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France.TV – Va-t-on manquer de profs à la rentrée ?

« Le premier acte attendu, c'est une revalorisation financière du métier [...] sans contrepartie »
Jean-Rémi Girard
Président du SNALC

Les concours enseignants n’ont pas fait le plein cette année. Dans certaines matières, il y a moins de candidats que de postes à pourvoir. Va-t-on manquer de professeurs dans les établissements à la rentrée prochaine ?

Jean-Rémi Girard, président du SNALC, syndicat de l’école au supérieur,  répond aux questions de Maya Lauqué dans Télématin sur France 2 le samedi 28 mai 2022.

Télématin : Nous recevons ce matin Jean-Rémi Girard, professeur de français au lycée et président du SNALC le syndicat national des lycées et des collèges et plus largement des personnels de l’éducation nationale. 

Bonjour Jean Rémi Girard. Merci d’être avec nous ce matin, le concours pour devenir enseignant n’a pas fait le plein cette année. Dans certaines matières, il y a moins de candidats admissibles que de postes à pourvoir. Va-t-on manquer de profs dans les établissements à la rentrée prochaine ?

Jean-Rémi Girard :  Oui, on va manquer de professeurs dans les établissements et en fait ce n’est pas la première année car cette crise des recrutements, elle est devenue structurelle. Elle est devenue structurelle dans les collèges et les lycées. Ça fait depuis un petit moment, mais elle devient structurelle également à l’école primaire, et ça, c’est assez nouveau parce que jusqu’à présent, on avait moins de difficultés à recruter des professeurs des écoles. On commençait à en avoir à Versailles et à Créteil, et là on voit qu’à Paris, par exemple aussi, on ne va pas avoir tous les professeurs des écoles. 

Télématin : On va faire comment ? Je sais que dans l’Académie de Nancy-Metz par exemple, on va expérimenter la création d’une brigade de remplacement numérique, c’est à dire que les cours seront assurés à distance ? 

Jean-Rémi Girard : La brigade numérique de Nancy Metz, c’est pour des remplacements de courte durée, a priori. Alors nous au snalc, on pense que ce n’est pas du tout la bonne solution. De plus comme le recteur change, puisque le recteur est devenu directeur de cabinet, on verra si c’est poursuivi. Mais l’Éducation nationale, de toute façon, dans ces cas-là, elle fait toujours la même chose, elle essaie de trouver des contractuels, c’est à dire des gens qui n’ont pas le concours, qui ont des diplômes et qu’on va mettre sans formation devant les élèves. C’est comme ça que ça se fait depuis des années et des années. Et là aussi, c’est devenu structurel, c’est-à-dire que maintenant les contractuels ne sont plus une variable d’ajustement. C’est quelque chose qui est dans le système, avec un certain nombre d’entre eux, maintenant, qui signent des CDI, des contrats à durée indéterminée. 

Télématin : Ce manque de candidats, c’est dû à quoi ? C’est un problème de formation, c’est un problème de vocation ? 

Jean-Rémi Girard : Le manque de candidats est dû prioritairement à la question de l’attractivité du métier, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, on est un métier qui est catégorie A de la fonction publique, la plus haute, bac +5 et effectivement avec une rémunération quand on est stagiaire, qui est maintenant de 1,1 SMIC. Donc il faut bien voir que ça n’attire pas grand monde. Prenons par exemple une discipline comme les mathématiques : les perspectives de carrière hors Éducation nationale sont souvent mieux rémunérées et l’on évite aussi de se faire jeter une chaise à la figure pendant son année de stage. 

Télématin : C’est ça, parce qu’il n’y a pas que la question de de la rémunération. On va parler des départs d’enseignants aussi. L’année dernière 2300 ont définitivement quitté l’Éducation nationale. Par comparaison, ils étaient 364 en 2008 qui est la dernière enquête sociale du ministère. Pourquoi décident-il de tout plaquer ? 

