Cette dualité en fait un outil remarquable pour conduire les étudiants vers la poursuite d’études supérieures (grandes écoles, mastères ou doctorats universitaires, …) et garantir une même promotion sociale et une égalité des chances en tout endroit du territoire. Ainsi plus de 30 % de boursiers composent aujourd’hui les CPGE au sein desquelles ils peuvent suivre une formation de faible coût et de haut niveau avec une assurance de trouver un emploi après l’école qu’ils intègrent.
L’enseignement en classes préparatoires se caractérise par un encadrement attentif des étudiants avec un suivi personnalisé de chacun. Cet enseignement associe la construction d’un socle pluridisciplinaire solide à l’acquisition d’un ensemble de compétences, visant aussi à développer les travaux en groupe et les comportements d’autonomie. Ces acquisitions reposent sur des enseignements faisant une large place aux activités de TP et de TD en effectifs réduits. Ceux-ci s’accompagnent d’un entraînement essentiel à la communication orale sous forme d’interrogations orales ou “khôlles”, qui constituent de fait des moments privilégiés d‘échanges entre un étudiant et l’enseignant et d’exercice d’une pédagogie véritablement individualisée.
L’homogénéité et l’efficacité de la formation découlent bien de ce modèle spécifique aux classes préparatoires attachant à une classe un enseignant par discipline ; elles sont renforcées par la cohésion des équipes de professeurs, toujours soucieux de développer des approches transdisciplinaires convergentes.
Ce suivi est à même de révéler toutes les potentialités des étudiants et participe même à la réduction des écarts constatés entre boursiers et non boursiers à la sortie du baccalauréat. Le nombre de places aux concours dans les filières scientifiques et économiques, pratiquement égal à celui des candidats, l’attribution de crédits ECTS et leur validation ultérieure dans des voies universitaires pour les étudiants des filières littéraires constituent des éléments garantissant la solidité des parcours.
Le coût du système pour la nation fait souvent l’objet de débats. Au-delà des chiffres, il importe surtout de souligner le retour sur investissement dans ces parcours de réussite et de considérer le coût global du parcours, de l’entrée dans l’enseignement supérieur à l’emploi acquis. Un étudiant qui devient diplômé d’une grande école participe à l’élévation culturelle et intellectuelle et constitue une valeur ajoutée à l’économie du pays.
Le système des classes préparatoires constitue un système réactif et innovant. Les contenus des programmes sont régulièrement revus, avec parfois l’introduction de nouvelles pratiques (TIPE, ou aujourd’hui informatique dans les filières scientifiques). Les professeurs, très souvent docteurs, se tiennent au contact des domaines récents de la recherche et sont soucieux de formation continue, le plus souvent assurée de leur propre initiative. Ils jouent également un rôle majeur dans l’orientation des étudiants en se tenant attentifs à toutes les évolutions des paysages de formation.
La dualité des systèmes Université – CPGE est une richesse pour le pays et il est vain de vouloir les opposer. Les filières littéraires de CPGE se poursuivent ainsi par des études universitaires. Les deux systèmes sont associés par l’établissement de conventions, pratique installée de longue date, mais rendue récemment obligatoire par la loi ESR.
Le système des CPGE est souvent présenté comme une originalité et prétendu difficilement lisible. Cette opinion n’est visiblement pas partagée par des regards étrangers puisque le système fait l’objet d’une bonne reconnaissance par des différents pays, où des classes préparatoires ont été créées sur le modèle français (Maroc, Tunisie, Chine), avec l’expertise des différents acteurs de notre système.
Les CPGE jouissent toujours d’une image ancienne, chargée de nombre de clichés (sélection, compétition, bachotage…). Les évolutions récentes, développement des classes de proximité ou pratiques pédagogiques, en font des lieux qui ne correspondent plus à ces représentations pourtant encore abondamment véhiculées par les médias. Il importe sur ce plan que tous les acteurs du système s’engagent encore davantage pour diffuser une information plus respectueuse de la réalité et des qualités du système. Cet effort passe notamment par une meilleure information de nos collègues de l’enseignement secondaire qui doivent participer à lever les inhibitions des élèves et empêcher l’autocensure lors des choix d’orientation, autocensure qui touche souvent les élèves des milieux les plus modestes.
Au final, les atouts des CPGE sont ceux d’une formation d’excellence, publique et de faible coût pour les étudiants, et qui constitue un système de formation démocratique à vocation d’ascenseur social.