Entre 2006 et 2018, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés a quasiment triplé. On dépasse aujourd’hui les 340 000 élèves inclus dans nos écoles. Nombre de ces élèves ont besoin d’un accompagnement personnalisé qui leur est apporté par les AESH. D’ailleurs les PIAL sont là pour affecter ces personnels très rapidement auprès des enfants nouvellement notifiés ou scolarisés, notamment en cours d’année.
Dans les textes, l’inclusion est présentée comme fluide, mais dans la vraie vie, ce n’est pas simple, d’autant plus si l’on n’a pas été formé. En effet, la prise en charge en classe des différents handicaps reste très faible dans la formation initiale et trop souvent inexistante dans la formation continue.
Dans la circulaire de rentrée intitulée « Ecole inclusive », il nous est proposé trois aménagements :
– 6 heures prises sur les 48 heures d’ORS pour le dialogue avec les parents et pour « proposer les adaptations pédagogiques les plus pertinentes au regard des besoins de l’élève ».
Ces 6 heures, nous les prenons, mais il aurait été nécessaire que ce soit au minimum 6 heures par élève accueilli.
En effet, chaque élève aura besoin d’aménagements qui lui sont propres et chaque famille aura besoin de temps plusieurs fois dans l’année. Ces 6 heures sont déjà insuffisantes pour un élève. Mais désormais, les classes avec deux ou trois enfants en situation de handicap sont monnaie courante, notamment dans les petites écoles et là, les compteurs vont exploser !
– Une formation d’un volume horaire minimum de 3 heures sur les positionnements respectifs des AESH et des enseignants en situation de classe.
Pourquoi pas. Mais lisons plus avant :
« Ces formations peuvent être conçues pour les AESH, pour les enseignants, ou pour les deux ensemble, en fonction des besoins locaux. »
Au final, il n’y a aucune certitude à ce que vous puissiez accéder à ces formations. D’une part, parce qu’elles ne s’adresseront peut-être qu’aux AESH seuls; d’autre part parce que vous ne serez pas seul à demander cette formation. Les places seront limitées et on sait combien d’années sont nécessaires pour accéder aux formations les plus intéressantes…
Quant au volume horaire affecté à cette formation, il est dérisoire. Trois heures, c’est une introduction au sujet !
– la plateforme « Cap école inclusive »
Elle est en ligne depuis la rentrée. Elle vous propose des ressources pédagogiques immédiatement utilisables en classe, afin de disposer de points d’appui, de références et de conseils utiles pour la scolarisation de vos élèves. Elle permet également de contacter des enseignants-ressources qui pourront vous accompagner dans la mise en place d’adaptations et d’aménagements pédagogiques.
Concrètement, comment cela fonctionne ?
Vous trouverez cette plate-forme sur Canopé. Vous devrez créer un compte.
La plate-forme se décline en 4 grands axes :
– Trouver de l’aide : vous vous localisez et on vous donne les coordonnées des interlocuteurs qui pourraient vous aider (conseillers pédagogiques ASH, maîtres formateurs, rectorat, centre de ressource autisme, INSHEA…).
– S’informer : cette section vous permet de vous renseigner directement sur un trouble et les implications dans la scolarité des enfants concernés. Vous y trouverez des vidéos, des enregistrements d’entretien avec des spécialistes et des liens vers des sites spécialisés.
– Observer : il s’agit d’une grille d’observation que vous composez en fonction des domaines qui vous posent question (lecture, interactions sociales, attention…). Vous pouvez la télécharger ou la remplir directement en ligne.
Cet outil est bien fait, simple et rapide d’utilisation. Une fois la grille complétée, des adaptations vous sont proposées, en adéquation avec les spécificités de votre élève.
– Aménager et adapter : Vous pouvez sélectionner directement le type d’adaptation qui vous intéresse (structuration de la tâche, structuration de l’espace, apaisement sensoriel…) et différents aménagements vous sont présentées.
Si les adaptations proposées sont parfois pertinentes, leur application en classe n’est pas toujours possible. Par ailleurs, de nombreuses questions restent sans réponse. « Cap école inclusive » a une visée informative et non formative. Elle permet parfois de pallier le plus urgent, mais rien ne peut remplacer une formation en présentiel avec des interlocuteurs qui répondent en temps réel à des situations vécues bien précises. Les services académiques mettront en place, nous n’en doutons pas, la fameuse formation de 3 heures à laquelle 25 collègues pourront participer. Mais pour tous ceux qui n’auront pu y accéder, le risque que l’administration considère que le travail sera fait par « Cap école inclusive » est grand.
Pour le SNALC cette circulaire est loin de répondre aux problèmes et aux besoins des enseignants et des accompagnants scolaires. Depuis plusieurs années nous dénonçons les effets d’une inclusion qui sert à faire des économies et fait porter sur les épaules des seuls personnels de terrain la prise en charge des élèves handicapés et malades. Le tout est orchestré sur fond de réduction de postes et de moyens dans l’enseignement spécialisé, dans le médico-social et à l’hôpital. Il va falloir faire de plus gros efforts.
Si l’on peut saluer l’apparition de ressources plus spécifiques que ce qui se faisait jusqu’à présent, le ministère est loin du compte.