« DISTANCIEL »
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Je l’avoue : j’ai aimé enseigner depuis chez moi. Et pas seulement pour les économies d’essence ou parce que j’ai pu desserrer le carcan d’horaires contraints. Pas seulement non plus parce que j’aime travailler dans un environnement calme (deux enfants confinés, même petits ne peuvent rivaliser avec les décibels d’un collège), que j’apprécie qu’il y ait du papier aux toilettes et dans les photocopieuses et que je ne boude pas mon plaisir quand je peux accéder sans attendre à un ordinateur en état de marche, fût-il payé de mes deniers.
Mon cas est plus grave. Malgré les nombreux inconvénients de Pronote et de la classe virtuelle du CNED, j’ai aimé adapter mes cours et m’écouter parler (je parle bien et dis des choses intéressantes) sans être interrompue sans arrêt. Les décrocheurs ont décroché mais les casse-bonbons aussi et j’en ai été bien aise. Quel luxe que de pouvoir interrompre une session dont les participants ne jouent pas le jeu ! Là où il aurait fallu en classe, déployer des trésors de diplomatie pour éviter l’escalade et sa cohorte de dommages collatéraux (paperasserie, demande de sanction, parfois même obligation de se justifier), un simple petit clic a suffi pour remettre les pendules à l’heure. Le tout au prix d’une perte de temps de cours négligeable comparée aux parasitages qui déstructurent désormais l’année scolaire (stages, sorties, interventions diverses) !
Soyons clair, il y a peu de chance que l’Institution tente de s’attaquer aux problèmes à leur source. J’arrête donc là cet éloge paradoxal pour éviter de me voir imposer une formation inepte destinée à me rééduquer moi… Si je ne peux vraiment pas échapper à ma pénitence, je supplie qu’elle se fasse au moins à distance pendant que je cuisine une tarte aux pommes ou que j’avance mon repassage !
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(1) « Nous voulons enseigner devant nos élèves, pas devant une caméra! » (Figarovox)
et « Enseignement à distance : le danger d’une école sans humanité » ( Nouvel Obs).