Audience multilatérale
Lundi 6 mai 2024
Compte rendu du SNALC
THÈME
La Ministre reçoit les organisations syndicales, en présence de la DGESCO, de la DGRH et d’un représentant du Ministère de l’Enseignement Supérieur fort discret, pour faire un point sur la réforme du concours et de la formation initiale.
L’ESSENTIEL
Après une déclaration liminaire de l’ensemble des organisations syndicales critiquant une mise en place de la grande concertation sur l’autorité à l’école sans interaction aucune, la Ministre annonce combien, pour elle, la réforme de la formation initiale est structurante et enthousiasmante, tout en étant porteuse d’une grande ambition pour le système scolaire.
Les concours, premier et second degrés, auront lieu en licence. Les écoles normales supérieures du professorat (ENSP) piloteront la formation avec des modules préparatoires dans les licences disciplinaires pour le second degré, et la création d’une licence menant au professorat pour le premier degré.
Les épreuves d’admissibilité porteront sur les fondamentaux dans le 1er degré et seront disciplinaires dans le 2d degré.
L’admission sera assez similaire à l’existant avec une épreuve disciplinaire et un entretien évaluant la motivation et la conformité des candidats.
Après ce concours, les étudiants de Master 1 seront « stagiaires alternants » (sic) et recevront une indemnité de 900 euros par mois ; puis les étudiants de M2 seront « fonctionnaires stagiaires », au premier échelon avec un salaire de 1800 euros.
Le Master d’enseignement sera un passage obligé, avec 1,5 jour par semaine de pratique accompagnée en M1, et 2 jours de mise en responsabilité en M2.
La titularisation sera conditionnée à l’obtention du Master avec le soutien d’un mémoire, mais aussi à une inspection.
Le calendrier de mise en place est le suivant :
- En septembre 2024 : création de modules en licence pour préparer au nouveau concours qui aura lieu en 2025. En parallèle, les capacités d’accueil des parcours préparatoires au professorat des écoles (PPE) seront augmentées de 1700 à 2000
- Au printemps 2025, les étudiants régulièrement inscrits en L3 ou qui auront une licence pourront se présenter au nouveau concours, mais l’ancien concours subsistera.
- À la rentrée 2025, les lauréats du concours issus de la licence rejoindront le nouveau Master en première année. Les autres rejoindront la deuxième année (avec des modalités à définir selon les cas).
- Le printemps 2026 sera la dernière occasion d’une coexistence des deux concours.
LE SNALC A INSISTÉ SUR…
Le SNALC est favorable à l’idée que le concours ne soit plus passé en M2, et était intéressé par les parcours préparatoires au professorat des écoles (PPPE).
Cependant, à l’instar du calendrier des concertations, le projet porté par le Ministère est mauvais.
En effet, il reproduit la confusion entre diplôme et formation professionnelle : en voulant synthétiser, il crée des reçus-collés, des DU bizarres, des formations assez délirantes.
En outre, le SNALC s’oppose fermement
- aux tests normalisés permettant, dans le premier degré, de ne pas passer les écrits, créant une rupture d’égalité entre les candidats,
- à l’enfermement des lauréats du concours dans un Master « parcours d’excellence » qui empêchera toute poursuite vers une thèse disciplinaire ou une agrégation,
- à l’obligation de rester cinq ans dans l’Education nationale sous peine de devoir rembourser l’indemnité mensuelle de 900 euros perçue durant l’année de M1, indemnité concevable s’il s’agit de périodes d’observation mais inacceptable s’il s’agit de pratique accompagnée.
L’AVIS DU SNALC
Beaucoup de questions restent en suspens et, à l’heure actuelle, cette réforme est mal ficelée. En effet, durant une « période transitoire » les INSPE et les nouvelles ENSP vont coexister. Par ailleurs, des lauréats du concours ayant déjà un Master disciplinaire vont se voir contraints de passer un autre Master – ils entreront certes en deuxième année, mais ils devront le passer quand même.
Enfin, qu’ils doivent être remboursés ou pas, les 900 euros en M1 sont loin des 1400 euros annoncés à l’origine. Ce n’est pas vraiment comme cela que l’on va créer de l’attractivité.
Il est encore temps de dire stop et de remettre l’ouvrage sur le métier.