Dans son enquête « Exigence des savoirs » effectuée en novembre 2023, le SNALC a interrogé les professeurs de collège. Les résultats de cette enquête se sont avérés particulièrement éclairants. En effet, 91 % des quelque huit mille participants nous signalaient que les classes étaient trop hétérogènes. Et 76 % se disaient favorables à organiser des groupes de niveaux ou de besoins dans certaines disciplines.
De son côté, le SNALC disposait d’un projet pour le collège dans lequel les groupes de niveaux avaient toute leur place.
Pourquoi, aujourd’hui, y a-t-il donc une telle opposition au projet du ministère, y compris de la part du SNALC ?
Tout d’abord, l’on peut évoquer les problèmes structurels. Là où le projet du SNALC écartait la sixième du système des groupes pour donner aux élèves le temps de s’acclimater et aux professeurs celui de bien cerner les besoins et les difficultés, là où le SNALC envisageait de laisser également la troisième en dehors à cause du Brevet des collège, mais aussi de l’existence de la troisième prépa-métiers, le Ministère a l’intention de généraliser les groupes à tous les niveaux. Pédagogiquement, cela ne nous convient pas. En outre, cela prive les professeurs de français et de mathématiques de la possibilité d’être professeurs principaux.
Malheureusement, la question des moyens vient s’ajouter aux problèmes structurels. Là où il aurait fallu étudier les modalités de mise en œuvre dans chaque établissement et allouer les moyens idoines, le Ministère les a distribués avec parcimonie et sans réel discernement.
Au final, instituer les groupes de niveaux partout, à tous les niveaux et dans un contexte de baisse des dotations est délétère. Les options – qui ne devraient logiquement pas faire les frais d’un « choc des savoirs » bien pensé – vont être fragilisées et disparaître d’un grand nombre de collèges. Les professeurs de mathématiques et de français vont voir leurs conditions de travail très dégradées avec une multiplication des BMP, des emplois du temps corsetés et l’impossibilité d’être professeurs principaux (convenablement).
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1486