Jean-Rémi Girard : Alors au SNALC, on organise beaucoup de colloques sur l’Éducation nationale, faut-il partir, faut-il rester ? Et malheureusement ce sont ceux qui amènent le plus de personnes. C’est assez terrible de voir ça, en même temps, mais très clairement il y a une fatigue qui s’est installée. Le problème principal, ce n’est généralement pas les élèves en fait, beaucoup d’enseignants nous disent les relations avec les élèves, c’est un peu le cœur de métier, c’est ce qui nous fait tenir. 

Télématin : Vous êtes prof vous aussi de français à Asnières, quelle est votre relation avec les élèves, les familles ? Cela a-t-il changé au fil des années ? 

Jean-Rémi Girard : Le rapport aux élèves est globalement bon, il y a plus de difficultés souvent à maintenir la discipline en classe. Le rapport qui a changé, c’est plutôt aux familles, à la hiérarchie, parfois aussi le nombre de réunions qui a augmenté. Pour donner un chiffre très clair, à l’école primaire, il y a plus d’incidents avec les parents qu’avec les enfants pour un enseignant aujourd’hui. 

Télématin : De quel ordre ? 

Jean-Rémi Girard : De l’ordre d’insultes, d’agressions, parfois physiques aussi. Nous accompagnons parfois des collègues jusqu’au tribunal. Dans ces situations là, donc, les relations se sont tendues parce que en fait, tout le monde voit que l’école est en crise, tout le monde veut le meilleur pour ses enfants, c’est assez normal, mais nous sommes incapables en fait de répondre à cette demande. On a des classes qui sont de plus en plus chargées, on a les taux d’encadrement parmi les plus mauvais d’Europe. 

Télématin : C’est-à-dire ? Vous, vous enseignez dans des classes de combien d’élèves ?

Jean-Rémi Girard : Alors en lycée, à peu près toutes les classes aujourd’hui sont entre 30 et 35 et plus souvent à 35 qu’à 30. Donc effectivement c’est devenu du travail de masse, c’est un peu du travail à la chaîne et nous aimerions bien individualiser plus avec chaque élève mais nous en sommes incapables.

Télématin : Vous avez rencontré le nouveau ministre de l’Éducation, Pap N’Daye mercredi dernier, avec les autres syndicats, que vous a-t-il dit ? 

Télématin : Alors, il y a une chose importante, c’est qu’en premier lieu il a reconnu qu’il y avait une crise de recrutement, ce qui n’était déjà pas forcément toujours très clair chez son prédécesseur. Ensuite il a reconnu que la dimension financière, la dimension de rémunération était première dans cette crise. Là aussi, ce n’était pas forcément très clair chez Jean-Michel Blanquer. Au moins, on a des constats qui sont partagés. Maintenant, il va falloir voir quelle politique il va mener. Je rappelle que sous le quinquennat précédent  Jean-Michel Blanquer avait promis une revalorisation historique, ce sont ces mots. Personnellement, je suis en milieu de carrière, j’ai gagné 29€ par mois de plus sur le quinquennat. 

Télématin : Sur le quinquennat ? 

Jean-Rémi Girard : Sur le quinquennat !

Télématin : Vous avez le sentiment qu’il connaît les dossiers Pap N’Daye ? Il était dans un esprit de dialogue ?

Jean-Rémi Girard : Il était dans un esprit de dialogue, il ne connaît pas encore les dossiers, c’est assez normal. De toute façon, on ne va pas non plus lui demander d’un claquement de doigts de maîtriser tous les 70 bacs professionnels par exemple. 

C’était une première prise de contact. Il y a des gens qui connaissent les dossiers autour de lui. La question maintenant, c’est 1, quelle est sa marge de manœuvre ? et 2 est-ce qu’on continue de mener la même politique parce qu’on a bien vu que la politique menée sous le quinquennat précédent a aggravé cette crise de recrutement, donc si c’est pour faire la même, même si c’est avec des sourires et des mots gentils et de la calinothérapie, à l’arrivée, ce ne sera pas tellement mieux, donc nous espérons des actes concrets, très vite.

