Elles sont trompeuses. Nous sommes désormais habitués, depuis l’Ecole de la « confiance », à cet exercice qui consiste à annoncer la défense d’un idéal, et de mettre en place sa destruction.
M. Delevoye se présente comme le sauveur de la sécurité sociale, en débutant son rapport par le rappel des motifs de l’ordonnance du 4 octobre 1945 : « La sécurité sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. Trouvant sa justification dans un souci élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain ». Alors que les effets de ses propositions ne permettront plus à la très grande majorité des retraités de vivre décemment.
Non, le système à points n’est pas « lisible ». Il repose sur un calcul dont les termes sont des inconnues, puisque chacun d’entre eux évolue tout au long de la carrière.
La valeur de service du point pouvant être remise en question chaque année, il est impossible de connaître la valeur de sa pension, en euros, avant sa liquidation.
Non, il ne favorise pas « l’égalité ». L’attribution de points à toute activité rémunérée déclarée ne compense en rien la faiblesse de la valeur d’acquisition, de la valeur de service et de leur évolution non encadrée.
Non, il ne renforce pas « l’équité ». Le passage du plafond des cotisations retraite de 40 000€ à 120 000€ désigne en fait les seuls bénéficiaires du changement.
? Qui gagne plus de 40 000€ / an dans nos rangs ?…
Non, décidément, le projet n’est pas convaincant.
Très clairement, il est défavorable aux enseignants du premier degré. Il est synonyme d’une régression sans précédent du niveau de la pension de retraite.
M. Delevoye nous demande de signer un chèque en blanc. Quelles garanties nous donne-t-il ?
Son document est plein de belles annonces. Mais dès que l’on s’y intéresse un peu, le vernis s’écaille, et l’inquiétude s’installe. Les simulations sont irréelles, infantilisantes, ou même erronées.
L’âge du départ à la retraite à 60 ans avait un objectif : libérer des emplois pour les jeunes générations. La retraite universelle préconise l’emploi jusqu’à … plus d’âge.
Ce système à points, mortifiant, reste de répartition. Mais si les jeunes ne peuvent pas travailler, qui va l’alimenter ? Sûrement pas le troisième âge.
En instaurant la « flexibilité » des retraités, M. Delevoye ne fait que baliser la route à un système de capitalisation de la retraite. Ne serait-ce point le véritable objectif ?