Le SNALC a lu attentivement le rapport de la commission des affaires culturelles et de l’éducation en date du 24 janvier 2024 consacré à l’apprentissage de la lecture. Pour rappel, le SNALC avait été auditionné le 9 novembre 2023 par la commission, avec les autres syndicats représentatifs. Le point de départ, nous le connaissons tous : le niveau des élèves français en lecture est faible, qu’il soit mesuré par la DEPP, par PIRLS ou par PISA.
Face à ce constat, la commission, qui a beaucoup auditionné, émet des propositions pour améliorer les résultats des élèves. Si l’on ne peut reprendre tous les éléments du rapport, des constatations sont d’utilité publique. En ce qui concerne les préconisations, le SNALC reconnaît certaines idées qu’il défend depuis longtemps.
Constats
La commission relève que les résultats des élèves français en compréhension en lecture sont bien inférieurs à la moyenne de l’OCDE. Et ceux-ci baissent constamment entre 2001 et 2021. Par ailleurs, en fluence de lecture et en orthographe, les scores obtenus sont également inquiétants. La France est le pays où la corrélation entre la performance en compréhension de l’écrit et l’origine socio-économique et culturelle est la plus forte au sein de l’OCDE. S’il apparaît clairement un « effet COVID », ce dernier n’explique pas tout.
Si ce constat est douloureux, pour le SNALC il est indispensable de regarder la vérité en face. Les collègues font ce qu’ils peuvent en luttant contre beaucoup de vents contraires. Entre taille des classes, médiocrité voire absence de formation initiale et inclusion sans moyens, la tâche est ardue.
Les députés estiment que la question des méthodes de lecture ne se pose plus, même si la querelle a laissé des traces, et revient en détail sur les méthodes mixtes et les appréciations autour de l’intérêt du déchiffrage. Sur ce point, on notera que l’Institution, qui a longtemps prôné des choses invraisemblables, n’a jamais fait son mea culpa. Le rapport pointe également qu’une cause fondamentale des difficultés relève de la faiblesse de la formation initiale des professeurs des écoles. Pour le SNALC, c’est même la cause principale de ces résultats insuffisants.
Préconisations
La commission préconise d’insister sur le décodage en CP par un enseignement explicite et spécifique des correspondances graphèmes-phonèmes, en tenant finalement compte du consensus scientifique international, ce que le SNALC soutient depuis longtemps. Elle conseille de travailler la compréhension orale et écrite avant et après le CP (et pour ce faire, de créer un cycle GS-CP-CE1) et de manière spécifique tout au long du cycle 3. Ensuite, les députés proposent de labelliser les manuels de CP et de CE1 pour s’assurer de leur qualité et de les renouveler grâce à une aide de l’État. Enfin, ils conseillent de refonder la formation initiale des PE à l’enseignement de la lecture avec des modules de formation spécifiques.
Si le SNALC ne peut qu’approuver une transformation de la formation initiale avec, enfin, une véritable préparation à enseigner la lecture-écriture et une amélioration de la formation continue, la question de la labellisation est une atteinte à la liberté pédagogique qui pourrait entraîner un précédent fâcheux. Enfin, le SNALC dénonce l’idée du pilotage par des évaluations nationales étendues à tous les niveaux, l’exemple typique de la fausse bonne idée.
Finalement, le SNALC se réjouit de lire, page 90 du rapport de la commission, qu’« aucune méthode ou bonne pratique ne doit être imposée de manière stricte et autoritaire », citant au passage le président du CSEN et le recteur de Paris. Une formation de qualité, assurée par des cadres compétents, permettra ensuite aux PE, tout en respectant leur liberté pédagogique, de faire réussir leurs élèves. Autant dire que nous sommes loin du compte…
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/cion-cedu/l16b2108_rapport-information