En préambule le SNALC aimerait adresser ses vœux à tous les personnels de l’Education nationale et souhaite avoir une pensée pour notre collègue Cécile et pour tous les habitants de Mayotte dont nous reparlerons lors de ce CSE.
Madame la Ministre,
Vous avez déclaré ne pas être une spécialiste des questions de l’Education nationale. Pour le SNALC, il est toujours préférable de maîtriser les sujets sur lesquels on est appelé à se prononcer. Nous vous proposons donc ce matin une sorte de rattrapage accéléré, ou du moins nous le proposons aux représentants de l’administration, qui pourront vous le transmettre.
Commençons par les fondamentaux : notre système est en crise.
Nos professeurs sont parmi les plus mal rémunérés de l’OCDE, et parmi les catégories A les plus mal rémunérées de la fonction publique d’État. Nos classes sont parmi les plus chargées. Nous peinons à recruter et, contrairement à ce que d’aucuns prétendent, il n’y a pas un professeur devant chaque classe. Même les speed-datings et autres artefacts n’y peuvent rien : aujourd’hui, des chefs d’établissement, faute de professeurs et de contractuels répondant aux annonces sur le bon coin, en arrivent à proposer que des collègues d’autres disciplines assurent des cours de français.
À ce manque de professeurs, à cette difficulté à en recruter, s’ajoutent les mêmes problèmes concernant de nombreuses autres catégories de personnels : médecins scolaires, personnels infirmiers, personnels des services sociaux, ou encore AESH, sur lesquels nous reviendrons plus tard.
Du point de vue pédagogique, notre institution est également dans une situation que nous dirons compliquée pour euphémiser un peu, en témoignent les études internationales comme celles de la DEPP. Le Ministère semble incapable de produire des programmes clairs et centrés sur les contenus à transmettre. Au moins, il revient à des programmes annuels. Mais le chemin est long pour parvenir à des documents dont les professeurs pourraient réellement faire quelque chose pour faire progresser leurs élèves.
Par ailleurs, depuis quelques années, nous avons vu fleurir des dispositifs de plus en plus inapplicables pour les professeurs et inutiles pour les élèves. La réforme du LGT, celle de la voie professionnelle ou la mise en place des groupes au collège sont des avatars de cette tendance délétère. Ne soyez pas de ces ministres qui font « leur réforme » et puis s’en vont, laissant aux personnels la responsabilité de faire tourner une machine défectueuse dès la conception.
Parmi les chantiers dont il vous faut vous saisir urgemment, vous trouverez celui de l’inclusion. Les AESH sont le deuxième groupe le plus important dans vos troupes. Ces personnels dont la fonction est essentielle n’ont toujours pas de statut et leur rémunération est indécente. Retenez cette vérité générale : si l’on veut faire les choses bien, il faut mettre les moyens. C’est pourquoi le SNALC, dans le cadre d’une intersyndicale majoritaire, appelle les AESH à une journée de mobilisation et de grève aujourd’hui même.
Enfin, puisque nous parlons moyens, nous conclurons ce cours accéléré sur la nécessité d’une meilleure allocation de ces derniers. Plutôt que de supprimer des postes, plutôt que de charger les classes dans un système qui est déjà mal classé dans tous les domaines, regardez plutôt vers des postes de dépenses comme le SNU ou encore France Compétences. Quand on est en crise, on défend l’essentiel et l’indispensable ; on ne s’éparpille pas.