Bien que de nouvelles mesures aient été annoncées récemment, notamment après les Assises de la santé scolaire au printemps 2025 au Ministère, la santé mentale des élèves comme des personnels éducatifs reste un sujet d’alerte encore bien trop négligé pour cette rentrée.
Concernant les élèves
Les dernières études – Enabee et enCLASS en 2022 – montrent des chiffres inquiétants :
13 % des enfants de 6 à 11 ans ont un trouble probable de santé mentale
seuls 59 % des collégiens et 51 % des lycéens présentent un bon niveau de bien-être mental
près d’un quart des lycéens déclare avoir eu des pensées suicidaires au cours de l’année écoulée et près d’un élève sur 7 a déjà fait une tentative de suicide au cours de sa vie
On sait depuis de nombreuses années déjà que le nombre de médecins et d’infirmiers scolaires est très insuffisant pour couvrir les besoins. Passés de 1400 en 2006 à 900 en 2023 pour environ 12 millions d’élèves, les médecins scolaires ont actuellement un ratio de 1 médecin pour 13 000 élèves environ en moyenne, alors que l’OMS en recommande 1 pour 5 000 élèves. Le Cour des comptes et plusieurs rapports parlementaires parlent d’un service en « déshérence », incapable d’assurer les missions obligatoires (bilans de 6 ans, suivis handicap). Ce n’est pas mieux non plus du côté despsychologues scolaires qui sont manquants actuellement dans environ 13,2 % des établissements du secondaire. Le ratio actuel d’1 psychologue pour 1500 élèves représente un doublement de la charge par rapport à la moyenne européenne pour un suivi optimal.
La situation est encore plus problématique dans l’enseignement privé car on ne dispose pas de médecins scolaires ni d’infirmiers de l’Éducation Nationale, contrairement à l’enseignement public. Les élèves du privé ne bénéficient donc pas des bilans de santé ni des dépistages et autres suivis nécessaires déjà largement lacunaires dans le public. La présence de permanences d’écoute avec des psychologues scolaires est laissée à l’appréciation des établissements, DDEC et tutelles en fonction de leurs moyens ; sachant que leur nombre est encore plus réduit que dans le public par rapport au nombre d’élèves.
En réponse à ces préoccupations, le protocole Santé mentale à l’Éducation Nationale formalisé progressivement depuis le début de l’année 2025 annonce des nouvelles mesures, en particulier :
une formation de tous les acteurs de la communauté éducative dans le repérage, l’alerte, l’orientation et le suivi des élèves en difficulté mentale
la mise en place de deux personnels-repères formés à la santé mentale présents dans chaque établissement du secondaire d’ici fin 2026 pour détecter les signes précoces de souffrance psychique et orienter les élèves vers les professionnels compétents
un accès prioritaire de certains élèves aux centres médico-psychologiques (CMP)
un module de sensibilisation à la santé mentale déployé dans les lycées puis les collèges, afin de renforcer les compétences psycho-sociales des élèves
un renforcement de l’enseignement des compétences psycho-sociales.
Pour le moment, les agents disposent seulement d’une formation sur la plate-forme Magistère et d’une notice pour aider au repérage et à l’alerte. Et aucune proposition en vue concernant l’accès à des médecins ou infirmiers scolaires pour les élèves du privé.
Concernant la communauté éducative
Le constat n’est pas meilleur chez les adultes que chez les élèves : au printemps 2023, la deuxième édition du Baromètre du bien-être au travail a indiqué que les personnels de l’Éducation Nationale évaluaient leur satisfaction professionnelle à 5,9 sur 10 alors que la moyenne nationale était à 7,1 sur 10. Le niveau de rémunération, évalué à 3,3 sur 10, était le point le plus décrié avec les perspectives de carrières, évaluées à 2,9 sur 10.
L’effectif des médecins de prévention est dans la même tendance de pénurie que les médecins scolaires pour les élèves, avec, selon les derniers chiffres officiels disponibles en 2023, 77 médecins de prévention en poste pour une équivalence de 63 postes à temps plein, soit un ratio de 1 médecin de prévention à temps plein pour environ 19 000 personnels, alors que la Haute Autorité de Santé en recommande 1 pour 1500 à 200 avec un maximum de 3000. Un collègue vivant une situation médicale spécifique, affrontant un handicap ou une situation nécessitant, souvent en urgence, l’intervention du médecin de prévention de son secteur, se voit rencontrer très souvent des difficultés inimaginables pour contacter le service, obtenir une réponse et un rendez-vous, sans compter en parallèle la surcharge de travail inconsidérée par les services de prévention.
Les conseils du SNALC
Face à l’insuffisance des moyens institutionnels, quels appuis restent accessibles aux personnels ?
La MGEN, qui sera obligatoirement l’organisme d’affiliation de tous les agents en avril 2026, sauf exceptions indiquées par la réforme de la PSC, propose divers dispositifs pour accompagner la santé mentale des adhérents, en particulier : le dispositif PAS, un forfait psy, l’application MindDay, la possibilité de téléconsultations médicales.
Le SNALC propose le service Mobi-SNALC, accessible à tous les adhérents, avec des dispositifs de prévention et de remédiation à la souffrance au travail.
Votre équipe du SNALC Privé ainsi que les membres de votre section académique vous proposent un accompagnement expérimenté dans vos situations individuelles difficiles et vous oriente de façon personnalisée, n’hésitez pas à nous contacter !