Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1474 du 17 février 2023
C’est le terme qui revient, et de loin, le plus souvent chez nos collègues de Technologie. Vous vous investissez dans votre métier, un métier difficile, mal reconnu par la société, mal payé, vous faites ce que vous pouvez, vous tenez bon, peut-être vous mutez pour essayer d’améliorer vos conditions de travail et votre cadre de vie… et on vous colle une grande baffe dans la face. Une baffe qu’on accompagne immédiatement d’une lichette de pommade : « mais oui, on va te garder ton poste… en 2023. Et pour 2024 ? Oulalah c’est loin, ça, 2024 ! »
Ce qui est en train de se passer de manière claire, visible, explicite en technologie est le révélateur d’un fonctionnement bien plus large : celui d’un ministère qui ne tourne que parce que ses personnels se forcent à tenir. Mais jusqu’à quand ? Jusqu’à quand les AESH vont continuer à gagner une misère pour aller vers une retraite de misère, le tout en se faisant parfois frapper ou mordre quotidiennement ? Jusqu’à quand allons-nous courir après nos programmes parce que Jean-Michel Blanquer a eu cette idée folle de mettre les épreuves de bac en mars ? Jusqu’à quand les 108h des professeurs des écoles vont-elles déborder ? Jusqu’à quand allons-nous accepter que les charges s’empilent sur les charges, les missions supplémentaires sur les missions supplémentaires, les réformes sur les réformes ?
Clairement, le pilotage se fait aujourd’hui sans pilote, et la « gouvernance » sans gouvernail. Vous croyez qu’ils ont une offre au ministère : pour deux réformes du bac pro achetées, la troisième est à moitié prix ? Ont-ils le même rabais sur les classes préparatoires ECG ? Les programmes de français de première et les épreuves de bac afférentes ont-ils été conçus lors d’un salon du masochisme ? Peut-être qu’ils font un bingo avec les tâches des directeurs d’école, et il leur manquait encore une case pour fabriquer leurs grilles.
C’est pourquoi il est important, nécessaire, indispensable d’indiquer le 7 mars que ça suffit. Contre la réforme des retraites évidemment. Mais au-delà aussi, car cet écœurement, c’est le signe que notre École et ses personnels sont à bout. Et ce n’est pas un pacte qui va arranger les choses, dans lequel on devra négocier les chaînes avec lesquelles on nous attache.
Le SNALC sait que la grève, surtout à répétition — un jour par-ci un jour par-là — n’est pas la solution à tout, loin s’en faut. Il sait que la dégradation de nos conditions de travail peut entraîner un repli sur soi très compréhensible, car c’est le combat de chacun contre chacun qui est organisé et érigé en modèle. Quelle option survivra l’an prochain ? Quelle discipline perdra ses dédoublements ? Qui sera le bouche-trou du PIAL ? Néanmoins, là, il est essentiel de répondre ensemble et d’une seule voix. Le 7 mars, nous serons je l’espère massivement en grève, car nous avons besoin de dire collectivement que ça suffit, et que cela ne continuera plus ainsi.