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Expérimentations : professeurs et élèves ne sont pas des cobayes

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Dossier du mois de la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1466 du 10 juin 2022

Dossier rédigé par Sébastien VIEILLE, secrétaire national du SNALC chargé de la pédagogie ; avec la contribution de Sylvie CHIARIGLIONE, membre du Bureau national ; Danielle ARNAUD, secrétaire nationale chargée des personnels contractuels ; Guillaume LEFÈVRE, secrétaire national chargé de l’enseignement professionnel et Véronique MOUHOT, SNALC premier degré.

Au menu dans ce dossier...

PROFESSEURS ET ÉLÈVES NE SONT PAS DES COBAYES

Lors de sa campagne, le président de la République l’a clairement fait comprendre. Les professeurs vont devoir monter plus de projets innovants, donc expérimenter davantage. Le SNALC voit là le  prolongement d’une tendance lourde qui n’a rien de récent.

Que ce soit au niveau de la classe ou dans la politique générale de notre institution,  l’Éducation nationale est devenue expérimentale. Ni la transmission par les professeurs ni l’apprentissage, voire la progression des élèves ne sont désormais au centre de cette nouvelle vague. Il faut être moderne, quitte à ce que cela n’ait aucun sens, quitte à ce que cela n’ait aucun intérêt.  

En effet, nombreuses sont les expérimentations sur lesquelles il est totalement impossible d’avoir un retour, une véritable analyse, afin d’en saisir le potentielle. Une classe sans notes ou une classe collaborative fait son apparition ? Elle disparaît comme elle est venue ou s’installe de manière plus ou moins pérenne. Mais en aucun cas un bilan sérieux n’est réalisé. Et c’est bien dommage car peut-être ces dispositifs pourraient peut-être nourrir la réflexion des professeurs. 

En réalité, la tendance à l’expérimentation sans retours et parfois sans retour devient réellement embêtante lorsqu’elle quitte la salle de classe pour toucher au système plus en profondeur. L’exemple néfaste de la correction dématérialisée au baccalauréat est sans doute le plus probant. Annoncée comme expérimentale lors des discussions sur la réforme du baccalauréat, cette manière de corriger semble être devenue un totem et toute tentative de questionnement de la part du SNALC est désormais vécue comme un crime de lèse-majesté. 

Nous vivons tous, quel que soit notre corps ou notre statut, AESH, professeurs des écoles, professeurs des lycées professionnels, certifiés, agrégés, en éducation prioritaire ou non, dans une institution totalement expérimentale. Le SNALC vous dresse le portrait de cet univers en perpétuel mouvement où les personnels et les élèves deviennent des cobayes. 

ÉDUCATION PRIORITAIRE : LE THÉÂTRE EXPÉRIMENTAL

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Quiconque a déjà oeuvré dans l’éducation prioritaire le sait : elle est le lieu où se forge la pédagogie de nombreux professeurs.  

C’est là en effet, que naissent bon nombre d’expérimentations. 

Le postulat de départ est assez simple. Les élèves n’ayant pas forcément les mêmes acquis ni les mêmes codes que dans d’autres établissements, il peut être intéressant voire porteur, d’adopter d’autres approches pédagogiques. Ces tentatives sont souvent couronnées de succès. Pourquoi ? Peut-être simplement parce que les professeurs adaptent leurs pratiques à leur personnalité et à leur connaissance des élèves et trouvent ainsi la pédagogie idoine.

 La moindre réussite peut ensuite attirer l’attention de la hiérarchie et se trouver érigée en nouvelle norme à adopter. 

C’est ainsi qu’on a connu la mode des maisons comme dans Harry Potter, des escape games et autres joyeusetés… Imposées à des professeurs qui n’y croient pas, doivent forcer leur personnalité ou pressentent que leurs élèves les trouveront stupides, ces innovations font rapidement pschitt.

