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Gare au Ministre

© Rogier Hoekstra de Pixabay

Sans préambule, je me dois de vous avouer que lorsque M. Attal a été nommé Ministre de l’Éducation Nationale, je me suis dit « Et c’est reparti ! On en affecte un nouveau et on continue ! » Et puis… et puis, il me faut bien l’avouer j’ai été surpris. Agréablement surpris !


Pourquoi me direz-vous ? Et bien dans un premier temps, parce que M. Attal ne nous a pas abreuvé de sa science infuse. M. Attal n’a pas démarré en nous disant qu’il avait toutes les réponses et que nous allions voir ce que nous allions voir. Non, M. Attal est entré discrètement dans la fonction, et je n’ai pas la moindre idée de comment se déroule une journée de Ministre, mais vraisemblablement, M. Attal a dû commencer par faire un rapide état des lieux des questions brûlantes qui menaçaient d’incendier le Ministère duquel il était le tout nouveau timonier. C’est ainsi que je fus, parmi beaucoup d’autres à n’en pas douter, le témoin de sa réaction face au harcèlement subi par certains élèves au sein même de ce que nous pensions tous, professeurs et parents, être un sanctuaire. Mais je m’arrête là car j’aimerais vraiment pouvoir trouver le temps d’aborder plus complètement ce sujet dans un prochain bulletin.
Alors, après une introduction plutôt encourageante, pourquoi un tel titre ? Et bien parce qu’il y a trois semaines, j’ai pris le temps de répondre au questionnaire du Rectorat (lequel questionnaire émanait directement du Ministère) sur l’« Exigence des savoirs ».

Encore une fois, je vous avouerais qu’en découvrant le lien dans ma boîte aux lettres académique, je fus soudainement pris d’une bouffée d’espoir qui telle une montgolfière en feu s’est dégonflée inéluctablement et avec un profond sentiment de désespoir de mon côté au fur et à mesure que je répondais au questionnaire et que j’avançais dans les pages successives. Je vous confesserais même que j’ai mis du temps à m’asseoir devant mon ordinateur pour tenter de taper ces lignes tant je suis déçu, dépité et même j’oserais au bout du rouleau. Il n’y a donc rien à espérer ! Pas même de M. Attal en qui soudainement j’avais entrevu la possibilité d’une solution, d’une porte ouverte sur la possibilité de sortir enfin de l’ornière, de l’impasse, de la catastrophe, du désastre dans lequel notre institution si indispensable au futur du pays s’est peu à peu enlisée jusqu’à la situation ubuesque dans laquelle elle est aujourd’hui.


Car si j’ai bien compris le but de ce questionnaire, il visait à prendre connaissance du niveau des élèves au sortir du Collège et à l’entrée au Lycée. J’enseigne au lycée et je peux vous le dire sans nuance, c’est une catastrophe innommable et déjà là je la nomme. J’en veux pour preuve les quelques extraits de copies que je vous soumets ci-après. Attention les yeux, ça brûle !


« Des élèvent ainsi que une autre société charger de préparer des buffet ont préparé une fête avec buffet pour les anciens qui vive dans la résidence (…) » (un élève de seconde)
« Ce sont des jeunes qui viennent les servirent (…) » (un élève de seconde)
« Car les personnes âgés se sente moins seule et les étudiants trouve du plaisir à faire cela (…) » (un élève de seconde)
« Ce document est un reportage intituler « … » qui parle de étudien qui sont renue s’entraîner dans le dommaine de l’hotelerie au près des personne âgées. Le reportage présente des étudiens qui ont été inviter a venir s’entrainé dans leur dommais comme J. qui est un serveur cousigner qui a profiter (…) » (un élève de seconde)
« Les retraités apprécies le geste (…) » (un élève de seconde)
« Ce document vidéo proviens (…) » (un élève de terminale)
« Le cimetière amériquain (…) » (un élève de terminale)
« (…) et il y recueil (…). Cela permet de montré les conséquence à tout les niveau afin d’invité de refaire les même erreure. » (un élève de terminale)
« (…) qui sont tombés aux champs d’honneurs sur terre ou sur la mère (…) » (un élève de terminale)
« Certains décédirent de la guerre (…) » (un élève de terminale)

