En 2022, suite à la crise sanitaire liée à la COVID-19, a été lancée la première enquête à grande échelle sur la santé mentale et le bien-être des enfants de 3 à 6 ans scolarisés en maternelle. Le 9 décembre 2024, le SNALC a participé à une réunion dédiée à la présentation des premiers résultats de cette étude Enabee (Étude Nationale sur le Bien-Être des Enfants), réalisée sous l’égide de Santé publique France.
Objectifs
Cette étude cherche à estimer la fréquence des troubles émotionnels, oppositionnels et d’inattention/hyperactivité chez les jeunes enfants. Elle a également pour but d’évaluer leur bien-être général et de mesurer leur recours aux soins pour des problèmes de santé mentale.
Méthodologie
L’enquête a été réalisée en 2022 dans 246 écoles, sélectionnées parmi 438 établissements. Au total, elle a concerné 9 038 enfants. Les données ont été recueillies à l’aide de questionnaires renseignés par les enseignants et les parents. Pour évaluer les difficultés des enfants et leur bien-être, des outils standardisés comme le SDQ (Strengths and Difficulties Questionnaire) et le Kiddy-Kindl ont été utilisés.
Résultats clés
L’étude révèle que 8,3 % des enfants de 3 à 6 ans présentent au moins un trouble probable affectant leur vie quotidienne. Parmi ces troubles, les plus fréquents sont les troubles oppositionnels (5,9 %), suivis des troubles émotionnels (1,8 %) et des troubles d’inattention/hyperactivité (1,9 %). Il est à noter que les garçons sont plus touchés (11,3 %) que les filles (5,2 %).
Environ un tiers des enfants présentant des troubles probables ont consulté un professionnel de santé mentale l’année précédant l’étude. De plus, 13 % des enfants ont consulté pour des troubles psychologiques ou des difficultés d’apprentissage.
Quant au bien-être, les scores moyens varient de 78,1 pour le bien-être familial à 88,5 pour le bien-être émotionnel, sur une échelle de 0 à 100. Peu de différences sont observées entre garçons et filles concernant le bien-être global.
Analyse et interprétation
Les résultats révèlent une divergence entre les évaluations des enseignants et des parents, soulignant la difficulté d’apprécier les comportements des enfants dans des contextes différents. Les chercheurs insistent sur la prudence dans l’interprétation des données, précisant que ces résultats ne sont pas des diagnostics cliniques, mais des représentations épidémiologiques. De plus, à cet âge, les troubles émotionnels et comportementaux peuvent évoluer rapidement et être influencés par la perception des adultes.
Perspectives et recommandations
Les rapporteurs estiment qu’il est essentiel de renforcer les compétences psychosociales (CPS) des enfants pour prévenir l’apparition de troubles dès la petite enfance. Santé publique France prévoit de déployer des outils pour soutenir leur développement. L’étude recommande également d’améliorer l’accompagnement en santé mentale afin de mettre en place des actions précoces et prévenir des impacts à long terme. Enfin, le suivi longitudinal permettra d’ajuster les politiques publiques et d’observer les évolutions des indicateurs de bien-être des enfants. Des éditions futures de l’étude sont prévues pour suivre l’évolution du bien-être des enfants et affiner les stratégies d’intervention.
Forces et limites
Cette étude avancée est importante, car elle fournit un premier aperçu national de la santé mentale des jeunes enfants, fournissant des bases solides pour aider au développement de politiques publiques adaptées. Sa méthodologie est rigoureuse et repose sur des outils validés. Cependant, certaines limites doivent être prises en compte, notamment un taux partiel de non-réponse et des divergences dans les évaluations entre parents et enseignants. Une interprétation prudente des résultats est donc nécessaire.
Pour les éditions futures de l’étude, le SNALC a suggéré d’intégrer la notion de bien-être en lien avec le nombre d’élèves par classe, une proposition qui devrait être prise en considération.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1499 – École du 14 mars 2025