RENTRÉE 2024 AMÉNAGEMENT DE L’ANNÉE DE TERMINALE
NDLR : À ce jour, l’arrêté modificatif n’a toujours pas été publié au JO.
Pour instaurer des parcours personnalisés en terminale, la grille horaire du Bac Pro sera modifiée, dès la rentrée scolaire 2024, sur les 3 années de formation. L’arrêté entérine le caractère « facultatif » des 6 semaines de parcours personnalisé, acte la perte de 170 h de cours et de 2 semaines de PFMP pour l’obtention du Bac Pro et instaure une année de terminale infernale pour les PLP.
Les parcours différenciés : 6 semaines « facultatives » pousse-au-crime !
Les parcours différenciés n’auront aucune incidence sur l’obtention du Bac Pro ni sur la possibilité ou non de poursuite d’études. Pour preuve, le choix des élèves sera réversible en cours de période. Leur mise en œuvre aura donc l’effet inverse des objectifs affichés : augmentation des stages de complaisance et de l’absentéisme…
La préparation à l’insertion professionnelle avec une période complémentaire de PFMP de 6 semaines nécessite que les entreprises augmentent leur capacité d’accueil de stagiaires. Ce qui n’est pas gagné ! Elles sont déjà fort sollicitées pour accueillir des apprentis et plus récemment des lycéens de 2nd de la voie générale et technologique en juin. Alors que tous les PLP connaissent la difficulté grandissante de l’accueil de mineurs, le ministère incite aux stages « bidons ». En effet, au regard de l’enjeu du versement des allocations de stage et en l’absence de conséquences pour la délivrance du diplôme, le refus d’un lieu de PFMP sans lien avec la spécialité du bac pro préparé sera difficilement justifiable et entendable par le jeune et sa famille.
Quant à la pertinence de la période de préparation à la poursuite d’études encore faudrait-il que les élèves y soient assidus… Notre administration réitère l’échec du Bac Blanquer pour la voie pro, au moment même où elle corrige son erreur pour le Bac GT.
« -170 heures de cours » et « – 2 semaines de PFMP » pour l’obtention du Bac Pro
Les heures de co-intervention, d’AP et de chef d’œuvre rebaptisé projet sont reventilées partiellement sur des heures disciplinaires. Finalement, le solde est négatif et les arts appliqués et la physique chimie (ou LV2) sont particulièrement fragilisées.
Le projet qui remplace le chef d’œuvre n’a plus de caractère pluridisciplinaire.
Un point positif : les heures complémentaires professeur sont augmentées en 2nd et en 1ère et au moins 15% sont fléchées pour la constitution de groupes à effectif réduit en français et mathématiques. Nouvelles formules pour le volume complémentaire d’heures-professeur en 2nd et en 1ère (le calcul pour la terminale reste inchangé) :
- Secteur production :
- Effectif > 15 élèves : nb d’élèves/20 x
13,516. - Effectifs 15 et regroupés pour certains enseignements : nb d’élèves/20 x
6,758
- Effectif > 15 élèves : nb d’élèves/20 x
- Secteur des services :
- Effectif > 18 : nb d’élèves/24 x 13,5 16
- Effectifs 18 et regroupés pour certains enseignements : nb d’élèves/24 x 6,75 8
Une année de Terminale infernale pour les PLP !
Septembre à mi-mai tronc commun
- 22 semaines de cours,
- 6 semaines obligatoires de PFMP sécables, sans durée minimale,
- 1 semaine d’examen avec la quasi-totalité des épreuves à la mi-mai.
Mi-mai à début juillet mise en place d’un nouvel emploi du temps
- 6 semaines de parcours différenciés :
- Prépa. à l’insertion professionnelle avec une PFMP complémentaire.
- Prépa. à la poursuite d’étude avec 30h hebdomadaires de renforcements disciplinaire (sans grille horaire et dont seront exclues les disciplines inexistantes en post-bac), méthodologiques et de compétences psychosociales.
- 1 semaine d’examen : PSE et oral de projet.
- En parallèle, les PLP seront réquisitionnés pour certifier les candidats des CFA privés et corriger les copies des épreuves de mai.
Le SNALC demande, en intersyndicale, le retrait de ce projet et appelle les PLP à une large mobilisation le 01/02/2024.
Communiqué – Pétition de l’intersyndicale voie pro
La ministre Amélie Oudéa-Castéra doit renoncer au texte réformant le bac pro
À l’automne 2023, la ministre déléguée C. Grandjean a dévoilé sa mesure phare pour la terminale bac pro sans aucune concertation rigoureuse à partir d’un état des lieux partagé des lycées professionnels et surtout sans prendre en compte le rejet de sa réforme, présentée et discutée dans des délais trop précipités, par la profession . Le projet de texte qui modifie les grilles horaires, et instaure une augmentation de 6 semaines des stages en terminale a été étudié au Conseil supérieur de l’Éducation (CSE) le jour de la rentrée. Le texte n’ayant recueilli aucun vote « Pour » c’est un avis massivement défavorable qui a été émis. Et pour cause, la réforme est synonyme de moins d’école pour les élèves, d’inégalité de réussite aux examens avec la mise en place des parcours différenciés, et d’une nouvelle dégradation des conditions de travail des professeurs de lycée professionnel.
Pour dénoncer cette réforme, les personnels se sont fortement mobilisés le 12 décembre dernier. Le CSE du 14 décembre n’a pas pu se tenir : la demande de retrait de l’ordre du jour du texte par une majorité de ses membres n’a pas été entendue. Depuis, le dialogue social n’a pas été relancé et le projet de réforme a été présenté sans modification au CSE du lundi 8 janvier 2024 qui se déroulait en visioconférence, preuve une nouvelle fois du peu de considération pour le dialogue social par la ministre déléguée. Lors de ce CSE, une fois encore les membres ont voté majoritairement un voeu pour le retrait de l’ordre du jour de cet arrêté réformant le bac pro. Le ministère n’en a pas tenu compte.
Ce texte sans aucun vote favorable, fait inédit au CSE, témoigne une fois de plus du refus massif de la réforme des lycées pros. De plus, les moyens constants et les délais pour une telle réforme, dont les conséquences pour les élèves comme pour les personnels nécessitent une plus grande attention, sont vécus comme une provocation.
En conséquence, nous vous demandons, Mme la ministre A. Oudéa-Castéra, de renoncer à ce texte, de revenir sur cette réforme et d’engager de véritables négociations pour améliorer les conditions d’études des élèves et les conditions de travail des personnels.