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5 décembre : j’y serai

Mot du président

 

Jean-Rémi GIRARD

Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1495 du 29 novembre 2024

Je sais qu’il y a de nombreuses raisons de ne pas la faire.

La grève ponctuelle à répétition est un échec, et le SNALC le dit et le sait. Il est de plus en plus difficile de mobiliser. Nous essuyons surtout des défaites. Il faudrait un mouvement long / une grève reconductible / des alternatives à la grève…

Pourtant, le SNALC appelle à la grève à partir du 5 décembre. Nous le faisons car il faut le faire. Nous le faisons car ce qui est en train de nous arriver est une accélération violente dans le processus à l’œuvre de destruction de la fonction publique. Nous le faisons aussi car s’il n’y a pas la grève, il n’y aura rien d’autre. Les alternatives ne peuvent fonctionner que si elles aussi sont majoritaires et suivies, et le constat est qu’aujourd’hui, elles ne le sont pas. Nous le faisons à partir du 5 décembre, n’excluant pas que les choses puissent s’installer dans la durée. Nous le faisons de la façon la plus collective possible, dans un ensemble représentant la très grande majorité des personnels, car jouer sa propre partition alors que le gouvernement travaille à empêcher qu’on puisse poursuivre le concert ne va pas dans le sens de la défense des collègues.

Les circonstances actuelles sont quand même assez différentes par rapport à d’habitude. Il n’y a pas de majorité claire à l’Assemblée nationale. Le gouvernement en place est fragile — c’est le moins qu’on puisse dire. Dans ce contexte, le SNALC ne fait pas « juste la grève ». Nous travaillons sans relâche à convaincre la représentation nationale. Nous prenons notre bâton de pèlerin dans tous les médias. En face de nous, il y a certes des partis, des machines parfois infernales, des consignes et des éléments de com’ mensongers, et même immondes ; mais il y a aussi des individus dont certains ont une part d’honnêteté intellectuelle et un cerveau en bon état de fonctionnement. Une part élevée de grévistes dans la fonction publique et, à l’intérieur de la fonction publique, dans l’Éducation nationale, peut représenter quelque chose pour ces personnes.

Le SNALC est un syndicat réaliste, pragmatique, qui réfléchit et qui fait preuve, lui aussi, d’honnêteté intellectuelle. Il ne vous promet ni le grand soir, ni la fin de tous les maux. Il ne vous culpabilisera pas si vous n’y allez pas. Avant tout parce que nous sommes dans un cercle vicieux : la baisse constante de pouvoir d’achat des titulaires, la hausse du recours à la contractualisation et à des catégories entières (AED, AESH…) de personnels sous-payés, tout cela ne peut que rendre les mobilisations plus difficiles. Ce qui permet à nos dirigeants de justifier la poursuite de la baisse de pouvoir d’achat.

En viendrons-nous un jour à des actions plus massives et radicales ? À une grève d’un mois ? À envoyer toutes et tous notre lettre de démission ? C’est probable si rien n’est fait pour relever la fonction publique. Le SNALC sera là à ce moment. Il faudra convaincre largement, car aucune organisation syndicale ne peut aujourd’hui se prévaloir d’y aller seule et de prétendre obtenir quoi que ce soit.

Mais aujourd’hui, rater le 5 décembre serait une erreur collective. C’est pourquoi le Bureau national du SNALC a voté la grève à partir du 5, à l’unanimité. J’y serai, et je perdrai a minima une journée de salaire, car au SNALC, on montre l’exemple et on agit conformément à ses valeurs. J’espère vous y voir.