D’ENSEIGNANT SPÉCIALISÉ À
PERSONNEL RESSOURCE,
VERS LA FIN DE L’ASH ?
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LE PREMIER DEGRÉ 42 – avril 2021
Par Xavier Périnet-Marquet, SNALC Premier degré
premierdegre@snalc.fr
Depuis la réforme du CAPPEI en 2017, une logique de transformation des enseignants spécialisés en personnels ressources se met en place. Pour rappel, le SNALC s’est opposé à cette évolution et a voté contre le CAPPEI et la logique du tout inclusif. Le ministère suit des recommandations internationales et la pression du ministère de la Santé qui trouve que le spécialisé coûte trop cher et commence à transformer les plateaux techniques en SESSAD mobiles. Un certain nombre d’élèves d’IME et d’ITEP sont renvoyés vers les écoles, et les hôpitaux n’ont plus les moyens de prendre en charge tous les élèves ayant des troubles psy. En conséquence, on demande aux écoles d’accueillir des élèves avec des difficultés de plus en plus importantes, une scolarité en école coûtant deux à cinq fois moins cher qu’une scolarité en IME, ITEP ou à l’hôpital.
Les inspecteurs cherchent donc à mobiliser des moyens pour gérer la situation. Or, la légitimité des enseignants spécialisés vient de leur pratique en classe, face à des élèves à besoins particuliers. Le SNALC est opposé à les voir devenir personnels ressources. Ce n’est pas ce que nous voulons, ce n’est pas ce dont ont besoin les élèves, et les collègues des classes « ordinaires » vont très vite remettre en cause les enseignants spécialisés si les choses évoluent dans ce sens.
Les professionnels du soin et de la rééducation sont également opposés à cette politique. Mais nous sommes face à un mur avec l’approbation d’une partie des collègues et des syndicats, l’opinion publique qui nous est défavorable et Bercy en embuscade pour faire des économies.
Le risque est fort que tous les enseignants spécialisés soient transformés en personnels ressources. Il s’agira alors non plus de prendre en charge et d’aider les élèves mais de « former » les collègues, ce qui permettra à l’Institution de prétendre avoir réglé les problèmes en ayant dilué les prises en charge. C’est pourquoi le SNALC défend une inclusion raisonnée et réclame des moyens pour le médico-social, sinon la situation va vite devenir invivable dans les classes.