 Si cette tradition expérimentale peut donc parfois constituer un apport, elle comporte aussi incontestablement des effets néfastes. Le premier écueil est redoutable : faire des élèves de REP et REP+ des cobayes susceptibles de tester toute innovation pédagogique, risque de faire oublier l’importance première des contenus relégués au second plan. À long terme, les élèves de ces zones d’expérimentations pourraient ne pas sortir gagnants.

 L’écueil le plus grave est de voir l’institution utiliser de plus en plus l’éducation prioritaire comme champ expérimental. 

Là où un professeur tente et sait mettre un terme à son expérience quand il constate que cela n’améliore rien, l’Éducation nationale est capable de s’entêter longtemps. La dernière expérimentation en date se nomme « les cités éducatives ». Après une première expérience à Grigny en 2017, on s’est mis, depuis 2019, à labelliser pour montrer « l’excellence » du dispositif, à créer des partenariats avec de nombreux intervenants et de collectivités au sein d’un nouvel « écosystème ». 

L’institution met de beaux mots sur une expérience. Mais après trois ans, il serait peut-être temps de s’intéresser aux effets sur l’apprentissage des élèves surtout si la volonté est de généraliser ce bidule 

TRANSFORMATION DE LA VOIE PROFESSIONNELLE : EXPÉRIMENTALE ET LAMENTABLE

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Dans la série “je tente et je verrai bien”, l’ex-ministre a lancé l’hameçon sans vraiment savoir ce qu’il y aurait au bout! 

Les dispositifs expérimentaux de la TVP sont un échec cuisant aussi bien dans leur structure que dans leur application. Les PLP ont subi ces tentatives empiriques insensées. Présentés comme une clef de la réussite des élèves et pâles copies du modèle d’excellence du compagnonnage, la co-intervention… et le chef d’oeuvre portent en eux le germe de leur faillite. 

Ainsi, le quota d’heures prélevées sur les heures disciplinaires pour l’enseignement pratique est insuffisant et trop saupoudré. En outre, l’enseignement imposé en classe entière ne facilite pas la transmission des savoirs et et savoir-faire qui sont l’essence de l’enseignement en LP. 

Dans la co-intervention, les heures imposées à des binômes qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble et le manque de temps de concertation-non rémunéré- sont source d’inefficacité. Inefficacité amplifiée par le récurrent souci de l’absence du binôme. 

Le chef d’oeuvre n’a pas fait non plus la preuve de sa pertinence et les évaluations de ces deux dispositifs sont loin d’être à la hauteur des objectifs annoncés. 

Quant à la répartition des heures consacrées à leur mise en place dans les emplois du temps, elle a été inégale dans les établissements. Intégrées au service ici et payées en HSE ailleurs, elles ont trop souvent servi de prétexte à des suppressions de poste s’ajoutant aux suppressions dues à la réduction des heures disciplinaires. 

La refonte des familles de métiers est une illustration supplémentaire d’une forme de bricolage expérimental de la TVP. La réduction fantaisiste de ces familles en un nombre limité permet certes des économies, mais entraîne surtout un enseignement superficiel et un appauvrissement des qualifications. La valeur des diplômes professionnels, déjà bien entamée par le CCF et la déprofessionnalisation de la classe de seconde, a encore pris du plomb dans l’aile… 

Le SNALC défend une remise à plat de la réforme de la voie pro par une réaffectation des heures disciplinaires et appelle à une concertation préalable pour créer un véritable enseignement professionnel. 

PERSONNELS DE DIRECTION : GENTILS ORGANISATEURS D’EXPÉRIMENTATIONS

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Les personnels de direction «conduisent la politique pédagogique et éducative de l’établissement, en concertation avec l’ensemble de la communauté éducative, pour offrir aux élèves les meilleures conditions d’apprentissage. Ils travaillent avec les représentants des collectivités territoriales et veillent au développement de partenariats avec le monde économique, social et culturel.» (1) 

Si ce référentiel semble logique quant à ce que doit être le rôle d’un chef d’établissement, ces lignes nous laissent quelque peu songeurs quand on pense à la manière dont les missions de pilotage et d’encadrement ont pu évoluer de nos jours.

