À l’heure où nous écrivons ces lignes, la réforme de la formation initiale est encore difficile à suivre. Le Ministère s’efforce tellement de différencier les parcours entre les types de lauréats du concours, qu’il s’est perdu en chemin et ne trouve pas la sortie du labyrinthe.
Et, dans ce sac de nœuds, le SNALC a trouvé un fil qui va mener à une impasse : la première année après le concours, celle du M1 enseignement.
Or, l’enfermement des lauréats issus de licence – voire de M1 dans certaines conditions encore inconnues – dans un Master type MEEF est une ligne rouge pour notre syndicat qui demande que le choix leur soit laissé entre ce master et un master disciplinaire.
Un double élément bloquant venait s’ajouter à cet enfermement : le statut et la rémunération des lauréats de concours durant leur année de M1. Ils devaient être étudiants et toucher 900 euros par mois. Le SNALC avait alerté sur le fait que ni ce statut, ni cette rémunération n’avaient de sens.
Sur ce point, le Ministère a entendu le SNALC, ou pris une décision de campagne politique : les lauréats seront élèves fonctionnaires et ils entreront à 1400 euros au lieu de 900.
Mais lorsque notre institution donne d’une main, l’autre la démange. Ainsi, dans les projets de textes est apparue la notion « d’insuffisance manifeste » empêchant le passage de M1 à M2. De même, a été conservée la période de service obligatoire en deçà de laquelle un personnel quittant l’Éducation nationale devrait rembourser les sommes perçues en M1.
Permettre une entrée dans le métier plus précoce et plus progressive afin de moins rebuter pouvait avoir du sens. Mais, avec ce Master, le problème d’attractivité n’est pas résolu et il existe potentiellement une perte de maîtrise disciplinaire qui se retrouve jusque dans le concours : une épreuve évalue non seulement la motivation et le degré d’obéissance mais aussi la capacité à incarner les valeurs de la République (soit) et à comprendre les grands enjeux liés à la transition écologique (euh…).
Le SNALC continuera, face à l’impréparation et aux absurdités du projet, son travail de proposition et d’opposition.
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1491 du 12 juillet 2024