A l’occasion de la journée d’hommage à Samuel Paty, Europe 1 s’interroge sur la sécurité des enseignants en France. Est que quelque chose a changé depuis Samuel Paty? Les enseignants se censurent-ils par crainte ?
Jean-Rémi Girard, président du SNALC, syndicat de l’école au supérieur, répond aux questions de Romain Desarbres sur Europe 1 le 15 octobre 2021 dans l’émission Europe Midi.
Y a-t-il une vraie prise de conscience depuis le drame du 16 octobre 2020, l’assassinat par décapitation de Samuel Paty ? Que ressentez-vous qui êtes sur le terrain avec tous vos collègues ?
Ce que l’on sent, c’est que ce type de problèmes liés à la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux est quand même pris plus au sérieux par notre administration aujourd’hui qu’ils ne pouvaient l’être avant. Je ne dis pas que tout est résolu, loin de là. En tant que SNALC, syndicat de l’école au supérieur, nous avons eu à gérer des situations assez comparables sans être de la même gravité, en interne avec l’administration parfois. Effectivement, on sent qu’il y a plus de prise au sérieux de ce qui peut se passer quand un professeur voit son nom apparaître sur FB, twitter, Whatsapp…
Ça veut dire que la direction défend plus le professeur ? la main tremble moins ? on hésite moins, on a moins peur ?
Ce n’est pas forcément « la direction ». Ça, c’est souvent la question. On peut toujours faire ce qu’on appelle le « carré régalien » au niveau du ministère : donner des directives sur la façon d’accorder la protection fonctionnelle, sur le fait d’accompagner les dépôts de plainte des collègues voire que l’institution elle-même porte plainte, ensuite il y a beaucoup de filtres et de prismes par lesquels ça passe jusqu’à arriver dans les écoles, les collèges, les lycées.
Il y a aussi des questions de personnes. On a des chefs d’établissement qui n’ont pas attendu ça pour soutenir leurs équipes. On en a aussi qui se mouillent moins toujours aujourd’hui, eux-mêmes parfois parce qu’ils ne le sentent pas trop vis-à-vis de leur hiérarchie. Le #PasDeVague dont on a beaucoup parlé il y a trois ans n’a pas disparu d’un coup de baguette magique ; on en a pris conscience, il y a encore beaucoup de travail parce que ce n’est pas quelque chose qui va s’imposer d’en haut d’un claquement de doigts.