Pour les non-initiés, le Kamoulox est une parodie de jeu télévisé, un jeu de plateau pour être parfaitement exact, inventé par les humoristes Kad et Olivier, dans lequel deux candidats s’affrontent dans des lignes de dialogues que ni Beckett ni Ionesco ne renieraient jusqu’à ce que, à un moment précis mais pas clairement défini, l’un d’eux s’écrie « Kamoulox », remportant ainsi la partie.
Après plusieurs réunions sur la réforme du collège et alors que certains éléments importants entrent en vigueur cette rentrée, le SNALC peut l’affirmer : nous sommes témoins d’une véritable partie de Kamoulox. Nous en viendrions presque à attendre notre tour pour crier le mot synonyme de victoire et mettre fin à ce voyage en absurdie.
En effet, on a commencé par supprimer une heure de technologie en sixième pour mettre en place une heure de soutien. Mais comme la technologie est une discipline importante, il a été décidé de répartir une bonne partie du programme de sixième sur le CM1 et le CM2 et d’en intégrer une autre partie dans les cours de Physique-Chimie et SVT de sixième.
Comprenez bien : des élèves arrivent en sixième avec des lacunes en français et en mathématiques. Du soutien est donc organisé en 6e. Pour dégager une heure, il faut alourdir le programme de primaire en technologie au détriment d’autres disciplines comme le français et les mathématiques. Le soutien mis en place en 6e remédiera-t-il aux lacunes prévisibles en primaire suite à cette nouvelle organisation ? Mystère et kamoulox !
Avant ces heures de soutien, il existait le dispositif “Devoirs faits” dont l’objet était d’aider des élèves volontaires à acquérir des méthodes de travail afin de devenir de plus en plus autonomes. Dans les collèges qui accueillaient les élèves en petits effectifs , la mesure apparaissait comme plutôt efficace. Désormais, le dispositif est obligatoire pour tous les élèves de 6e sans distinction… mais encadré par des professeurs volontaires. Qui le seront peut-être d’autant moins que les groupes seront pléthoriques et l’efficacité prévisible nulle ou quasi nulle.
Enfin, comme il y a en France des élèves plus en difficulté avec le français et les mathématiques – comme avec d’autres disciplines d’ailleurs – le Ministère décide donc de mettre en place la découverte des métiers, dès la cinquième.
Oublions le fait que la classe de cinquième n’est clairement pas le meilleur moment pour découvrir des métiers, et concentrons-nous sur la mise en œuvre. Lors de nos discussions avec le Ministère, il était question que ce dispositif occupe deux heures dans l’agenda semainier de nos élèves. Le SNALC aurait été contre car cela aurait supprimé des heures disciplinaires pour un intérêt nul ou quasi-nul. Mais cela aurait eu le mérite d’une certaine clarté.
In fine, la note de service du 23 mai 2023 indique :
Le chef d’établissement intègre ces activités dans l’emploi du temps des élèves selon les organisations les plus favorables et le plus possible en dehors des temps d’enseignements.
– Kamoulox !
Fin de partie.
Plus sérieusement, pour le SNALC, il y a des améliorations à apporter au collège. Nous sommes porteurs de propositions depuis la précédente réforme. Mais ce qui est fait ici n’a aucun sens et ne peut en aucun cas être bénéfique pour nos élèves.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1480 du 8 septembre 2023