L’Inspection Générale a publié un rapport sur l’enseignement en cours moyen en avril 2022. A cette occasion, les inspecteurs généraux semblent avoir découvert un certain nombre de réalités et de problèmes pourtant signalés et dénoncés depuis longtemps par les collègues et le SNALC (rapport bien sûr résumé dans les médias grand public par une lecture apocalyptique). Pour le SNALC qui avait, entre autres, formulé un certain nombre de remarques et de demandes lors de la rédaction des derniers programmes, cette lecture et les préconisations font rire jaune.
Des constats partiellement partagés par le SNALC
Ce rapport s’appuie sur des observations dans 160 classes de 92 écoles de 29 départements. Les IG s’étonnent tout d’abord du temps important consacré aux apprentissages en français et mathématiques. Ce sont pourtant les fondamentaux et priorités revendiqués en permanence par le Ministre, les inspecteurs et les politiques de tout bord. On note par ailleurs un encouragement à la disposition des élèves face au tableau et non en îlots. Les modes changent…On n’a pas fini de s’en rendre compte à la lecture de ce rapport.
Plus révélateur, les IG relèvent qu’en français et mathématiques seulement 40 % des classes disposent d’un manuel et moins de 10 % des classes en disposent en histoire-géographie, en sciences ou en langues vivantes, constat que dénoncent les IG. Il y a de quoi rire jaune quand on pense aux décennies durant lesquelles les manuels étaient considérés comme le mal absolu, le symbole du PE fainéant et peu créatif. De la même manière, le constat est fait de traces écrites trop courtes ou de l’abus de textes à trous ou de l’usage trop important de la photocopie.
Les IG dénoncent la charge de travail à la maison des élèves… Tout en reconnaissant eux-mêmes que les directives officielles ne sont ni claires ni assez explicites. A plusieurs reprises en ce qui concerne les pratiques en classe, ils déplorent des répartitions et progressions peu cohérentes pour les élèves tout en admettant que cela vient des programmes, en particulier en sciences et histoire-géographie. Tout ce que le SNALC avait dénoncé en 2015 lors de la rédaction des programmes sortis en 2016.
Les IG découvrent les conséquences des décisions ministérielles
Le rapport dresse un satisfecit à la formation continue des professeurs des écoles de cours moyens, en particulier pour les formations constellations et veut relancer le travail interdegré avec les conseils écoles-collèges (sur quel temps ?). Inutile de dire que nous n’avons pas les mêmes retours des collègues. Mais l’Inspection Générale peut-elle désavouer le Ministre ?
Concernant les disciplines, « Le français est la discipline au plus fort taux horaire avec le tiers du temps d’enseignement qui y est officiellement consacré et elle bénéficie d’une attention des enseignants allant souvent encore au-delà de ce ratio. » On a un peu envie de souligner que ce sont les recommandations de ce propre ministère. L’enfonçage de portes ouvertes se poursuit avec le constat d’un trop grand cloisonnement entre les différentes composantes de la discipline : orthographe, grammaire, conjugaison, compréhension en lecture, etc. Esprit des programmes de 2008, es-tu là ?
En sciences, les IG déplorent le manque de compétences et connaissances didactiques des collègues. Avec des programmes qui ont vu une augmentation qualitative et quantitative de 40 % du jour au lendemain sans aucune formation, on ne voit pas bien comment la profession pourrait faire des miracles.
Pour faire court, les IG découvrent que les collègues font au mieux avec une formation initiale et continue très insuffisante, très peu de moyens matériels et sont pris entre des recommandations peu claires ou au contraire extrêmement rigides. En résumé, les professeurs des écoles emploient toute leur énergie pour faire progresser leurs élèves au milieu d’un océan d’injonctions contradictoires de leur hiérarchie, qui déplore elle-même, dans des rapports officiels, les conséquences de ces mêmes injonctions…