Maxime REPPERT, secrétaire national SNALC aux conditions de travail et au climat scolaire dénonce le système : “en général, il n’y a pas de soutien de l’institution; on est dans le phénomène du “pas de vague”…
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CNEWS Maxime Reppert, merci d’être avec nous en direct. Vous êtes professeur d’histoire-géographie, secrétaire national du SNALC. Est-ce que Samuel Paty a été assez soutenu par sa hiérarchie, assez soutenu par les autorités, par le gouvernement ou est-ce qu’on l’a laissé seul, finalement face à ce problème avec à l’issue ce drame que l’on connait ?
Il y a une enquête en cours, une enquête administrative également qui est lancée. Je ne peux pas vous affirmer actuellement s’il a manqué de soutien ou non. Tout ce que je peux vous dire, c’est ce que j’ai pu voir il y a quelques instants à travers votre vidéo résume le quotidien de centaines de milliers d’enseignants : faire face à des propos qui s’avèrent parfois calomnieux, injurieux pour la dignité de l’enseignant. Nous sommes dans une situation où la parole de l’élève est souvent considérée au même niveau que celle d’un enseignant. CNEWS Comment réagit votre hiérarchie dans des cas comme ça, de façon plus globale ? Nous sortons du cas de Samuel Paty car il y a une enquête en cours, mais globalement, est-ce que vous avez le sentiment, vous professeurs, que vous êtes soutenus ? Je vais être très franc avec vous : non il n’y pas de soutien de l’institution. Je pourrai vous citer une pléthore d’exemples la-dessus. On est dans le phénomène “du pas de vagues” et l’Éducation nationale fonctionne ou aime bien fonctionner comme une vitrine. Tous les dispositifs qui existent, la plupart du temps, n’ont pas vocation à être performants. Ils ont simplement vocation à exister. Il y a de grandes déclarations comme celle que j’ai entendu hier, par exemple, du premier ministre disant que ce gouvernement avait particulièrement choyé l’Éducation nationale. C’est un petit peu fort de café, vous m’excuserez. Je rappelle qu’il y a de grandes déclarations et souvent par la suite qu’est-ce qu’il se passe ? L’an dernier, nous avons eu une série de suicides médiatisés en France, notamment l’exemple de Christine Renon, ou encore de Laurent Galtier. Un an après, est-ce qu’on peut dire qu’on a vraiment pris le problème à bras le corps ? La question reste posée, de plus on n’a pas de médecine du travail. Est-ce qu’il est normal qu’un enseignant ait une visite médicale une fois seulement au cour de sa carrière ? On n’a pas assez de médecins et de moyens. […] réponse de Ilana CICUREL, députée Européenne LREM, à écouter sur la vidéo. […] CNEWS : Est-ce que cet engagement de réaction dans les 24 heures à tout signalement est tenu ? L’engagement du signalement ? CNEWS : D’une réaction dans les 24 heures ? Je ne peux pas vous dire, tout ce que je peux dire est que quand il se passe un incident, généralement on essaye de l’étouffer. Certes, il y a déjà eu des témoignages de chefs d’établissement par le passé. Mais quand il y a un problème, on étouffe la chose. Pourquoi ? Parce que pour beaucoup de chefs d’établissement, moins on fait de bruit, mieux c’est pour l’établissement, mieux c’est pour la carrière. Ils ne sont pas tous comme cela, fort heureusement, je ne mets pas tout le monde dans le même panier, j’ai eu affaire à des chefs d’établissement extrêmement humains, extrêmement réactifs. De la même façon j’ai eu des interlocuteurs dans différents rectorats très humains mais ce que je dénonce, ce ne sont pas des personnes, c’est un système ! |