Les enseignants en CPGE ont eu depuis longtemps un avantage tout relatif, celui de savoir à quoi s’en tenir du point de vue des rémunérations, les décrets de 1950 et leurs « toilettages » successifs ayant toujours fini par régler les situations litigieuses.
Ce n’est plus vrai du tout, et les initiatives éparses de quelques proviseurs et de certains rectorats risquent fort, au-delà d’une prévisible flambée de batailles administratives, d’accoucher de jurisprudences en réalité peu favorables aux CPGE.
D’abord la question lancinante des enseignants nommés au mouvement spécifique national et qui n’ont en réalité qu’un sous-service. Malgré les rappels à l’ordre et les clarifications du Ministère en 2016, malgré aussi la vieille circulaire du 17 novembre 1950, toujours en vigueur il faut le rappeler, certains s’ingénient dans les bureaux à pinailler et refuser l’évidence. Non, un collègue nommé en CPGE n’a JAMAIS à compléter son service en lycée (voire collège !), avec qui pis est des pondérations de lycée ! C’est au rectorat de lui trouver des heures de cours en CPGE pour atteindre son ORS, éventuellement et provisoirement avec des heures d’Interrogation (et soyons clairs : 1h d’HI = 1h de cours, sur 30 semaines en première année, 25 en seconde année !). Quelques proviseurs débutants ou/et incompétents se répandent en balivernes pour porter préjudice à des collègues par ailleurs victimes de leur administration ! C’est simplement honteux et cela doit cesser.
Ensuite, la situation abracadabrantesque de collègues de DCG : certains rectorats considèrent qu’ils ne sont pas de « vrais » (!) enseignants de CPGE, sous le prétexte fallacieux que ces classes sont à examen et non à concours, et alors qu’ils sont là encore nommés à l’issue du mouvement CPGE avec un intitulé de poste « Chaire CPGE ». Dans le cadre d’une contestation juridique, certains collègues ont été déboutés en première instance et en appel devant la juridiction administrative : les rectorats auraient ainsi toute latitude pour interpréter les ORS ! Donc certains sont payés normalement avec des ORS réglementaires, d’autres sont traités avec iniquité comme des professeurs de première année sur les trois ans, d’autres « bénéficient » d’une formule « ORS +1h » qui n’existe nulle part. Le Ministère et les Inspections doivent protéger leur personnel de ces arbitraires scandaleux. On aimerait une « école de la méfiance » qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Enfin, nombre de collègues, en particulier en Langue vivante et en Lettres classiques, découvrent le travail bénévole. Nommés par l’Inspection Générale sur un service précis, ils voient ce service diminué sous des prétextes divers, avec d’ailleurs souvent une guerre des matières les unes contre les autres. Pourquoi ? Parce que les DHG, qui épargnaient naguère les CPGE sauf en cas de baisse drastique des effectifs, s’appliquent désormais à tous les enseignements du secondaire et du supérieur. Si on y ajoute le cynisme local du pouvoir, on obtient des situations étranges, injustes et parfois inadmissibles. Alors qu’on parle de mérite et d’autonomie, il n’est pas rare qu’un professeur qui assure le succès à ses étudiants soit puni financièrement par une perte d’heures pour fluidifier la dotation d’autres enseignants. On aimerait bien que les services fixés par l’IG restent la référence et qu’on sollicite au moins l’avis des enseignants concernés par un possible rabotage. Là encore, qui nous protège ?
Le SNALC est là et contestera par tous les moyens toutes ces décisions iniques qui rompent la confiance nécessaire qui doit prévaloir entre les collègues et leur hiérarchie.