Au sommaire
I. Constats d’ensemble
Alors qu’elle était largement décriée jusqu’ici, la correction sur copie dématérialisée par le biais de l’application Santorin pose aujourd’hui moins de problèmes.
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C’est en fait en philosophie que les avis demeurent majoritairement négatifs. Cela s’explique évidemment par les habitudes de corrections qui sont faites d’allers-retours et de comparaisons que Santorin rend évidemment difficiles. Il est possible aussi d’associer cette vision négative au nombre très important de copies et à la longueur de ces dernières. Les épreuves de spécialités posent en ce domaine moins de problème. Les lots étaient moins importants et les copies, en deux heures, étaient souvent moins longues.
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L’autre élément commun aux trois types d’épreuves est l’organisation de commissions d’harmonisation durant les corrections, même si la tendance est moins forte en philosophie
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Et, il est notable que les pressions exercées pour faire remonter les notes sont restées très minoritaires. Cependant, le simple fait qu’elles aient pu exister doit nous interroger.
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II. Les épreuves de spécialité montrent des bidouillages
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Certains pourraient se réjouir que la majorité des copies n’aient subi aucune modification à l’insu des correcteurs. Mais, tout de même ! Un quart des adhérents ayant participé à notre sondage témoignent de remontées de leur note, quand, étrangement, personne n’a constaté une baisse de ses notes.
Lorsque le SNALC avait tenu à poser ce que devait être une harmonisation lors des discussions au ministère sur la mise en place du contrôle continu (car il n’en a jamais été question sur les épreuves de spécialité), la Direction Générale de l’Enseignement Scolaire avait été pleinement en accord avec nous : une harmonisation se fait à la hausse comme à la baisse, sinon il ne s’agit pas d’une harmonisation.
Donc, ce que nous avons vécu cette année ne saurait être nommé ‘harmonisation’. Il s’agit ni plus ni moins d’un bidouillage.
Et cette manipulation a pu avoir des effets assez importants sur les résultats des élèves.
En effet, majoritairement, c’est 1 point qui a été gagné. Mais dans 7% des cas, cela a pu dépasser 3 points. Le SNALC a même été alerté sur des lots dont la moyenne était passée de 13 à 16. Quel intérêt ? Osera-t-on nous dire qu’il s’agissait de ne pas pénaliser des candidats victimes d’un correcteur malveillant ?
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III. Français : il faut revoir les épreuves
Les EAF ont aussi donné lieu à une manipulation des notes puisque 29% des collègues nous signalent des notes remontées (toujours aucune baisse).
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Mais c’est loin d’être le seul problème.
Tout d’abord, il convient de s’intéresser à la qualité des copies. Que ce soit du point de vue de la langue ou du point de vue de l’analyse ou de la réflexion, le niveau est loin d’être unanimement salué par les correcteurs. Les réponses les plus nombreuses montrent en effet au mieux un ensemble moyen ou plutôt mauvais.
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Outre la qualité des copies, ce qui semble poser problème, ce sont les épreuves en elles-mêmes.
Au niveau de l’écrit, la dissertation actuelle est loin de remporter tous les suffrages et une majorité apparait en faveur d’un retour à l’ancienne épreuve.
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Que l’on se rassure – si l’on peut parler ainsi – l’épreuve orale n’est pas vraiment plus appréciée.
En effet, aucune des trois parties ne semble satisfaire la majorité des professeurs.
L’étude linéaire comme la question de grammaire sont majoritairement vues comme de mauvaises idées qu’il convient d’abandonner.
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La deuxième partie de l’entretien est perçue comme difficile à mener. D’ailleurs, une large majorité se dessine en faveur d’un retour à l’ancien entretien mené à partir du descriptif.
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Il n’est pas étonnant dans ce contexte qu’une majorité tout aussi importante souhaite que la réalisation du descriptif se fasse dans le cadre d’un plein exercice de la liberté pédagogique.
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IV. Philosophie
Si Santorin reste problématique, il n’est pas, cette année, l’objet le plus préoccupant. Ce sont bien les productions des élèves qui inquiètent. Leur niveau n’est bon ni en termes de qualité du Français, ni en termes d’analyse et de réflexion. Ce constat partagé par une majorité de collègues doit nous alerter.
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Le SNALC n’a cessé de pointer le besoin d’améliorer les programmes de français – bien en amont du lycée – car les élèves ont une maitrise de moins en moins solide de la langue. Et, comme l’on pense à partir de concepts, c’est-à-dire de mots, la réflexion s’en trouve nécessairement affaiblie.
V. Le Grand oral ne convainc pas
Une large majorité d’entre vous a trouvé la préparation de cette dernière épreuve, totem de la réforme du lycée, difficile.
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Les causes sont sans doute multiples.
On pourra, par exemple, opiner que le délai entre les épreuves de spécialité et le Grand Oral a été raccourci par le décalage des premières citées en mai. Bien évidemment, cela a pu avoir un impact. Mais l’on peut aussi considérer que la préparation est censée se faire sur deux ans… Et l’on peut surtout signaler qu’aucun temps dédié n’est prévu pour cette préparation, alors même que les programmes de spécialités sont bien remplis.
Des raisons intrinsèques à l’épreuve sont à prendre en compte. Tout d’abord, les élèves sont encore peu à l’aise avec la notion de « question vive » et ont du mal à préparer leur oral sans un guidage très soutenu. Or, les professeurs ont aussi des difficultés à avoir des certitudes sur le contenu de l’épreuve.
Pour le dire plus clairement, si l’on comprend bien le comment (la posture, l’aisance, savoir mener les échanges…) le quoi (le contenu) est un objet encore insaisissable.
Pourtant, le rejet du Grand Oral – toujours majoritaire – est moins sensible qu’auparavant.
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Le SNALC remercie ses adhérents, qui ont répondu nombreux à nos trois enquêtes. Cela donne aux résultats une réelle représentativité.
Votre syndicat peut donc légitimement demander une audience au ministère afin de porter votre parole.