 

Pourquoi suis-je si dépité par ce questionnaire ? En fait les bras m’en tombent ! Et bien parce que sur sa dernière page, il nous « impose » de cocher ce qui selon nous pourrait permettre d’améliorer la situation d’apprentissage des élèves… Parmi ces solutions imposées sans jamais nous demander ce que nous pensons par une vraie boîte de dialogue (ceux qui ont répondu au questionnaire comprendront tout de suite ce à quoi je fais référence) le Ministère nous propose de cocher sur des options telles que :

  • « Développer l’offre de formation des professeurs (Pardon ? – BAC +5 & un Concours ne vous suffisent pas ?!?! Il me semble que nous avons fait assez d’efforts comme cela, non ?)
  • « Mettre en place des visites d’observation avec échange par des pairs pour améliorer notre enseignement »
  •  (….)

Je n’ai personnellement coché aucune case réponse ! Aucune ne correspondait à mes attentes !


Toutes les propositions soumises étaient du même ordre et reposaient entièrement sur le fait d’imposer toujours plus de travail et d’efforts sur le professeur MAIS JAMAIS à l’élève qui est censé apprendre, mémoriser, digérer, créer des liens, réfléchir et chercher à atteindre par lui-même le niveau des savoirs et de compétences pour pouvoir s’insérer dans la vie socio-professionnelle qui l’attend.

Comment voulez-vous redresser une situation catastrophique et qu’on ne peut quasiment plus redresser pour la génération du début des années 2000, si vous fermez les yeux sur la réalité de l’École ? Si volontairement vous refusez de mettre le doigt sur le fond du problème ? Si vous refusez de faire le vrai diagnostic ?


Ce ne sont pas les enseignants qui sont à cibler. Merci ! Je le répète chacun d’entre nous a fait les efforts nécessaires pour être là où il est ! Nous sommes tous BAC+5 et avons réussi un Concours que nombre de nos détracteurs ne voudraient pas envisager de passer et dont ils n’ont pas la moindre idée de la difficulté.


Non ! Si le niveau des élèves est si catastrophique, c’est eux qu’il faut envisager de faire travailler plus, mieux et plus sérieusement. Car s’ils sont aussi dépourvus de savoirs et de compétences, c’est qu’il n’y a plus d’enjeux.


Au cours des 20 à 30 dernières années, pour des raisons dangereusement électoralistes (parlons peu mais parlons vrai : il ne faut pas contrarier les parents qui sont des électeurs), l’École a peu à peu renoncé à exiger le moindre effort aux élèves. Cette même École française qui fut longtemps un modèle pour les systèmes éducatifs du monde entier, a reculé devant les exigences légitimes qu’elle avait longtemps exigées de sa jeunesse pour que les parents, satisfaits, votent pour tel ou tel parti politique alors en place.


C’est honteux, j’ose le dire ici, car l’École française était un formidable moteur de progression sociale en offrant à chacun la possibilité de développer son potentiel par sa gratuité et l’excellence qu’elle imposait à tous dans chacun de ses établissements.
Cependant, aujourd’hui, pour des raisons bassement politiques, en échange de cette gratuité de l’enseignement financé par les impôts de tous, il n’y a plus la moindre exigence.


Il n’y a plus d’exigence d’excellence, de travail, de sélection des compétences, d’élévation vers toujours plus de savoirs pour faire émerger les forces vives de demain, ni même de respect de l’enseignant, de l’autre, bref de soi et allez donc savoir pourquoi la violence se déchaîne désormais dans les écoles partout en France ???


Alors, c’est bien beau de faire ce triste constat mais après avoir questionné les enseignants sur l’état de l’acquisition des savoirs à la fin du Collège, que faudrait-il faire pour remédier à la situation et inverser le désastre inéluctable qui nous pend au nez ? Je vous propose ci-après les diverses mesures d’urgence indispensables car ce n’est pas aux adultes de s’investir plus, ils en font déjà beaucoup. Trop, même ! C’est bien aux élèves qu’il va falloir en demander plus ! Et vite ! Si vous ne voulez pas vous retrouver avec une, voire deux générations de nouveaux adultes sans compétence qui ne trouveront pas le moyen de s’insérer dans la vie professionnelle faute de compétences, tout simplement.

