Une CPE menacée de mort pour avoir demandé à une élève de retirer son voile pour un examen. Maxime Reppert revient sur les limites de la loi laïcité lors d’un examen et sur les dérives des réseaux sociaux.
Maxime Reppert, secrétaire national aux conditions de travail et climat scolaire du SNALC, répond aux questions sur CNEWS le 20 juin 2022
CNEWS : J’aimerais que l’on parle de cette menace de mort au lycée Charlemagne à Paris, une CPE aurait demandé à une élève d’enlever son voile pour une épreuve du bac. Le ton est monté, semble-t-il, des élèves ont filmé évidemment, la vidéo s’est retrouvée sur les réseaux sociaux. La CPE a été reconnue et a été harcelée et menacée de mort. Une enquête est ouverte.
J’aimerais qu’on entende Maxime Reppert, bonsoir. Vous êtes secrétaire national du SNALC, c’est le syndicat national des collèges et lycées.
Confirmez-vous cette histoire ainsi que le déroulement des faits ?
Maxime Reppert : Écoutez, en tant que représentant syndical du SNALC, je n’ai pas assisté personnellement à la scène, j’ai lu cela dans les journaux. Je distingue bien 2 choses.
La première, c’est l’enquête puisqu’une enquête a été ouverte par le parquet de Paris justement pour connaître les tenants et les aboutissants de cette affaire étant donné qu’il y a 2 versions qui s’opposent. Il y a la version de la conseillère principale d’éducation et aussi celle de l’élève qui ne sont pas les mêmes. Il y a également, au-delà de ça, des informations qui me manquent. Je ne sais pas si par exemple l’élève était scolarisée dans un lycée public ou privé, ou alors si elle était présente au centre d’examen en tant que candidate libre.
Journaliste : Et ça change quelque chose ?
Maxime Reppert : Oui, ça peut changer les choses effectivement par rapport à la question du port du voile.
C’est à dire, il faut distinguer 2 choses depuis 2004. Je précise le fond de ma pensée. Depuis 2004, il y a une loi qui interdit les signes religieux ostentatoires.
Cette loi s’applique dans tous les établissements scolaires collèges et lycées et primaires. Il y a toutefois une circulaire qui met en place une forme d’exception, c’est à dire que dans un établissement public, si l’élève est scolarisée dans un lycée public, je parle de scolarité, elle ne peut à aucun moment porter son voile. Par contre, si elle était scolarisée dans le privé ou en candidate libre, elle peut passer l’examen avec sauf, dans le cadre d’un contrôle d’identité, ce qui, vraisemblablement, a été le cas ici.
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Je n’ai pas eu l’occasion d’aller au bout de mon raisonnement. J’ai expliqué au départ de mon intervention que je distinguais 2 choses. Il y a la question de la laïcité avec les faits qui se sont passés, il y a une enquête qui est en cours et je ne suis ni policier, ni magistrat, je n’ai pas à commenter là-dessus, si ce n’est une fois que les résultats de l’enquête seront conclus. Par contre, la 2e chose et là je me permets de le dire puisque c’est mon rayon, c’est que je suis abasourdi, triste, révolté et malheureusement peu surpris par le fait que nous ayons des personnels de l’Éducation nationale, des enseignants ou des conseillers principaux d’éducation qui se retrouvent menacés de mort, confrontés à la fureur des réseaux sociaux parce que c’est quelque chose qui fait penser à l’affaire Samuel Paty, il y a peu de temps. Mais j’aimerais, au-delà de ces 2 références, vous rappeler quand même que très régulièrement, les personnels de l’Éducation nationale sont victimes parfois d’un déferlement de haine, de moquerie filmées à leur insu dans les salles de classe ou même tout simplement à l’intérieur de l’enceinte de l’établissement. Et ça, effectivement, ce sont des choses que nous condamnons avec la plus grande fermeté, c’est vraiment l’essence même de mon propos. Je ne peux pas me permettre, sur des faits auxquels je n’ai pas assisté, pour lesquels je n’ai pas tous les renseignements, de pouvoir conclure.
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Écoutez, oui, pour des sujets qui peuvent être extrêmement variés, vous avez des collègues qui régulièrement sont soumis à la violence des réseaux sociaux. Cela peut entraîner une spirale et totalement submerger les collègues et les mettre dans une grande souffrance et parfois même en danger.
Je tiens simplement à vous rappeler encore une fois que je ne suis pas dans une posture politicienne par rapport à la question du voile car il y a 2 choses : le sujet de la laïcité et les menaces de mort auxquelles a été confrontée la collègue CPE. Ce sont pour moi 2 sujets qui sont différents et je m’exprime pour le coup exclusivement sur le 2e thème en attente des résultats de la première enquête.