C’est à nouveau par voie de presse, dans une tribune du Monde parue le 9 avril dernier, que les enseignants d’EPS ont découvert l’annonce, par les ministres de l’Éducation nationale et des Sports, de l’extension des 2h supplémentaires de sport au collège pour l’année scolaire 2023-24.
Si le procédé de communication, hors dialogue social, est toujours aussi détestable, rappelons que ces 2h de sport au collège est découlent d’une expérimentation initiée en 2022-23. Elle visait à proposer « ceux à besoins spécifiques » des créneaux de pratiques sportives complémentaires (en plus des 3h d’EPS obligatoires) encadrés par des éducateurs sportifs fédéraux.
Les ministres ont précisé que cette expérimentation « sera étendue de 167 collèges cette année, à 700 à la rentrée prochaine, répartis dans tous les départements, en s’appuyant sur la complémentarité entre l’EPS, le sport scolaire et les 180 000 clubs sportifs de notre pays ». Une instruction parue depuis au BO du 27 avril récapitule le dispositif.
On note, pour l’heure, que cette expérimentation est loin d’être généralisée. En raison du public ciblé (peu demandeur) et d’une mise en œuvre compliquée (groupes de besoin, créneaux de pratique dans des emplois du temps déjà très surchargés, installations disponibles, transports, disponibilité des clubs…) la mesure peine à s’implanter.
Si cette amplification peut répondre à un besoin certain et si la volonté d’accroître la pratique physique et sportive des élèves est toujours louable, le SNALC reste très attentif aux deux écueils de ce dispositif:
- Une mesurette artificielle et provisoire répondant surtout à l’obligation faite aux ministres de générer une forte dynamique sportive à l’horizon des JO de 2024;
- Le lien clubs-collège est réinstitutionnalisé ainsi que l’implantation du sport fédéral dans l’enseignement public avec le risque d’une externalisation progressive de l’EPS qui, renforcée par le sport scolaire, dispose pourtant de tous les atouts pour atteindre ces objectifs. Il faut juste lui en attribuer les moyens!
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1478 du 9 juin 2023