  1. Exiger véritablement de vrais savoirs sanctionnés par des évaluations nationales à la fin de chaque cycle (Examen d’entrée en 6è, Certificat d’Études, Brevet des Collèges, Baccalauréat) en remettant en place une évaluation sans complaisance. Par exemple : se tromper à la fin du primaire dans l’accord singulier/pluriel des verbes ne doit pas donner lieu à « l’élève a eu l’intuition du pluriel » comme d’aucuns l’ont entendu dans la bouche de certains inspecteurs (sic !).
    Ainsi, si un élève ne satisfait pas à l’examen de fin de cycle, le Ministère doit avoir prévu de lui fournir une formation professionnalisante adéquate avec son niveau (artisanat, formation professionnelle en alternance, et bien d’autres options sur lesquelles il sera nécessaire de réfléchir mais qui n’implique pas de poursuivre une scolarisation « classique »).
    En bref, il faut revenir à un système de sélection par le mérite et le travail. Ce système utilise la frustration pour progresser, car la bienveillance enferme dans la certitude que sans effort, on obtient ce que l’on souhaite. C’est faux et nous en voyons chaque jour le résultat : un effondrement inéluctable. Oui, des défis doivent être lancés aux élèves pour qu’ils fassent toujours plus d’efforts et ainsi progressent. Cela leur permettra aussi de ne pas s’enfermer dans la spirale d’auto-satisfaction qui nourrit un égocentrisme malsain et ouvre la voie à tous les excès de violence auxquels nous assistons depuis quelques années sans réagir. Car, non l’enfant ne sait rien et doit tout apprendre de ses enseignants. Depuis le début de l’enseignement, chez les Grecs, cela a toujours été le principe. Les anciens enseignent aux jeunes qui écoutent et apprennent. En mémorisant c’est toujours mieux !
  2. Redevenir exigeant dans l’enseignement et donc l’acquisition des savoirs, connaissances et compétences avec de vrais programmes structurant comprenant de la grammaire, de la conjugaison, de la syntaxe, du vocabulaire qui permettent de donner la capacité d’exprimer véritablement ses idées en sachant les formuler et les structurer,
  3. Redevenir exigeant avec des grilles d’évaluation claires (qui ne se perdent pas dans des éléments de langage creux et des circonvolutions absconses) et sans complaisance. Un objectif est su, mémorisé, utilisé correctement ou pas (point).
  4. Reprendre le contrôle des décisions du Conseil de Classe : la décision du Conseil de Classe doit redevenir non négociable et les familles ne doivent plus pouvoir inverser la décision d’un Conseil de Classe de refuser le passage en classe supérieure à un élève en raison de son manque d’investissement et/ou de ses mauvais résultats sous prétexte que « notre enfant a un beau projet, vous comprenez. » Si cet élève a un beau projet, ce que personnellement j’applaudis des deux mains, pourquoi n’a-t ’il tout simplement pas fourni les efforts nécessaires pour l’atteindre. Il a eu 8 mois pour le faire. J’entends également des parents me dire « il va rattraper son retard pendant les vacances, cet été. » Pardon ? Quoi ? Donc un élève ne fait strictement rien, se laisse porter, voire perturbe l’apprentissage de ses camarades pendant toute une année, mais il faut lui permettre de passer en classe supérieure parce qu’« il va rattraper au cours des 2 mois d’été ce qu’il n’a pas fait pendant 8 mois » ??? Mais de qui se moque-t ’on ? Bref, il est essentiel de redonner le pouvoir décisionnel aux enseignants et surtout de les former (là, oui !) à exercer ce pouvoir pour le bien de tous…
  5. Interdire les téléphones portables dans tous les lieux d’enseignements (Primaire, collèges, lycées mais aussi universités) : cette mesure est indispensable si vous voulez un vrai changement. C’est la raison pour laquelle la violence et le harcèlement scolaire se développent de plus en plus, les élèves ne s’investissent plus (il faut les voir les yeux rivés sur leurs écrans, allongés dans le noir dans les couloirs ou attendre tels des drogués en manque la fin du cours et la cloche sonner pour se ruer sur ce petit rectangle qui n’a cessé de vibrer au fond de leur poche pour comprendre l’étendue du problème), ne mémorisent plus et ne travaillent plus. Ils ne pensent qu’à leurs réseaux sociaux.