Télématin : Et lesquels ? Le premier acte, qu’est ce que vous lui demandez en priorité ? 

Jean-Rémi Girard : Le premier acte, c’est véritablement une revalorisation financière du métier. Sans ça, on arrivera clairement à rien, donc il faut un plan pluriannuel pour qu’on sache dans un an, dans 2 ans, dans 5 ans, peut être même dans 10 ans où on arrive, quel est le point d’arrivée ? 

Télématin : Sur ce point là, Emmanuel Macron a proposé au début de la campagne pour la présidentielle, un pacte aux enseignants, c’est à dire des augmentations de salaire avec des contreparties des missions élargies, il a évolué sur la question en promettant de manière inconditionnelle une revalorisation de 10% des salaires  et plus si on accepte ces missions élargies. Est-ce que vous êtes prêts, vous, à accepter le pacte ? 

Jean-Rémi Girard : Alors à titre personnel, jamais je ne signe ce truc là. Ensuite, à titre syndical, on verra évidemment ce qu’il y a dedans, mais on est quand même la seule profession qui est en crise grave de recrutement, à qui l’on dit ” il faudrait quand même que vous travaillez plus pour gagner un petit peu plus d’argent”, c’est hallucinant. On ne dit ça à personne dans ce pays, on est les seuls à se taper l’inflation de plein fouet et à qui on dit, mais faudrait que vous fassiez davantage. Pourtant, l’éducation nationale fait des enquêtes sur le temps de travail des enseignants qui est très différent du temps d’enseignement. Le temps de travail, il y a tout, les copies, les préparations de cours, les réunions, les rendez-vous, parents et cetera. On est entre 40 et 45 h par semaine actuellement, qu’est ce qu’on va faire plus ? En fait, on ne peut pas faire plus, nous nous aimerions surtout faire mieux. 

Télématin : Parmi les chantiers du nouveau ministre de l’éducation figure aussi le retour des mathématiques dans le tronc commun en classe de première au lycée. Est-ce qu’il faut le faire dès la rentrée prochaine ? 

Jean-Rémi Girard : Pour le SNALC, c’est trop tard pour la rentrée prochaine, tout est déjà prêt. En fait, une rentrée ça se prépare 9 mois à l’avance. Tout est déjà prêt. 

Télématin : Parce que cela implique des changements emploi du temps pour les élèves. 

Jean-Rémi Girard : Bien sûr. Oui, dans les lycées, les emplois du temps sont déjà en train d’être faits. On ne sait pas qui enseignerait ces heures de mathématiques à la rentrée 2022, parce que les heures de maths de l’établissement sont déjà réparties en fait.

Télématin : Je crois que Pap N’Daye a acté le principe, mais pas donné de calendrier ?

Jean-Rémi Girard : C’est ça tout à fait. Il a dit, il y aura des mathématiques dans le tronc commun en première générale, peut être en 2022, peut être en 2023. Nous ce que l’on dit, c’est que la solution, 1h30 de maths par semaine c’est très cosmétique. Ce n’est pas certain que ça raccroche grand monde aux mathématiques et une fois encore ça va désorganiser toute la préparation de la rentrée. 

Télématin : Merci beaucoup d’avoir été avec nous ce matin. 

 

 

« Le manque de candidats est prioritairement dû la question de l'attractivité du métier : catégorie A de la fonction publique, bac + 5, mais avec une rémunération qui commence à 1,1 SMIC »
Jean-Rémi Girard
Président du SNALC
« En mathématiques par exemple, les perspectives de carrière hors EN sont mieux rémunérées et on évite de se faire jeter une chaise à travers la figure »
Jean-Rémi Girard
Président du SNALC

Interview à partir de 1:41:35