi possible d’évoquer la réduction à venir de 18 % de l’enveloppe du ministère de la jeunesse et des sports conduisant le CNOSF à y voir une mesure « incompréhensible, injuste et dangereuse. Le sport est une politique publique de première nécessité ».
Concernant l’EPS scolaire, pour le SNALC, mis à part quelques promotions aussi flatteuses que volatiles comme les labellisations (minoritaires) d’établissements scolaires Génération 2024, les 30 min (sporadiques) d’APQ au primaire, les 2 h de sport supplémentaires (facultatives) au collège, l’entrée en vigueur (non obligatoire) des tests physiques en classe de 6è, les mesures essentielles et pérennes n’ont jamais été envisagées : les installations sportives indispensables au bon enseignement de la discipline restent insuffisantes et vétustes; la suppression de 1000 postes au CAPEPS en 10 ans n’est toujours pas comblée; les horaires d’enseignement d’EPS, particulièrement faibles au lycée, demeurent inchangés depuis les années 60; les programmes de l’EPS, sont de moins en moins physiques, sportifs et corporels.
Bref, en guise d’héritage des JO de Paris, les perspectives ne s’améliorent pas. Comme nous l’écrivions l’an passé, « il y a plus à constater la permanence d’un déficit historique en matière d’activité physique et sportive, scolaire et universitaire qu’un progrès ». Déficit qui risque fort de s’accentuer dans un tel contexte de restriction et qui n’est pas sans nous rappeler la délicieuse fable de La Fontaine « la Cigale et la Fourmi » … mais avec une grande amertume.