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BFM TV – Collèges et lycées prêts pour la rentrée ?

« …on aura peut-être la première dose pour les vacances ce qui est quand même parfaitement stupide en terme de stratégie globale… » (Jean-Rémi Girard)

Jean-Rémi Girard répond aux questions d’Alice Darfeuille sur la rentrée. Il fait le point sur la vaccination et les auto-tests.
Cliquez sur l’image pour accéder à l’enregistrement :

À retrouver sur le site de BFMTV. Interview diffusée le 02 mai 2021 dans Weekend direct

Citation:
Alice Darfeuille : Et on parle avec vous. Bonsoir Jean-Rémi Girard. Vous êtes président du SNALC, syndicat des lycées, collèges, écoles et du supérieur. Comment abordez-vous cette rentrée ? Dans quel état d’esprit êtes-vous?

C’est plutôt cette reprise en présentiel puisqu’on est rentré déjà cette semaine.

Alice Darfeuille : Cette rentrée en présentiel alors.

On l’aborde tous et toutes cette reprise, épuisés, et un petit peu désabusés aussi. Tout le monde est plutôt fatigué de cette année scolaire depuis la rentrée de septembre avec ces changements réguliers voire incessants de protocoles. Voici un exemple : en éducation physique et sportive, c’est le septième changement, une semaine dehors, une semaine dedans. Je crois que tout le monde a vraiment envie que cette année se termine. Il y a encore des choses compliquées avec les examens, il n’y a toujours pas la vaccination. Il y a plus de tests mais les modalités d’organisation sont quand même plus que bizarres. Il va falloir que cela s’arrête un moment.

Alice Darfeuille : Donc vous êtes fatigués et vous n’êtes pas non plus rassurés, c’est cela ?

On n’est pas rassurés puisqu’on nous fait notamment lanterner avec la vaccination pour les personnels de l’Éducation nationale depuis plusieurs mois. Je ne sais si on s’en souvient mais Jean-Michel Blanquer avait parlé de mars ; Emmanuel Macron avait dit qu’il y aurait une stratégie spécifique à partir de la mi ou de la fin avril. On est le 2 mai et Jean-Michel Blanquer déclare qu’on sera vacciné avant la fin de l’année scolaire ! C’est-à-dire que globalement on aura peut-être la première dose pour les vacances ce qui est quand même parfaitement stupide en terme de stratégie globale. C’est un des exemples qui montre que l’Éducation nationale n’a probablement pas été traitée d’une façon très sympathique, on va dire, par le gouvernement.

Alice Darfeuille : Le protocole sanitaire qui sera en place pour cette rentrée en présentiel à partir de demain n’a pas changé en fait : un cas, une classe fermée. Est-ce que c’est une bonne chose, est-ce qu’il faut le maintenir en l’état pour l’instant ?

Je ne suis pas épidémiologiste, je suis président du SNALC, d’un syndicat de l’Éducation nationale mais globalement ce que l’on constate c’est qu’on a un protocole qui est un peu plus strict…

Alice Darfeuille : Mais vous avez un avis sur la vaccination donc vous avez sûrement aussi un avis sur le protocole sanitaire ?

… Bien sûr. Sur la vaccination c’est aussi parce que la plupart des pays autour de nous le font. Il suffit de regarder un peu autour ce qu’il se passe, on est quand même un pays assez bizarre de ce point de vue là. Sur le protocole, on a un protocole qui est un peu plus strict que ce qu’on avait jusqu’à présent notamment comme vous l’avez très bien dit la fermeture au premier cas dans toutes les classes que ce soit école, collège et lycée, c’est quelque chose de plus sérieux que ce qu’on a pu avoir dans le passé, où on était généralement sur trois cas. De même la mise en place des demi-jauges dans tous les lycées et une petite partie des collèges en quatrième et troisième dans 15 départements, c’est quelque chose que le SNALC avait même proposé au ministère l’an dernier quand on préparé la reprise de septembre. C’est une mesure qui nous semblait utile pour continuer à faire cours en présence tout en essayant d’avoir le plus de sécurité sur le plan sanitaire. Mais cela demeure léger à l’école primaire, par exemple, il n’y a pas grand chose de mis en place.

