Les difficultés de l’inclusion s’externalisent sur les réseaux sociaux, des enseignants sont menacés de mort. Maxime Reppert dénonce ces pratiques tout en rappelant la complexité de l’inclusion.
Maxime REPPERT, Secrétaire national aux conditions de travail du SNALC, répond aux questions sur le liveToussaint sur BTMTV le 22 mai 2023.
Bruce Toussaint
Pour terminer, je voudrais que l’on rejoigne Maxime Reppert qui est avec nous, secrétaire national aux conditions de travail pour le SNALC, c’est le syndicat national des écoles, collèges et lycées. Bonjour.
Maxime Reppert
Bonjour.
Bruce Toussaint
Merci de nous rejoindre. J’ai utilisé le mot “déni” il y a quelques instants, mais on a le sentiment en effet que pour ces parents, il est difficile d’accepter que cet enfant ne soit pas dans une classe, entre guillemets, normale. Est-ce que c’est quelque chose qui est fréquent ? Est-ce que c’est, est-ce que vous êtes régulièrement confronté à ce genre de difficultés ?
Maxime Reppert
Je suis à la fois syndicaliste mais également enseignant. J’ai eu l’occasion d’enseigner dans plusieurs structures différentes, et c’est vrai que parfois nous avons des familles, lorsque des propositions sont faites, qui les refusent. On n’a pas l’approbation de la famille pour les adaptations, c’est une réalité. Vous avez aussi un deuxième cas de figure qui n’est pas le cas ici, qu’il faut quand même souligner, c’est que vous avez des familles qui sont volontaires, qui veulent effectivement une adaptation pour leurs enfants. Malheureusement, la lourdeur administrative et le manque de place dans les structures spécialisées font qu’il y a un délai d’attente souvent insoutenable à la fois pour la famille, pour l’enfant mais aussi pour les enseignants.
Bruce Toussaint
C’est vrai qu’on a plutôt tendance à entendre ces histoires où des enfants en situation de handicap ne peuvent pas être pris en charge en raison, notamment, du manque de personnel adapté, du manque de place ou des fameuses ATSEM. Donc c’est vrai qu’on a le sentiment d’une situation un peu inverse, c’est-à-dire que la solution était là, mais elle n’a pas été acceptée.
Maxime Reppert
D’un côté, vous avez une famille qui refuse ce qui est proposé, de l’autre vous avez une équipe éducative, donc des professionnels, mais qui ne peuvent pas décider à la place de la famille. Là où je suis particulièrement consterné par la situation, c’est qu’il y a eu ce choix de “déplacer” cette problématique et ce conflit sur le terrain des réseaux sociaux. J’entendais tout à l’heure des vidéos diffusées sur TikTok avec cette volonté de porter ce problème au-delà de la sphère locale afin de toucher le plus grand nombre. Attention, nous voyons très régulièrement sur les réseaux sociaux des enseignants qui sont pris à partie, qui sont menacés, avec des gens qui se permettent de juger sans connaître la réalité des faits. Effectivement, nous avons une famille qui s’inquiète pour leur enfant, ce que je peux tout à fait comprendre, mais nous avons aussi des enseignants en souffrance et je peux vous dire que dans une école, pour que l’ensemble des professeurs décide de faire grève, c’est vraiment déchirant, et vous avez également, ça a été dit tout à l’heure, des enfants en souffrance probablement, et des parents tout autant désemparés.