  6. Remettre en place les récitations de poésie et de texte ainsi que les contrôles de connaissances (vocabulaire, formules, dates, etc…) et ce dans tous les cycles, du primaire à la fin du secondaire, pour développer les capacités de mémorisation.
  7. Redonner du respect et de la valeur aux enseignants et cela ne peut passer que par un salaire à la hauteur des diplômes qui leur sont exigés mais aussi des responsabilités qui leur incombent, ce que martèle encore et encore le SNALC. Et les professeurs, à chaque cycle ou niveau, ont la responsabilité de former l’avenir industriel, médical, intellectuel, commercial, financier et juridique d’une nation. Ce n’est pas rien ! Leur salaire ne devrait pas être équivalent à 1,2 SMIC ! Ils sont la base de tout ! Sans eux un pays s’effondre. Ce qui m’amène à vous faire remarquer qu’il ne s’agit pas d’une vocation, mais bien d’un métier ; métier qui traverse une sévère crise à en juger par la difficulté qu’a le Ministère à recruter de nouveaux candidats depuis 2 ans. En effet, depuis l’automne 2022 la date de clôture des inscriptions aux Concours d’Enseignements est sans cesse reculée de plusieurs semaines. L’an dernier la clôture était prévue au 18 novembre et a été repoussée au 6 décembre 2022. Cette année prévue au 9 novembre 2023, la clôture des inscriptions a été repoussée au 9 décembre 2023. Cessez de vous masquer la réalité ! Le métier n’intéresse plus ! Mal rémunéré, pas à la hauteur des exigences de diplômes, devenu dangereux comme en témoignent les assassinats de collègues tous les ans, ouvrant la voie au harcèlement par les directions des établissements et par les familles, les éventuels intéressés jettent l’éponge et préfèrent se tourner dans d’autres directions, bien plus rémunératrice. Et ils ont raison !
  8. Remettre en place des sanctions : pour les élèves violents et permettre aux établissements d’exclure définitivement les élèves dangereux pour toute la communauté éducative (professeurs, élèves, personnels, etc..) ce qui revient à redonner du pouvoir aux professeurs qui ne sont pas censés risquer leur vie dans l’exercice de leur profession,
  9. Finalement, faire cesser les excuses pour ne pas apprendre à l’École. Je veux parler des PAP, PPRE et autres qui s’ils partaient d’un excellent sentiment, ont été créés au départ pour permettre à l’élève qui en avait besoin d’avoir un temps supplémentaire pour acquérir un savoir ou une compétence un peu plus complexe pour lui, pour une raison ou une autre. Pourquoi pas ? Sauf qu’aujourd’hui, dans la réalité, celle que nous vivons au quotidien, les familles demandent ces plans pour permettre à leur enfant d’avancer sans faire le moindre effort. A la moindre difficulté, ils se précipitent chez le médecin scolaire et demandent l’un ou l’autre plan afin de ne pas avoir à s’investir, travailler, approfondir. Il n’est alors plus possible de sanctionner les erreurs en lien avec l’exemption accordée à l’élève par le plan d’aménagement personnalisé dont il bénéficie. Aujourd’hui, sur une classe de 34 à 37 élèves, nous comptons un tiers de ces plans ; des élèves à qui il nous est demandé d’individualiser les cours et les évaluations. Est-ce bien là le concept originel de l’Ecole ? Créer des classes de 37 élèves au sein desquelles nous sommes censés faire classe individuellement… Mais dans quel but ? Pensez-vous réellement que ne pas savoir orthographier, ne pas savoir conjuguer, ne pas savoir écrire correctement, construire une phrase qui fasse sens ou construire un raisonnement mathématique cohérent ne sera pas une entrave plus tard, pour faire des études supérieures ou pour trouver un emploi à la hauteur des attentes de nos jeunes et de leurs familles ? De plus, à quel moment demande-t’on à nos jeunes de s’intégrer à un groupe et d’en respecter chaque membre par un comportement adéquate ? Je vous pose ces questions et je vous laisse y répondre.
    Faire classe collectivement était possible au 20è siècle (je l’ai fait), ça ne l’est plus au 21è. Cherchez l’erreur !
    Quant à moi, je suis témoin tous les ans des conséquences de ces excuses qui vont croissant dans les réponses PARCOURSUP et les débuts en première année dans le Supérieur des élèves de Terminale que j’assiste. Un désastre ! C’est à en pleurer.

