Jean-Michel Blanquer a affirmé ce mardi que les professeurs devaient “adhérer aux valeurs de la République et les transmettre” ou “quitter” l’Education nationale. Si, sur le fond, le propos du ministre ne fait pas débat parmi les représentants des enseignants, ceux-ci en dénoncent le ton et pointent des arrière-pensées politiques.
Jean-Rémi GIRARD, président du SNALC, répond aux questions de Robin Verner pour BFM TV le 21 octobre 2021 (Voir l’article sur le site de BFM TV)
Le sujet ne tient pas tellement au fond du propos mais à la défiance qu’il traduit à leur égard. Les profs ne décolèrent pas depuis que ce mardi, à l’heure de lancer son plan de formation des enseignants à la laïcité, Jean-Michel Blanquer a posé que ceux-ci devaient “adhérer aux valeurs de la République et les transmettre” ou “quitter le métier”.
“Si quelqu’un a un problème avec les valeurs de la République, ça peut être possible sur le plan démocratique, en tant que citoyen français, par contre ce n’est pas possible en tant que fonctionnaire de la République”, poursuivait-il et ajoutant, sur un registre toujours aussi martial:
“Ça n’a peut-être pas été assez clair dans le passé, ça va être désormais très clair dans le présent et dans le futur, au travers de la formation comme de la gestion de la carrière des personnes”.
Cet air de soupçon, cette mélodie du “soumettez-vous ou démettez-vous” ont suscité sans tarder l’indignation des organisations syndicales.
La colère et la détresse des professeurs sont d’autant plus douloureuses qu’elles sont aussi affaire de calendrier.
“Quelques jours après l’hommage à Samuel Paty, qui a défendu ces valeurs si fortement, le timing et le contenu étaient malvenus”, nous glisse Jean-Rémi Girard, président du SNALC.
Ingrates et stigmatisantes. C’est donc telles qu’apparaissent les paroles du ministre aux oreilles des enseignants dont il a la charge. Jean-Rémi Girard les juge encore superflues dans la mesure où la rue de Grenelle dispose des moyens hiérarchiques pour agir au besoin, et que la responsabilité lui en incombe:
“Si des questions se posent au plan individuel – je vous avoue qu’on n’en pas tellement constatées -, si le ministère a identifié des collègues s’opposant aux valeurs de la République, a priori c’est à lui de régler le problème et de sanctionner, donc ce qu’on dit au ministre c’est: ‘Faites fonctionner votre ministère!'”.
Et les syndicats ne semblent pas espérer que l’avenir immédiat apaise les blessures.
“On a tous compris que la campagne présidentielle avait commencé”, relève encore Jean-Rémi Girard, président du SNALC.
Campagne dont il s’attend à ce qu’elle soit “longue et pénible”, “mais on demande qu’on garde du respect à l’égard du personnel de l’Education nationale”. Filant l’analyse, Jean-Rémi Girard estime:
“C’est visiblement un moment de communication politique pour donner des gages à une partie de l’électorat… mais pas aux enseignants apparemment”, sourit-il avec un peu d’amertume.