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Pourquoi le mot « FORMATION » nous donne des boutons…

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Que l’on compare avec les autres pays de l’OCDE ou avec les autres agents de catégorie A de la fonction publique, le constat est sans appel : les professeurs français suivent très peu d’actions de formation continue. Ainsi, la Cour des comptes comptabilisait-elle 3,2 jours de formation par an pour les professeurs du second degré contre 9,2 pour les autres agents de la fonction publique en 20191. Et le nombre est tombé à 1,5 en 2021. Chiffre étonnant pour une profession qu’on imaginerait volontiers avide de réactualiser ses connaissances et de prendre du recul sur le quotidien souvent trépidant des salles de classe !

Les enseignants craindraient-ils de s’engager dans une « démarche exigeante » et attendraient-ils trop passivement des « outils clefs » en main, comme le suggère un rapport de l’IGÉSR en août 2024 ?2

Le SNALC ne partage pas cette vision négative de la profession.  En effet, les motifs d’une désaffection qui pourrait aller jusqu’à l’allergie ne manquent pas :

● Séquelles traumatiques

Certains professeurs doivent encore travailler sur eux-mêmes pour surmonter les souvenirs de formations subies à l’IUFM/ÉSPÉ/INSPÉ. Certes, tous n’ont pas le même vécu traumatique, mais il semble que l’infantilisation, les longues heures d’analyse de pratique sans aucun contenu concret et la fausse bienveillance de l’« univers kafkaïen de ces paillotes de la pédagogie » selon l’expression inspirée de Pedro Cordoba, aient laissé des traces chez beaucoup.

● Un contenu fortement déséquilibré

Malgré la volonté affichée de proposer des actions de qualité qui répondent aux besoins des enseignants, l’offre de formation est trop souvent déconnectée de leurs aspirations. Comme l’écrit pudiquement l’IGÉSR, « le recueil des besoins demeure embryonnaire »3. La mise en œuvre des priorités nationales4 –certes souvent légitimes- constitue la plus grande partie de l’offre des PAF. Dans ce cadre, les formations à « candidature collective » ou à « public désigné » qui mettent l’accent sur l’adaptation aux réformes ou sur des formations transversales pyscho-socio-éducatives semblent privilégiées. 

Ainsi, alors que fleurissent les formations sur les principes et valeurs de la République, la lutte contre les discriminations ou les besoins des EBEP (élèves à besoins éducatifs particuliers), la part des formations disciplinaires à candidatures individuelles est de plus en plus réduite à la portion congrue. À titre d’exemple, d’ici la fin de l’année scolaire, un seul stage disciplinaire est proposé aux professeurs de lettres de l’académie d’Aix Marseille : « revivifier l’enseignement de l’orthographe au collège » quand figurent au menu du PAF un luxe de formations transversales pour « lutter contre les LGBTphobies », « développer des compétences émotionnelles » ou encore « développer l’estime de soi ».

● Congés de formation au compte-gouttes

Les formations réellement demandées par les professeurs sont trop souvent refusées faute de budget ou accordées dans des délais déraisonnables. Ainsi, il faut dans la plupart des académies cumuler une dizaine de demandes avant d’obtenir un CFP (congé de formation professionnelle). Difficile d’élaborer un parcours de carrière cohérent dans de telles conditions ! Et gare au candidat qui aurait oublié une année de prendre sa place dans la file ! Il n’aurait plus qu’à tout reprendre à zéro.  Quant aux heures engrangées dans le CPF (attention, ne pas confondre avec le CFP, il s’agit là du « compte personnel de formation »), qui, dans le privé peuvent être mobilisées sans restriction, elles ne peuvent être financées pour les fonctionnaires que sur autorisation de l’administration et dans des proportions homéopathiques dans notre ministère.

● Alourdissement du temps de travail

C’est le motif le plus important et qui pourrait bien porter un coup fatal à la formation continue déjà mal en point. Soucieux de limiter le nombre d’heures de cours perdues par les élèves (dues rappelons-le en grande partie au nombre insuffisant de remplaçants), Gabriel Attal annonçait à la rentrée 2023 l’objectif de 100% de formations hors temps de « face-à-face pédagogique ».

L’IGESR renchérit et suggère même 18h annuelles de formation obligatoire assurée à 100% hors temps de service5. Le droit à la formation deviendrait ainsi une obligation chargeant encore la barque d’un temps de travail déjà reconnu comme trop lourd (plus de la moitié des collègues travaillant 43h par semaine et 34 jours pendant les vacances 6). On voit ainsi fleurir les formations asynchrones, synchrones, en présentiel, mais surtout en fin de journée, pendant la pause méridienne, le mercredi, le samedi et pendant les vacances… Au diable l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle mis en péril par ces heures supplémentaires invisibles et gratuites ! Des candidats à la formation et en particulier les femmes qui sont toujours les grandes perdantes quand il s’agit de rogner sur le temps familial se trouvent ainsi parfois contraints de refuser des formations…Curieux paradoxe pour un ministère qui multiplie les formations sur l’égalité hommes/femmes !

● Remède miracle ?

Notre ministère fait face à de nombreux défis : sécurité des établissements, montée en charge de l’inclusion, contestations de la laïcité, crise du recrutement…Dans ce contexte, le mot formation est trop souvent brandi comme un remède magique. Les classes sont chargées et hétérogènes ? Il faut former les professeurs à individualiser et différencier ! La violence scolaire se développe ? Inscrivons les professeurs à une formation d’établissement « climat scolaire ». Un élève en situation de handicap met en péril l’équilibre de la classe ? Le professeur ne devait pas être assez formé. Des professeurs contractuels sont recrutés par « job dating » et sont démunis dans leur classe ? Une formation d’une semaine devrait remédier au problème.

Bref...

Alors qu’ils en attendraient légitimement qu’elle leur permette de souffler, de progresser et de donner un nouvel élan à leur enseignement ou à leur carrière, la formation constitue une charge supplémentaire pour des personnels déjà épuisés.  Et quand en outre, elle semble permettre à l’administration de s’exonérer de nécessaires investissements en faisant passer éventuellement les professeurs –double effet kiss cool– pour insuffisamment compétents, elle devient un réel repoussoir.

Comment s’étonner qu’ils soient devenus défiants pour ne pas dire allergiques ?

Le SNALC se tient à la disposition du ministère pour lui proposer des solutions de désensibilisation rapides telles que formations disciplinaires et universitaires de haut niveau, respect du volontariat, formation sur temps de service et augmentation des budgets dévolus aux congés de formation.


Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1500 du 11 avril 2025