Nouvelles atteintes à la laïcité dans l’école avec le port de l’abaya, le SNALC reste ferme.
Maxime REPPERT, Vice-Président du SNALC, répond aux questions sur CNEWS le 7 juin 2023.
CNEWS
Un premier invité, priorité au direct, vous le savez, dans la parole aux Français, nous sommes avec Maxime Robert, vice-président du SNALC, le syndicat national des lycées et collèges. Merci mille fois, Maxime Robert, d’être en direct dans la parole aux Français. Première question, est-il urgent d’agir, Maxime Robert ?
Maxime Reppert
Évidemment, nous avons des chiffres qui témoignent d’une hausse évidente des atteintes à la laïcité. Je pense qu’on ne doit pas minorer l’importance de la laïcité et de ce qu’elle représente pour nous. Je rappelle quand même que c’est une valeur fondamentale de la République. Il faut agir en urgence. Le problème, excusez-moi de vous le dire, mais j’ai cette nette sensation que la politique du ministère en la matière est une politique assez lâche. Pourquoi ? On fait reposer sur cette question-là le poids des décisions à prendre sur les épaules des chefs d’établissement. Il n’y a pas d’accompagnement, il n’y a pas de soutien. Il y a une loi très claire qui est la loi du 15 mars 2004, loi d’ailleurs que notre syndicat a été la seule organisation enseignante à voter, je tiens à le préciser. La laïcité n’est pas quelque chose de négociable. Il y a une loi.
CNEWS
Le ministre Pap Ndaye a reçu les chefs d’établissement. On a l’impression que ça n’a pas donné grand-chose. Partagez-vous cette impression ?
Maxime Reppert
J’ai l’impression que c’est de la com’, ni plus ni moins. Concrètement, qu’est-ce qui en ressort ? On dit aux chefs d’établissement : c’est à vous de faire. On parlait de chiffres tout à l’heure. Je rappelle que ces chiffres sont très probablement minorés, puisque j’ai eu l’occasion de rappeler plusieurs fois sur votre antenne la question du pas de vague qui touche plusieurs domaines au sein de l’Éducation nationale, y compris celui-là d’ailleurs, au passage. Et non, il n’y a pas de consignes claires, on est un peu dans une forme de no man’s land. Les chefs d’établissement sont dépassés, les équipes enseignantes le sont tout autant. Il y a un certain malaise qui règne en se demandant : quid de l’avenir de la laïcité dans les établissements scolaires ?
CNEWS
Le mot de la fin très rapidement, qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce que vous préconisez en 2 minutes très rapidement, Maxime Reppert ?
Maxime Reppert
Je voulais simplement revenir sur les propos de Monsieur Bossuet. Je n’ai pas dit que le ministère ne faisait rien. Le Conseil des sages de la laïcité, qui existe depuis 2018, a accompli des choses, mais on s’étonnera quand même que ces derniers temps, il y a eu une modification des missions de ce Conseil. Le Conseil des sages de la laïcité et des valeurs républicaines ne peut plus s’autosaisir des dossiers, c’est désormais seulement la prérogative du ministre, ce qui interroge. D’autre part, oui, je suis désolé, quand on dit à un chef d’établissement : “Vous faites comme vous voulez”, je n’estime pas qu’il s’agisse d’un réel accompagnement. Enfin, dernière chose, oui, il y a des formations. Oui, il y a des référents, mais il faut voir le contenu de ces formations. Il faut également prendre en compte le déficit entre l’offre et la demande. Et effectivement, j’estime que la question de la laïcité est une question qui nécessite plus que des mots, une réelle politique en la matière.
Voulez-vous interdire ou pas le port de l’abaya ?
Maxime Reppert : En tant que professeur d’histoire et géographie, en tant qu’enseignant, l’abaya a une connotation religieuse et culturelle, les deux sont liées. Soit il y a un élément religieux qui est mis en avant, soit c’est de la provocation. On ne peut pas savoir ce qui se passe dans la tête des jeunes. Donc, quand on parle de l’intentionnalité, je veux bien, mais est-ce que cette intentionnalité est forcément détectable ou identifiable ? C’est un autre point à considérer.
CNEWS
Donc, doit-on l’interdire ?
Maxime Reppert
Le conseil a dit que l’abaya n’a pas sa place à l’école. Je pense également que l’abaya n’a pas sa place à l’école.
CNEWS
L’abaya n’a pas sa place à l’école. C’est bien noté, Maxime Robert, vice-président du SNALC, syndicat national des lycées et collèges.