Il est là, dans tous ces reculs, ces abandons, l’échec programmé de notre institution ; pas dans un manque supposé de formation de nos professeurs. Fichez-leur la paix ! Ils ne sont pas en cause. Ils font ce qu’ils peuvent avec ce qui leur reste après que vous leur avez tout retiré !

Mon grand-père maternel n’avait que le Certificat d’Etudes mais à 96 ans, quelques mois avant son décès, il était encore capable d’écrire une lettre sans faire la moindre faute d’orthographe, de grammaire, de conjugaison ou de syntaxe. Il employait convenablement le subjonctif présent et imparfait. Il savait poser une question en respectant la syntaxe de l’interrogation. Il calligraphiait magnifiquement et donc était parfaitement lisible. Il savait écrire sur les lignes. Et aujourd’hui, je suis heureuse qu’il soit décédé car après avoir combattu à 21 ans sur le front d’Alsace pendant la Seconde Guerre Mondiale à 200 mètres de la ligne de front pour observer les lignes allemandes et passer les informations aux alliés, après avoir fait tant de sacrifices, après avoir vu ses frères d’armes faire le sacrifice ultime pour leur pays et nos libertés, je n’aurais pas voulu qu’il voit et soit le témoin de ce que vous, M. Le Ministre, et tous ceux qui vous ont précédé ont fait du pays pour lequel ils ont risqué leur vie ; où vous l’avez mené, dans quelle situation vous l’avez mis à force de renoncements et de compromissions.


Parce que vous refusez d’exiger des jeunes générations et de leurs parents, l’investissement nécessaire et offert par les impôts de tous, nous courons tous inéluctablement à notre perte si les jeunes que nous envoyons se casser le nez dans le Supérieur après un Baccalauréat qui n’a de baccalauréat que le nom mais est vide de sa substantifique moëlle, le pays s’effondrera faute de compétences et de forces vives capables de rivaliser avec les nouvelles puissances émergentes dont les systèmes éducatifs exigeants à l’extrême produisent des élèves capables de relever tous les défis que l’avenir mettra sur leur chemin. Je veux parler de la Chine, Singapour, la Corée du sud et de tous les pays qui nous supplantent aux tests PISA depuis des décennies. Il est grand temps d’arrêter là la bienveillance qui n’est rien d’autre que de la malveillance quand le seul résultat est d’obstruer l’avenir de nos jeunes au lieu de leur offrir des perspectives d’avenir. Il est grand temps de réfléchir au rôle véritable de l’Ecole dans notre société. L’école ne doit pas être un endroit ludique où les jeunes viennent pour s’amuser ; ça c’est le rôle des loisirs, du weekend et des vacances. L’école est le lieu où la jeunesse d’un pays vient investir dans son avenir, c’est son lieu de travail. Grâce à la société qui finance par solidarité l’avenir du pays en offrant par ses impôts une éducation gratuite et équivalente à chacun, l’école est le lieu où la jeunesse d’un pays travaille à se préparer pour prendre la relève de la génération précédente afin de conduire le pays toujours plus loin et d’offrir à ceux qui lui ont financé son éducation, une vieillesse sereine et paisible. La solidarité générationnelle dans toute sa munificence. Et cela aussi ça s’écroule aujourd’hui !


Jusqu’où continuerons-nous de nous effondrer ?


Grand-père, merci pour tout et repose en paix !