“C’est une année catastrophique sur le recrutement dans le premier degré comme dans le second degré”, s’alarme vendredi 1er juillet sur franceinfo Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et des collèges (SNALC), alors que des parents lancent une procédure coordonnée de recours contre l’État pour dénoncer les heures de cours non assurées faute d’enseignants. L’Éducation nationale doit faire face à une crise des vocations et à une série de démissions. Il faut dire qu‘”on n’est pas très bien payé”, souligne l’enseignant.
Jean-Rémi Girard, président du SNALC, syndicat de l’école au supérieur, répond aux questions de France Info le 1er juillet 2022.
Jean-Rémi Girard s’inquiète pour la rentrée prochaine : “Dans le second degré, les résultats qui arrivent sont abyssaux”, indique-t-il. Les académies de Versailles et de Dijon, notamment, mettent en place des “job dating” pour recruter des contractuels dans l’urgence. Cela donne une “image catastrophique” du monde de l’enseignement, déplore-t-il. “Payez-nous ! On n’attire pas les profs sans les payer correctement”, lance-t-il.
franceinfo : Comprenez-vous ces parents qui passent par la voie judiciaire ?
Jean-Rémi Girard : Ça me paraît assez normal qu’à un moment, certains parents puissent en arriver là parce que l’Éducation nationale, c’est un service public. C’est même plus que ça, c’est une institution. Il y a un certain nombre de choses que l’on doit aux élèves et donc, par conséquent, aux familles. Et le fait d’avoir des enseignants qui ne sont pas remplacés, parfois pendant de longues périodes de temps, c’est quelque chose d’absolument anormal. Ce n’est pas juste du remplacement de courte durée, parfois, c’est un mois, deux mois, trois mois sans professeur d’une discipline. Donc, des parents, à un moment, n’ayant plus d’autres solutions, en arrivent à la solution judiciaire qui est celle du dernier recours.
Comment expliquer qu’il soit aussi difficile, dans un pays comme la France, de trouver suffisamment de professeurs à mettre en face des élèves ?
On n’est pas très bien payés ! On a les comparaisons internationales, on a les comparaisons internes aussi par rapport aux fonctionnaires de même catégorie qui sont en moyenne beaucoup mieux payés. Quand on commence stagiaire, on touche à peine plus que le Smic. Et même après, les collègues arrivent à toucher 2 000 euros nets et ils ont 40 ans.
Donc, effectivement, ce n’est pas très attractif. Et il y a non seulement ceux qui ne viennent pas, mais il y en a de plus en plus aussi qui partent.
Comment s’annonce le recrutement pour la rentrée ?
Cette année est une année catastrophique sur le recrutement. C’est catastrophique dans le premier degré comme dans le second degré. On n’a pas pourvu les postes à Créteil, à Versailles, à Paris et même dans d’autres académies. On n’a pas pourvu tous les postes des professeurs des écoles. Dans le second degré, les résultats qui arrivent sont abyssaux. On a évidemment les lettres classiques, l’allemand, les mathématiques, qui sont des matières structurellement en déficit. Mais les lettres modernes, l’anglais sont aussi des disciplines où on est très en retard. On va vers de grandes difficultés à la rentrée prochaine. C’est pour ça qu’il y a des “job dating” pour essayer de recruter un peu en désespoir de cause. Le “job dating”, c’est une image catastrophique. Enseignant, c’est un métier qui s’apprend. C’est un métier sérieux qui demande de grandes compétences. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des contractuels compétents.
Que dites-vous au gouvernement ?
Payez-nous ! Payez-nous ! On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. On n’attire pas les profs sans les payer correctement.