Au sein des hautes sphères du gouvernement, les termes « historique » et « réforme » semblent avoir trouvé une résidence permanente, surtout lorsqu’il s’agit de peindre avec les couleurs de la grandeur les récentes politiques d’éducation visant à « l’attractivité » du métier. Pourtant, le SNALC, avec un oeil critique et les pieds bien ancrés dans la réalité des salles de classe, rappelle qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. En effet, alors que l’administration clame haut et fort ses « succès », le tableau est loin d’être aussi reluisant.
Le 3 juillet 2023, les détails du Pacte enseignant étaient dévoilés. Ce pacte, surtout pour la voie professionnelle, semble construire des murs plutôt que des ponts, avec des missions aussi floues qu’inappropriées. En outre, la politique du « travailler plus pour gagner plus » ainsi introduite ne fait qu’accentuer une stigmatisation des collègues sans s’attaquer aux véritables racines du problème.
Poursuivant son scénario discutable, le ministère a décidé fin février 2024 de sabrer le budget de l’Éducation nationale de 700 millions d’euros. Une décision ironique quand on sait que dans le même temps, des fonds sont gaspillés dans des projets comme le service national universel (SNU) ou l’expérimentation de la tenue unique. En somme, économiser sur l’essentiel tout en dépensant pour l’accessoire.
Pour souligner l’ampleur du désastre annoncé, les résultats des concours montrent une pénurie d’admissibles criante 101 admissibles pour 245 postes en allemand). Et que dire de la suppression de 2 500 postes, qui ne peut que dégrader encore plus les conditions de travail déjà précaires ?
Si cela devait être un film, il serait sans doute classé comme une tragédie…
Pour le SNALC, les enjeux cruciaux, tels qu’une rémunération juste censée refléter le niveau de formation et de responsabilité, sont perpétuellement relégués au second plan et les promesses d’une revalorisation s’évaporent. Les dernières mesures se traduisent par un modeste supplément mensuel de 92 à 96 euros pour 66% de la profession. L’effet de ces augmentations qualifiées d’historiques sur l’attractivité est aussi mince que la patience des collègues est mise à rude épreuve. Pire encore, le ministre de la fonction publique a récemment assuré qu’aucun coup de pouce ne serait envisagé pour 2024, alors que l’inflation continue de grignoter impitoyablement le pouvoir d’achat.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1489