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Droit à la parole (lettre n°22)

© iStock_©andresr

Peu importe le dialogue ou le monologue, les gens ne comprennent et ne saisissent que ce qui leur affaire. » Henri Lafrance

Romain
Professeurs d'espagnol, académie de Lille

 

Les réunions de parents, le nouveau programme du soir !

 

Les réunions de parents vont bientôt commencer dans mon établissement et d’années en années, je crains la réception de mon planning de rendez-vous. Chaque année, les plages de rendez-vous s’adaptent de plus en plus aux agendas des parents à qui notre chef d’établissement propose plusieurs cases à leur convenance et en fonction de leurs disponibilités.

Résultats ?  nous, professeurs, devons être disponibles de 17 à 21 h, voire 22 h et ce, jusqu’à 3 jours sur une même semaine en fonction des classes que nous avons. Quid de nos disponibilités ? Qui s’inquiète des difficultés que cela nous pose pour faire garder nos enfants ? Qui s’inquiète de notre état physique et mental quand nous enchaînons 6 ou 7 heures de cours et jusqu’à 4 ou 5 heures de réunions en continu ? Je veux bien être disponible pour les parents et pour mes élèves, cela fait aussi partie de mes obligations de service, mais je supporte de moins en moins d’être à leur disposition et de les entendre dire : “j’ai demandé mes rendez-vous après 20h, parce que vous comprenez, je l’ai conduit à son entraînement de foot, c’est important aussi le foot” pendant que mon fils, lui, va rater son entraînement et se débrouiller seul en rentrant. Et cela va se reproduire plusieurs semaines, car chaque niveau à sa semaine de réunion de parents. Quand ça sera terminé, ce sera au tour des conseils de classe et en février, on recommencera la deuxième série ! Mon métier, quand bien même certains pensent qu’il s’agit d’une vocation, n’est pas un sacerdoce ! Et ça n’est pas parce que je travaille dans l’enseignement catholique que j’ai l’âme d’un missionnaire ! J’ai aussi une vie de famille et l’envie de rentrer à une heure raisonnable pour en profiter !

 

Valérie
Professeurs de lettres, académie de Versailles

 

Alouette, gentille alouette !

 

Gros, gros, gros ras-le-bol ! Comme d’autres, je suis victime de « l’enseignement privé »: il me reste encore 10 ou 15 ans de carrière à effectuer. Et comme de nombreux collègues, je suis bloquée au 6° échelon de la hors classe et dois, selon toute vraisemblance me résigner à y rester, sans aucune perspective ! Pourquoi ???

Chaque année l’administration nous fait miroiter deux miroirs aux alouettes :

– Le premier ? : la liste d’aptitude pour l’accès à l’échelle de rémunération de professeur agrégé ; le nombre de place est scandaleux : parfois une seule et unique place au niveau national ! Inadmissible !!! La procédure est archaïque dans le privé alors que les collègues du public passent par I-Prof. Les résultats sont très difficiles à obtenir alors que les collègues du public les consultent sur SIAP avant la fin de l’année scolaire. Les syndicats parviennent finalement à les trouver tardivement mais sans aucun détail : quel avis a été donné ? Comment améliorer sa candidature ? Que peut-on entreprendre pour être choisi ? Il en ressort que ce sont les inspecteurs qui choisissent quelques candidats mais en nombre si restreint que tous les autres ne peuvent que rester amers et découragés, aussi brillant d’ailleurs que soit leur parcours académique.

Le second correspond à l’obtention de la classe exceptionnelle.  Chaque année le malheureux sixième échelon reçoit une notification lui assurant qu’il est promouvable… En réalité il y a toujours une histoire de vivier, de bassin ou autre machin qui l’empêche d’y accéder !

Notre fin de carrière est indécente : Alouette, gentille alouette, alouette, je te plumerai !