Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé le collège pour tous de 8h à 18h dès la rentrée 2024 ! Face à la hausse de la délinquance chez les jeunes, il a également évoqué un possible retour des internats. Problème, il manque du personnel pour encadrer les enfants.
Maxime Reppert, vice-président du SNALC, réagit dans ESTELLE MIDI sur RMC le mercredi 19 avril 2024.
SNALC – Maxime Reppert
Alors écoutez, ce ne sont pas des mesures, ce sont des annonces.
BFM RMC – Estelle Denis
Oui, bien sûr. Les mesures annoncées, disons.
SNALC – Maxime Reppert
Alors, encore une fois, l’esprit est là, le fait de responsabiliser les parents, le fait de rétablir l’autorité de l’enseignant, naturellement, ou disons oui. Le problème, c’est qu’on se rend compte qu’entre les annonces et leur concrétisation, il y aura un fossé, comme cela a été le cas pour d’autres mesures.
BFM RMC – Estelle Denis
Mais pourquoi ?
SNALC – Maxime Reppert
Tout simplement parce qu’il y a des choses qui, dans les faits, ne sont pas réalisables.
Quand on dit, par exemple, qu’un collégien doit passer 50 heures dans la semaine au sein de son établissement, je rappelle quand même que non seulement nous avons une pénurie d’enseignants, mais en plus, plus largement, nous avons une pénurie très forte de personnel encadrant.
Quand vous vous retrouvez, par exemple, avec un AED pour 100 élèves ou plus, je veux dire, comment voulez-vous très concrètement que l’on puisse offrir un cadre serein et sécurisant ?
BFM RMC – Estelle Denis
Ce sera compliqué, j’entends.
SNALC – Maxime Reppert
Très très compliqué.
BFM RMC – Estelle Denis
Par exemple, il y a une mesure dont on n’a pas encore parlé, le fait d’enlever des points aux examens. Est-ce que ça vous paraît bien ? Enfin, admettons que les jeunes délinquants passent des examens.
SNALC – Maxime Reppert
Je pense que de toutes les façons, le comportement, il n’y a pas que la note qui est importante pour un élève, il y a aussi le comportement. Et en cela, oui, c’est une façon de dire qu’à un moment donné, la note n’excuse pas un mauvais comportement et qu’à un moment donné, si vous vous comportez mal, cela aura des conséquences sur la poursuite de vos études et l’obtention de vos diplômes.
Ça me semble quand même assez logique, quelque part, de parler du comportement.
Après, entre le fait d’annoncer cette possibilité et le fait de l’appliquer, là encore, il faut voir comment ça va être fait.
BFM RMC – Estelle Denis
Oui, mais ensuite, c’est au professeur, il attribue une note de comportement et puis il donne zéro, c’est tout.
SNALC – Maxime Reppert
Oui, mais la chose, si vous voulez, c’est que toutes ces annonces, encore une fois, vont dans le bon sens parce qu’elles dénoncent quelque chose que notre syndicat, depuis des années, pointe du doigt en disant “attention, l’école va de plus en plus mal”.
Mais le problème, c’est qu’entre ce qui est annoncé et ce qui est effectivement réalisé, nous sommes extrêmement vigilants.
Nous en sommes même arrivés au point où notre syndicat, le SNALC, propose de former les enseignants à la gestion des conflits avec les élèves et les parents, où nous en sommes à proposer des formations sur la laïcité, à sensibiliser les collègues à une multitude de problématiques. En gros, le SNALC fait le travail du gouvernement. »
Et à un moment donné, il n’est pas normal que les enseignants, que les personnels se sentent impuissants à ce point et qu’ils se limitent à des annonces pour calmer les esprits.
Mais nous verrons par la suite que lorsque toutes ces mesures seront mises en place, il n’y aura plus personne, et surtout il n’y aura pas les moyens, qu’ils soient financiers ou humains.
BFM RMC – Estelle Denis
Je comprends, Maxime Reppert, mais j’entends aussi que vous dites que cela va dans le bon sens, que l’esprit est bon. Maintenant, il va falloir que cela se mette en place.
SNALC – Maxime Reppert
Il y a aussi quelque chose qu’on oublie un peu, permettez-moi de le rappeler : l’école ne peut pas tout porter. L’école ne peut pas tout régler, car la première cellule d’apprentissage d’un enfant ce n’est pas l’école mais la famille. Et quand vous avez des problématiques liées aux réseaux sociaux, je veux dire, l’école doit sensibiliser sur les réseaux sociaux, etc. Nous avons effectivement un rôle à jouer. Mais à un moment donné, quand vous voyez des enfants de 7, 8, 9 ans qui ont des smartphones qu’ils n’ont pas payés avec leur argent car ils ne travaillent pas, qui ont des abonnements internet, qui sont inscrits sur des réseaux sociaux alors qu’ils n’ont pas l’âge légal pour le faire, je veux dire, ce n’est pas l’école qui est responsable de cela.