Recrutement et promotion sont des sujets souvent brûlants à l’université. Ils alimentent d’autant plus les débats que les études quantitatives sont rares sur ces thèmes. Conscient de ce fait, le SNALC UPEC a décidé de lancer une enquête sur la promotion locale à l’université Paris Est.
Bien entendu, l’étude portant sur une seule université ne saurait être généralisable dans ses conclusions à toutes, mais les universités suivent toutes les mêmes logiques de gouvernance ; on peut donc émettre l’hypothèse que les problèmes rencontrés à l’UPEC le sont aussi dans d’autres universités, les facteurs de contingence étant, somme toute, limités.
Dans tous les cas, notre souhait est que cette enquête soit dupliquée à toutes les universités pour que soit entendue la voix des personnels qui contredit très souvent les discours convenus sur le sujet. Pour le SNALC, il est temps de mettre le mérite au cœur de la politique de promotion.
CONTEXTE
L’étude sur la politique de promotion locale de l’université Paris-Est Créteil a été menée fin 2022. Le questionnaire en ligne a été adressé à l’ensemble des personnels de l’université. 233 réponses ont été enregistrées sur 2240 inscrits dans la base de sondage, soit un taux de réponse de 10.4%.
PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS
Près d’un enseignant sur deux n’a jamais reçu de promotion locale, un peu moins pour les personnels non-enseignants (44%).
La gestion administrative est dans l’ensemble mieux évaluée que la gestion RH proprement dite (évaluation et décision). Si les personnels jugent plutôt transparentes les procédures relatives au dépôt des dossiers et les processus d’évaluation en amont de la promotion, ils sont beaucoup plus sévères lorsqu’il s’agit d’évaluer la phase aval (évaluation, décision et débriefing des personnels) : 45% jugent les procédures d’évaluation interne opaques, 50% dénoncent la même opacité dans les règles d’évaluation appliquée et 54% pointent le manque de transparence qu’entraîne l’absence de débriefing.
Ce manque de transparence interroge les personnels et impacte lourdement le jugement global qu’ils portent sur la politique de promotion locale. Sur une échelle de 1 à 7 les moyennes observées sont toutes inférieures à 3,50 au total de l’échantillon. 43% des personnels de l’université jugent la politique de promotion non méritocratique.
Au défaut de transparence et de méritocratie, dénoncé par une forte majorité, se surajoute un autre problème : celui de l’insuffisance des promotions proposées. Or la rareté de la ressource, que renforce l’opacité des stratégies pour l’obtenir favorisent les « insiders » : Pour 41% des personnels interrogés, l’opacité relève d’une stratégie intentionnelle.
Fort logiquement, le manque de promotion et la suspicion à l’égard de la politique de promotion locale de l’UPEC impactent la motivation au travail : 38% des personnels établissent un lien direct entre l’absence de promotion et leur démotivation au travail.
Cette opacité favorise un climat de défiance très préoccupant : ils ne sont au fond que 4% à faire tout à fait confiance ou confiance aux organismes en charge de la politique de promotion locale à l’UPEC, contre 38% qui pensent le contraire.
LES AUTEURS DE L’ÉTUDE
Philippe JOURDAN est Professeur des universités. Il est enseignant-chercheur à l’IAE Gustave Eiffel depuis 2011, délégué syndical SNALC, élu à la CFVU et au CaC restreint. Pour le contacter : philippe.jourdan@u-pec.fr
Jean-Claude PACITTO est Maître de conférences HDR. Il est enseignant-chercheur à l’IUT-TC de Créteil, délégué syndical SNALC. Pour le contacter : pacitto@u-pec.fr