CNEWS – Journaliste
On va parler de ce qui se passe dans l’Aisne.
L’Éducation nationale demande aux écoles du département de ne pas utiliser le calendrier de l’Avent, que tout le monde connaît, pour des raisons de défense de la laïcité.
Bon, l’Avent, c’est la période avant Noël, les jours avant Noël.
Nous sommes avec Maxime Reppert, vice-président du syndicat d’enseignants, le syndicat de professeurs SNALC.
Bonjour, Maxime Reppert. Qu’est-ce que vous pensez de cette interdiction d’utiliser le calendrier de l’Avent ?
SNALC – Maxime Reppert
Totalement absurde. C’est totalement absurde, puisque, si vous voulez, cette décision n’émane pas de l’Éducation nationale au sens large.
En fait, c’est tout simplement un inspecteur de circonscription, celui de la circonscription de Soissons, qui a pris cette initiative, tout simplement, d’écrire ce courrier et de l’envoyer aux directeurs et directrices d’école. Beaucoup se sont indignés de cette décision.
Et on l’a vu, il y a très peu de temps, que même la ministre de l’Éducation nationale a mis noir sur blanc que le calendrier de l’Avent était pleinement compatible avec la laïcité.
Je rappelle quand même que Noël est une fête qui, depuis longtemps, est devenue largement sécularisée.
CNEWS – Journaliste
Voilà. À la base, c’est une fête catholique, évidemment, mais maintenant, c’est devenu…
C’est également culturel, comme on dit. On peut quand même en parler à l’école, de Noël ? Ce n’est pas interdit ?
SNALC – Maxime Reppert
Bien sûr. Bien sûr. À partir du moment où on… Comment dire ?
CNEWS – Journaliste
Où on ne fait pas de prosélytisme ?
SNALC – Maxime Reppert
Où on n’injecte pas dans notre discours des éléments à connotation religieuse, bien sûr que l’on peut parler de Noël.
Vous savez, le calendrier de l’Avent, pour revenir là-dessus, c’est quand même un objet sociétal, et ça peut également devenir un objet pédagogique pour les professeurs des écoles.
Donc, si vous voulez, je pense que, dans le cas de cet exemple, de cette interdiction, on a affaire simplement à un inspecteur qui avait une définition peut-être confuse de ce qu’est la laïcité.
Je rappelle d’ailleurs que cette interdiction est vraiment quelque chose de localisé et que nous ne devons pas avoir une laïcité fragmentée, c’est-à-dire une interprétation de la laïcité différente selon les territoires.
Et donc, je pense que cette personne, à l’origine de cet écrit, a fait une erreur et que, très probablement, elle ne la recommencera plus.
CNEWS – Journaliste
Oui. Bon. Parce qu’il y a eu plusieurs réactions, notamment des réactions politiques.
Xavier Bertrand a dit : “Il n’y a pas d’autres priorités à l’école ?”
Sans faire de politique, c’est vrai qu’il y a des difficultés en grammaire, des difficultés en calcul, en mathématiques.
Et là, il y a cette petite polémique sur le calendrier de l’Avent. Il y a d’autres choses à faire.
D’ailleurs… Oui, Maxime Reppert ?
SNALC – Maxime Reppert
Oui, je disais, effectivement, il y a d’autres priorités. L’Éducation nationale va extrêmement mal. Vous l’avez évoqué : on fait face à une grave pénurie de personnel.
Donc, effectivement, les priorités sont ailleurs. Et voilà, l’incident, à mon sens, est clos.
CNEWS – Journaliste
Est-ce qu’on raconte l’histoire de Noël aux enfants, l’histoire de Jésus ?
Cela fait partie des choses à savoir, quand on est un petit Français.
SNALC – Maxime Reppert
Au-delà de la question de Noël, et de façon plus générale, je suis professeur d’histoire-géographie, j’ai enseigné pendant des années en collège. Et vous savez, en 6ᵉ et en 5ᵉ, à l’époque, on enseignait le christianisme, le judaïsme et également l’islam.
Mais il faut bien comprendre que nous abordons ces chapitres-là à travers, je dirais, le prisme civilisationnel.
Voilà, on ne fait pas du tout de l’histoire religieuse. Nous ne sommes pas dans le dogme, si vous voulez. Nous avons une approche historique. Voilà, c’est en cela que c’est quelque chose de pleinement important pour les élèves.