L’organisation, la préparation et l’épreuve du grand oral divisent. Jean-Rémi Girard s’explique chez Marianne.
À retrouver sur le site de Marianne. Interview diffusée le 21 juin 2021
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journaliste :Cette épreuve était-elle trop difficile à préparer et organiser en cette année de pandémie ? Fallait-il la maintenir ? Nous pensions au SNALC que le grand oral n’aurait pas dû être maintenu. De toutes les épreuves finales du bac c’est celle qui a été le moins préparée. C’est le symbole de la réforme du ministre et c’est probablement pour cela qu’elle a été maintenue en l’état. Les élèves et les collègues ont fait ce qu’ils ont pu dans des conditions difficiles. Le grand oral est censé nécessiter deux ans de préparation. Or, là, cela s’est fait en deux mois. Il doit se préparer durant les enseignements de spécialité, les collègues ont dû choisir entre avancer dans le programme et s’occuper du grand oral. Autrement dit : ils ont été poussés à mal faire leur travail. Quant à l’organisation concrète, elle n’a pas du tout été anticipée, notamment du côté de la convocation des jurys. On se retrouve massivement avec des convocations pour suppléer en cas d’absence qui sont arrivées seulement le vendredi soir et le week-end. Cela se passe très mal. journaliste :Le grand oral vous paraît-il socialement discriminant ? Ou au contraire est-ce un moyen de tirer tous les élèves vers le haut, quel que soit leur milieu social, en renforçant leur maîtrise de l’oral ? Toute épreuve est quelque part socialement discriminante à partir du moment où les élèves de milieux favorisés réussissent mieux. C’est vrai à l’oral comme à l’écrit. En revanche, c’est une épreuve dont le contenu est beaucoup plus difficile à saisir car il ne s’agit pas de vérifier la maîtrise des connaissances par l’élève. On évalue un peu la qualité orale, un peu les connaissances, un peu la réactivité puis on est censés mettre des très bonnes notes à la fin. J’ai des retours des consignes orales qui montrent que dans un certain nombre d’endroits l’épreuve sera surnotée. journaliste :Est-ce une bonne préparation vers l’enseignement supérieur, notamment en formant plus les élèves à l’expression orale ? L’oral n’est pas spécialement plus utilisé dans l’enseignement supérieur, en licence par exemple. Globalement ce grand oral n’est pas une préparation incroyable au supérieur. Ce qui y prépare, c’est la qualité de l’enseignement ou le fait d’avoir accès à de bonnes conditions d’étude. Or, avec des classes de 30 à 35 élèves nous ne sommes pas dans les conditions pour bien travailler l’oral avec les élèves. Enfin, ce grand oral ne vérifiant pas la qualité des connaissances, il n’est pas certain qu’il garantisse la réussite dans l’enseignement supérieur. Il peut y avoir un côté épreuve de rhétorique qui n’est pas forcément ce dont on a le plus besoin. |