le SNALC en audience
Le SNALC a donc tenu à alerter la DGESCO sur les manquements importants dans la formation spécialisée et sur les risques à transformer les enseignants spécialisés en « personnels ressources » dans les établissements scolaires alors que la nouvelle formation a encore réduit la part de formation véritablement spécifique. Le SNALC continue à revendiquer une modification de cette formation pour réduire le tronc commun en grande partie inutile et renforcer la part consacrée aux modules spécifiques.
De plus, le SNALC a tenu à rappeler à cette occasion qu’il a de nombreuses propositions à formuler sur la formation générale, qui ne répond absolument pas à la préparation au métier, en particulier sur le sujet crucial de l’apprentissage de la lecture-écriture mais également sur le recrutement et la formation des IEN. Enfin, le SNALC a réaffirmé sa position quant aux limites de l’inclusion. Celle-ci ne fonctionne pas pour tous les élèves et l’affirmation que la différenciation pédagogique serait la réponse miracle à toutes les difficultés est un mensonge, ce dont la DGESCO a convenu.
Rapport de L’IGAENR sur l’inclusion en Italie
Le SNALC a lu le rapport 2017-118 de l’IGAENR daté de février 2018 portant sur « L’inclusion des élèves en situation de handicap en Italie ». Dire que ce rapport nous laisse un sentiment d’inachevé est un euphémisme. En effet, cette mission « souhaitée par le ministre de l’Education Nationale » dans le but de s’inspirer du modèle italien, le plus avancé dans le processus d’inclusion, a duré… trois jours.
Il nous semble étonnant qu’une situation aussi complexe que la politique d’inclusion d’un pays, commencée il y a quarante ans, puisse être étudiée en seulement trois jours et permette de fournir des préconisations sérieuses pour le système français. C’est pourtant ce qui est fait dans ce rapport.
Bien que les situations de nos deux pays et des deux systèmes soient très différentes, ce dont convient la mission, cette dernière propose de nombreuses pistes. Les élèves reconnus handicapés ou porteurs d’un trouble d’apprentissage sont inclus de manière beaucoup plus importante qu’en France. Les enseignants spécialisés sont nommés enseignants de soutien et interviennent dans les classes auprès des élèves handicapés.
Les principales adaptations sont : 1) la présence d’enseignants de soutien ; 2) des effectifs de classe de 20 élèves maximum avec 4 élèves handicapés au maximum (mais les effectifs sont souvent naturellement inférieurs à 20 élèves par classe) ; 3) un allongement possible du cursus jusqu’à 20 ans et la possibilité de tripler une classe ; 4 ) l’aménagement des programmes, méthodes et examens et, si les élèves ne sont pas en capacité d’obtenir l’équivalent du bac, la délivrance d’un certificat de compétences 5) l’utilisation de matériel adapté.
La principale adaptation concerne donc l’intervention des enseignants de soutien. Il y a 1 enseignant spécialisé pour 1,69 élève en Italie, 1 enseignant pour 8,4 élèves en France.
Et pourtant, la mission relève qu’ils sont souvent précaires et retournent sur des postes classiques assez rapidement.
L’objectif premier de l’inclusion dans les classes, louable, consiste à améliorer l’insertion sociale, assez peu à parvenir à des résultats scolaires précis. La mission note : « Les attentes relèvent principalement de la participations sociale (…) » (page 27). Malgré ces différences très importantes d’histoire, d’objectifs, de fonctionnement, elle formule néanmoins 14 propositions.
Tout ceci n’est pas sérieux et semble relever du rapport de commande. Les élèves handicapés, malades, et leurs familles, les enseignants, les AESH, le personnel médical méritent infiniment plus de considération et de sérieux si l’on veut élaborer une véritable politique publique d’amélioration de la prise en charge des élèves porteurs de handicaps. Ce sujet d’une importance considérable pour tous nécessite un travail sérieux et de fond. Ce rapport est insultant et inquiétant et nous espérons que le ministre va engager une vraie réflexion, digne de tous.