Alice Darfeuille : Donc cela veut dire que certaines de vos revendications ont été entendues et suivies par le gouvernement ? La grande nouveauté de cette reprise en présentiel, c’est le recours aux auto-tests qui vont donc accompagner ces prochains mois. 60 millions en mai et juin, la semaine prochaine pour les adultes, à partir du 10 mai pour les lycéens, c’est le ministre de l’Éducation nationale qui l’indique dans les colonnes du JDD. Se faire tester une fois par semaine, c’est ce que vise l’exécutif pour les lycéens et les enseignants, cela vous semble jouable ?

Cela nous semble parfaitement jouable. On est clairement sur une demande que le SNALC portait depuis des mois, le fait d’avoir des campagnes de tests massives et régulières. C’est limité aux personnels et aux lycéens, ce n’est pas rien déjà, on est bien d’accord. Mais on a de gros soucis d’organisation, il faut bien le dire, d’organisation. Le SNALC est en accord avec ce qu’écrit le conseil scientifique et la haute autorité de santé, c’est-à-dire que les lycéens, une fois qu’on leur a expliqué comment ça marche, sont parfaitement en capacité de les faire chez eux. Là, on veut clairement nous imposer de réaliser, de faire réaliser les auto-tests dans les lycées, ce qui est vraiment stupide. En fait, c’est vraiment très aberrant et on n’arrive même pas à comprendre pourquoi on s’obstine à vouloir faire ça. Cela oblige à recueillir des centaines d’attestations ; cela oblige à trouver des salles et à respecter des protocoles où les élèves ne doivent pas bouger pendant un quart d’heure à 2 mètres de distance ; cela oblige à ce que des professeurs qui ne sont pas vaccinés, je le rappelle, soient volontaires. C’est très compliqué, c’est vraiment dommage …

Alice Darfeuille : Qu’est-ce que vous auriez préféré en fait ? Que chacun se teste chez soi avant de se rendre dans les établissements scolaires ?

Oui bien sûr ! C’est de très loin la solution la plus simple, la plus pratique. On explique dans les lycées comment fonctionne l’auto-test. On n’a pas assez d’infirmières mais avec celles qu’on a et avec un certain nombre de médiateurs, on peut organiser quelque chose, il y a des vidéos, il y a un certain nombre de documentations. Les lycéens ont aussi des parents qui peuvent leur expliquer et lire le mode d’emploi avec eux, ce n’est pas interdit. Partant de là, les lycéens sont quand même capables de se tester tout seul. Enfin certains vont passer le bac, ils vont être majeurs, ils vont pouvoir voter ; on peut donc penser qu’ils sont en capacité de faire un auto-test chez-eux.

Alice Darfeuille : Certes la capacité oui, mais est-ce que l’idée, Jean-Rémi Girard, en demandant à ce que ce soit fait au sein des établissements scolaires n’est pas de faire en sorte que de plus en plus d’élèves le fassent parce qu’ils verront leurs camarades le faire, parce qu’ils verront les professeurs encadrer de telles manoeuvres et peut-être que ça les encouragera un peu plus à le faire ?

Cela m’étonnerait car on ne va pas aller les faire par paquets de 100, de toute façon, ces auto-tests dans les lycées. Je ne sais pas du tout comment ça va s’organiser ; la plupart des chefs d’établissement sont tout à fait dans l’expectative et se demandent comment ça peut bien fonctionner. Il faut se souvenir aussi que dans les lycées professionnels, la plupart des lycéens vont être de toute façon en stage pendant le mois de juin ; ils ne seront pas dans les lycées et qu’il va y avoir aussi les examens qui vont arriver. Je crois qu’il faut plutôt prendre l’habitude de faire des auto-tests régulièrement chez-soi. Je vais en recevoir, j’espère demain, peut-être la semaine prochaine s’ils arrivent en retard, je les ferai avec régularité. Je pense au contraire que c’est une bonne attitude à prendre y compris pour nos lycéens. On demande au SNALC à ce que cela puisse être étendu aux collégiens et même à l’école primaire. Parce que je rappelle qu’en collège il n’y a quasiment pas de tests qui sont effectués. Les tests salivaires, c’est essentiellement ou exclusivement à l’école primaire. Au collège, il n’y a pas de tests salivaires, il y en aura peut-être un peu, il n’y a pas d’auto-tests, il reste les tests nasopharyngés qui sont globalement refusés par 80 % voire plus de nos collégiens.

Alice Darfeuille : Merci beaucoup Jean-Rémi Girard d’avoir été avec nous sur Week-end direct et bonne rentrée à vous, même si vous êtes fatigué et pas vraiment rassuré.