 École de la confiance, les pédagogies innovantes, les neurosciences ont modifié en profondeur le sens du rôle des chefs d’établissement au point de les transformer en personnels multi-tâches chargés d’encadrer « l’animation » pédagogique dans l’EPLE, de veiller à ce que celle-ci rayonne autant que possible à l’extérieur de l’établissement. 

Les nombreux appels à projets qu’un chef d’établissement reçoit chaque jour sur sa boîte mail et son devoir d’en traiter quelques-uns l’incitent à solliciter régulièrement les enseignants. La notion de concertation s’émousse largement car il s’agit plus souvent d’injonctions à mettre en oeuvre telle ou telle action que de requête laissée à l’appréciation des interlocuteurs. 

Dès lors, il n’est pas rare d’assister au déploiement de plusieurs initiatives clinquantes plus ou moins intellectualisées –_et plus ou moins payées pour qui met la main à la pâte_– qui visent à assurer une belle vitrine à l’établissement et une évolution certaine pour celui qui le dirige_! Il restera –_paradoxalement_– difficile d’évaluer les retombées à long terme pour les élèves. Quant au développement de liens et partenariats extrascolaires, nul doute que certains carnets d’adresse s’étoffent dans l’aventure. Pour le SNALC, les meilleurs projets resteront ceux qui sont pensés par les professeurs pour faire progresser les élèves. 

 

(1) https://www.education.gouv.fr/etre-personnel-de-direction-6830 

LABEL E3D OU COMMENT GÉRER DES POMMES, DES POIRES ET DES SCOUBIDOUS

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La labellisation E3D est l’application du développement durable dans l’établissement. Il est question de gestion d’équipements, d’énergie, d’eau, de nourriture, de déchets, de maintenance. L’établissement se rapproche des collectivités territoriales et autres partenaires, noue des relations avec la société civile. Les questions sociales, économiques et environnementales locales entrent donc dans l’école. 

 

Le meilleur des mondes ? 

Des projets pédagogiques associés à la labellisation dans certaines académies sont particulièrement ambitieux. Ils valorisent des disciplines telles que les SVT, la physique, l’histoire en les plaçant au coeur des enjeux territoriaux. Ils impliquent des partenaires reconnus comme la fondation TARA Océan, l’Agence Française de Développement, etc. Dès lors qu’ils ont été testés là, ces projets sont reproduits à l’identique ailleurs, bien que souvent présentés comme innovants dans l’académie où ils sont mis en place. La dimension clonale caractérisant le déploiement du dispositif de labellisation E3D pose question : en guise d’innovation et d’adaptation aux territoires, on a en fait une standardisation des actions d’une académie à l’autre. Par ailleurs, le risque existe d’implanter des intérêts privés dans les établissements et de formater les esprits au lieu de les ouvrir et de les élever. 

 

Déploiement de forces vives ou grand tralala ? 

L’école s’ouvre au monde autant qu’elle l’accueille : plan de formation pour tous les personnels, stages avec les collectivités territoriales, liens interacadémiques, séminaires, référents E3D, éco-délégués, mobilisation des DASEN, IA-IPR, chefs d’établissement : une organisation pharaonique pour ne planter parfois que des choux, certes à la mode de chez nous ! 

 

L’E3D à toutes les sauces_? 

Donner une place à l’E3D dans les dialogues de gestion, intégrer l’E3D aux RDV de carrière, inciter aux demandes d’accréditation ERASMUS+ impliquant l’E3D… Pour le SNALC, le biais dans le concept de label E3D est bien réel : il consiste à dissimuler grâce à quelques salades une logique de normalisation forcée. 

