VOUS EN AVEZ RÊVÉ OU PLUTÔT « CAUCHEMARDÉ » ?
IlS L’ONT FAIT !
Chers amis, chers collègues, mes camarades d’infortune, parlons d’un drame. Oui d’un drame moderne, un gouffre numérique où sombrent nos espérances de fluidité : Notilus. Ce nom à la consonnance poétique, qui évoque le fameux Nautilus de Jule Verne, mais qui hélas n’a rien du sous-marin à la pointe de la technologie. Non, Notilus ne vous permettra pas d’explorer les grands fonds, il est plutôt un marécage administratif, un labyrinthe sans fil d’Ariane, un Kafka 2.0.
Notilus ou l’art de perdre son temps avec panache
Ah Notilus, tu n’es pas un logiciel, mais bien plutôt une épreuve, une odyssée absurde. Un logiciel de gestion des missions ? Mais que nenni ! Il serait plus juste de dire un logiciel de dispersion des esprits, un serpent qui enlace et étouffe, un Kafka 2.0, répétons-le, où logique et clarté sont en souffrance.
S’il était un outil, ce serait un tournevis avec un manche en savon. Une solution ? Certainement, mais seulement pour ceux qui aiment résoudre des énigmes plus complexes qu’un roman de Sherlock Holmes ou Agatha Christie.
Le dédale de Notilus : un chef-d’œuvre d’abscondité
Imaginez une interface si obscure qu’elle semble tout droit sortie d’un manuel d’alchimie, un système de navigation par menus qui ferait passer l’Odyssée d’Ulysse pour un aller-simple en métro, et des formulaires si longs que lorsque vous terminez, vos cheveux ont blanchi et votre mission est déjà annulée.
Chaque clic est une plongée dans l’inconnu, chaque validation, un saut de foi, chaque erreur, une tragédie grecque : « Ah ! Mon justificatif a disparu ! Que faire ? Recommencer ? » ; « Vous voulez sauvegarder ? Trop tard, tout est effacé ». Avec Notilus, chaque mission devient une épopée, car Notilus inspire, Notilus élève (ou du moins, il force à réfléchir profondément).
Car sachez-le, chers collègues, le voyageur moderne, enseignant-chercheur de son état, n’a pas besoin de billet, mais d’une Thèse pour remplir sa demande. Au fond, pour Notilus, et plus grave encore pour ceux qui l’ont conçu et nous l’ont imposé, la simplicité est l’ennemi de la rigueur, et reconnaissons que Notilus est d’une rigueur sans faille. Bref, vous l’aurez compris, pour se préparer à partir en mission, il faut souffrir.
Notilus, ce sont les utilisateurs qui en parlent le mieux
« J’ai commencé à remplir mon ordre de mission le 15 avril… et il est toujours à l’état de ‘brouillon’ » en décembre. Merci Notilus » – Jean Dupont, utilisateurs depuis 3 ans.
« J’ai enfin compris comment déclarer un déplacement, mais il était déjà annulé depuis 6 mois » – Marie Lemoine, survivante.
« J’ai fait appel à un consultant informatique pour comprendre l’onglet ‘paramètres’ : il a abandonné après deux jours » – Anonyme
« C’est un peu comme lire A la recherche du temps perdu, mais sans les passages intéressants » – Alceste Dubois-Chauvry, UFR Lettres, langues et sciences humaines
« J’ai cliqué sur ‘valider’ et j’ai vu ma mission s’évaporer dans les limbes. Notilus, c’est magique » – Jean-Eugène Robert-Houdin
Notilus, le logiciel ou l’odyssée ?
Ah, mes amis, si seulement Notilus se contentait d’être inefficace ! Mais non, il aspire à être bien plus : un voyage intérieur, une épreuve existentielle. Quand vous ouvrez Notilus, vous entamez une quête : la quête du Graal administratif. Peut-être que la solution est là, sous vos yeux, mais invisible, comme dans un poème de Mallarmé. Peut-être qu’elle vous échappe car elle est trop évidente, telle une farce de Beaumarchais. Au fond, Notilus vous apprendra la patience… et le désespoir.
Car bienvenu dans l’univers de Notilus, un logiciel révolutionnaire… si vous vivez en 1998. Un design ergonomique, pensé pour ceux qui aiment cliquer 17 fois pour accéder à une seule fonction. Une interface intuitive, parfaite si vous avez un doctorat en cryptologie, et enfin des fonctionnalités incroyables… mais dont vous ignorez l’existence faute d’un mode d’emploi clair.
En conclusion : Notilus ou la tragédie moderne
Notilus, c’est le Nautilus de notre temps : un engin mystérieux qui nous entraîne dans les profondeurs insondables… de la paperasse numérique. Mais, contrairement au capitaine Nemo, nous ne sommes pas aux commandes. Nous sommes, hélas, les passagers d’un navire sans boussole, sans horizon, et sans espoir.
Et si en vérité Notilus n’était que le miroir fidèle d’une dérive universitaire où l’on feint de croire que l’enseignant-chercheur doit être fliqué, mesuré, audité jusqu’à l’absurde… tout cela au nom sacré de la liberté académique. Alors, chers collègues, osons le dire avec panache : « Notilus, c’est trop lent, trop obscur, trop absurde ». Ne laissons pas notre temps, notre esprit, nos nerfs sombrer dans cet abîme numérique, et si nous voulons rêver d’un monde meilleur : « Notilus, laisse-nous tranquillus ! »
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Jean-Claude PACITTO est Maître de conférences HDR. Il est enseignant-chercheur à l’IUT-TC de Créteil, délégué syndical SNALC. Pour le contacter : pacitto@u-pec.fr
Philippe JOURDAN est Professeur des universités. Il est enseignant-chercheur à l’IAE Gustave Eiffel depuis 2011, délégué syndical SNALC, élu à la CFVU et au CaC restreint. Pour le contacter : philippe.jourdan@u-pec.fr