L’édito du président
Jean-Rémi GIRARD
Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1501 – école du 12 mai 2025
Une partie d’entre vous s’en souvient : Vincent Peillon, rythmes scolaires, semaines de 4 jours et demi. Des hectolitres de communication sur le bien-être de l’enfant, son rythme circadien et sa chronobiologie. Des experts en expertise venant asséner des constats fondés sur pas grand chose, que contredisaient les constats de l’expert d’en face, fondés sur pas davantage. Et au-milieu de tout cela, les professeurs des écoles, obligés de venir une demi-journée supplémentaire, d’accueillir des animateurs plus ou moins identifiés dans leur salle de classe, retrouvant leur matériel pédagogique dégradé (ou ne le retrouvant simplement plus). Le tout pour offrir des activités aux enfants pour boucher les trous, activités pas moins épuisantes que l’école, qui finirent souvent par être payantes, quand elles existaient.
Le SNALC avait été très clair dès le début, avait voté contre et, contrairement à de nombreux autres, n’avait pas changé d’avis en cours de route. Pour nous, ces nouveaux rythmes constituaient une dégradation des conditions de travail des personnels sans rien améliorer aux fameux rythmes des enfants, dont les journées ne sont pas plus courtes. En outre, la perte de la coupure du mercredi empêche de nombreuses communes d’y organiser des activités réellement de qualité. Si certaines villes, souvent parmi les plus peuplées, continuent sur ce schéma, la quasi-totalité des maires ont lâché l’affaire dès qu’ils en ont eu la possibilité. Le réalisme du SNALC, une fois encore, s’est vérifié.
C’est pourquoi nous accueillons avec la plus grande colère l’annonce par le président de la République d’une « convention citoyenne » sur les temps de l’enfant. Veut-on vraiment revivre tout cela ? Alors que les concours ne font pas le plein, que le pouvoir d’achat se détériore, que l’inclusion scolaire au rabais et la transformation de nombreux parents en clients dégradent le climat scolaire et les conditions d’enseignement, va-t-on devoir reparler des grandes vacances (moins longues en France que presque partout ailleurs), de la durée des « pauses méridiennes » et du nombre de demi-journées ? Une fois encore, on s’en doute, en n’accordant qu’une attention distraite à la question de l’impact sur les professeurs des écoles.
Au SNALC, on ne croit pas qu’il ne s’agisse que d’une diversion. C’est une attaque. C’est autoriser la France entière à faire des professeurs, et notamment de ceux du premier degré, des boucs émissaires faciles. C’est vous mettre en danger. Le SNALC ne laissera pas faire. Il saura rappeler dans les instances comme dans les médias les vraies priorités, et défendre non seulement vos conditions matérielles et morales, mais aussi votre expertise et l’image de votre métier dans l’opinion publique.
Nos gouvernants doivent arrêter de faire croire que la responsabilité de l’échec de l’École repose sur d’autres épaules que les leurs. Les coupables, ce sont eux. Les victimes, c’est nous.