AESH : EXPÉRIMENTATIONS RIME AVEC ARNAQUES

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Sil existait un festival des nouveautés initiées par l’Éducation nationale, incontestablement en 2022, et probablement chaque année, les AESH remporteraient la palme d’or des personnels dupés. Ainsi, avec les PIAL et une nouvelle grille de rémunération, les AESH ont été trompés, méprisés et maltraités. 

En effet, les PIAL (1), « outil de gestion des ressources humaines » par définition, ont permis à E. Macron d’inscrire l’école inclusive parmi les priorités de son premier quinquennat en sacrifiant 125_000 AESH. Ces derniers ont été la variable d’ajustement de l’inclusion, grâce à la mutualisation, devenue la norme, afin qu’aucun élève en situation de handicap ne reste sans AESH. Même si ce n’est qu’une ou deux heures d’accompagnement dans la semaine… 

Entre changement d’élèves en situation de handicap (parfois plusieurs fois par jour), changement d’emploi du temps (parfois plusieurs fois dans le mois), changement d’école ou d’établissement (parfois plusieurs fois dans l’année), les AESH sont devenus des champions de la flexibilité et de la réactivité. Ainsi, leurs conditions de travail se sont considérablement dégradées, au point que pour beaucoup d’AESH, leur fonction n’a plus de sens et que leur quotidien est devenu un enfer. Côté revalorisation salariale, les AESH n’ont pas été mieux lotis. La nouvelle grille indiciaire entrée en application le 1er septembre 2021 ne cesse d’être grignotée par les augmentations successives du SMIC entraînant des hausses récurrentes de l’indice plancher, et de facto la disparition progressive des premiers échelons. En conséquence, tous les AESH en CDD sont rémunérés au SMIC (incomplet si quotité travaillée incomplète) depuis le 1er mai 2022 et bientôt tous les AESH en CDI le seront également. 

Alors qu’elles avaient été vendues par le ministère comme deux mesures de professionnalisation des AESH, ces réformes ont clairement manqué leur objectif. Épuisés et smicardisés, les AESH ont été leurrés par des effets de com’ et attendent toujours un vrai statut, accompagné d’un vrai salaire pour sortir de la précarité. 

Espérons que les dernières inventions ministérielles, LPI (2), AGESH (3), DAR (4), EMEAS (5)…, encore en phase expérimentale, sortiront de la lignée des escroqueries précédemment citées.          

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(1) Pôle Inclusif d’Accompagnement Localisé
(2) Livret de Parcours Inclusif
(3)Application de Gestion des Élèves en Situation de Handicap
(4) Dispositifs d’Auto-Régulation
(5) Équipe Mobile d’Expertise et d’Appui à la Scolarisation

1ER DEGRÉ : ON A DE L’EXPÉRIENCE

« Faire la classe » est le cœur du métier de professeur des écoles. La relation entre l’enseignant et ses élèves est donc une composante essentielle de notre profession. 

Or, au fil du temps, ce lien s’est altéré et nous observons même une dégradation qui s’accélère depuis quelques années. 

Ainsi, les valeurs de confiance et de respect mutuel qui sont au fondement de l’École et plus largement de la vie en société s’étiolent. La politesse élémentaire s’apprend désormais trop souvent à l’école et l’attitude des élèves en classe glisse vers un irrespect du professeur. 

Ce constat est le reflet de la considération allouée aux professeurs des écoles par les parents et la société. 

En parallèle, le système scolaire et l’institution portent leur part de responsabilité, l’École n’étant désormais que trop rarement synonyme de réussite, de défi et d’exigence. La motivation pour les élèves est souvent à la baisse entraînant un désintérêt général pour la parole de l’enseignant et les apprentissages. 

Si l’enfant a des droits inaliénables, il ne faut pas oublier qu’il a aussi des devoirs en tant qu’élève. 

Ce n’est pas rendre service à la société de montrer aux enfants qu’insolence, mépris et impolitesse sont des composantes acceptables à l’école. Ces citoyens de demain appliqueront à l’âge adulte ce qu’on leur aura appris. Dans ces conditions, l’avenir sera bien sombre