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Enquête SNALC premier degré

© Pixabay Gino-Crescoli

Sommaire

On marche sur la tête...

Par Christophe GRUSON, Secrétaire national du SNALC chargé du premier degré

Autrefois, les instituteurs comprenaient les finalités, les objectifs à atteindre pour l’école, la classe et l’élève.

Aujourd’hui, les professeurs des écoles ont clairement du mal à comprendre la logique des décisions et orientations prises par notre ministère. Contradictions,  manque de cohérence, manque d’information, les décisions imposées sont souvent inconciliables avec la réalité du terrain. Chaque nouveau ministre veut laisser sa marque et propose sa “recette magique” qui lui permettra d’être LE ministre qui sauvera l’École. Mais les résultats de ces recettes sont souvent bien éloignés des besoins de l’école. Ainsi les professeurs, épuisés de jouer les pompiers, voient chaque année l’école se consumer et leur motivation partir en fumée.

Vous trouverez dans les articles suivants, les analyses des résultats d’une enquête réalisée par le SNALC avant l’été sur des sujets tels que les évaluations scolaires, le dédoublement des petites classes, l’inclusion ou encore le fameux Pacte. Une uniformité dans les réponses révèle des réactions similaires, des incompréhensions et un mécontentement partagés par les PE dans toutes les régions de France. 

Ceci nous montre à quel point le ras-le-bol est général et à quel point le SNALC prend les positions et les directions qui correspondent au mieux à la défense des intérêts du métier.

Les collègues expriment bien leur lassitude:  les décisions du ministère, motivées par des considérations bien éloignées des principes affichés, sont trop souvent prises sans aucune analyse de leur potentielles conséquences catastrophiques sur le terrainQuelques exemples :
– l’inclusion…  ;
-les plans de formation…. ;
-l’autorité fonctionnelle du directeur lourde à porter et qui risque de créer des tensions dans les écoles.

Le Pacte a lui aussi été évoqué. Les PE vont-ils réaliser la prouesse de mettre à niveau des 6è qui apprendront en 18 h ce que l’école élémentaire n’aura pas réussi à leur inculquer en 5 ans ? Difficile de prendre au sérieux notre ministère…
Il faut dire qu’il est à bonne école. Quelqu’un de très haut placé aurait évoqué, depuis l’Olympe, une rentrée le 20 août alors que les canicules s’annoncent inévitables !


Bon courage à tous pour cette année.

Direction d'école

Par Christophe GRUSON, Secrétaire national du SNALC chargé du premier degré

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Presque 10 000 collègues sondés estiment que des relations saines entre adjoints et directeurs sont primordiales. Or, alors que la direction d’école se voit sans cesse attribuer de nouvelles missions, les tensions entre eux risquent fort de se multiplier, le directeur étant avant tout chargé de faire respecter les exigences de l’institution. Si ce dernier devait en outre se transformer en évaluateur, comme certains signaux peuvent le laisser présager, les relations pourraient encore s’envenimer. Dans ce cas de figure, 77% des PE craignent la détérioration des relations internes dans les écoles.

Les résultats de notre sondage et l’évolution des missions confortent le SNALC dans ses positions. Ainsi, la situation actuelle des directeurs, notamment dans des structures scolaires parfois équivalentes à certains collèges, n’est pas viable à moyen voire à court terme. L’accumulation de missions n’est plus tenable.

Le décret d’août 2023 qui donne « autorité » au directeur (terme encore une fois vaste qui laisse la porte ouverte à tout et à rien, et qui risque d’être laissé à la libre interprétation de chaque IEN) n’a rien de rassurant. Si le SNALC n’est pas favorable à la présence, dans les écoles, d’un supérieur hiérarchique que des textes rendraient légitime, il pourra encore moins cautionner l’attribution au directeur des responsabilités et missions d’un supérieur hiérarchique alors qu’il n’en est pas un.

Le SNALC s’est toujours clairement opposé au statut du directeur pour des raisons évidentes de cohésion au sein des équipes, préoccupation partagée par les collègues interrogés. Mais aujourd’hui, les choses s’installent malgré l’absence de statut. Le directeur d’école, de par le transfert de compétences évoqué dans la loi Rilhac, va se voir attribuer de nouveaux rôles et missions, des plus basiques et tolérables aux plus complexes et problématiques. Afin d’éviter des conflits et complications au sein de bon nombre d’écoles, il convient de se poser la question des limites acceptables des rôles, missions et responsabilités du directeur dans l’intérêt de tous. Il faut aussi réfléchir aux contreparties qui devront accompagner ces nouvelles injonctions.

Inclusion

Par Xavier Perinet-Marquet , SNALC premier degré

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L’inclusion, qui existe depuis 2005 mais s’est véritablement accélérée depuis 2014, est une très importante source de difficultés et de souffrance d’après les retours des collègues. 

Sur 6781 réponses concernant l’inclusion, 74 % des collègues sont concernés par un ou plusieurs élèves avec un PAP ou un PPS. Un quart des élèves ayant une reconnaissance de la MDPH sont accueillis sans accompagnement et un quart avec moins de six heures par semaine.

Pour les collègues accueillant des élèves reconnus en situation de handicap, l’inclusion est bénéfique pour l’élève inclus pour 47 % des collègues, et ne l’est pas pour 39 % des collègues. 31 % des sondés considèrent que l’inclusion est bénéfique pour les autres élèves quand 54 % considèrent le contraire.

Surtout, l’inclusion est une source de difficultés professionnelles dans la pratique du métier pour 88 % des collègues. Malheureusement, ces résultats corroborent les retours et les demandes d’aide et de soutien que le SNALC reçoit souvent. S’il va de soi que certaines inclusions se font sans problème et ne demandent parfois que de petits aménagements, l’accueil d’élèves avec des troubles du comportement importants rend le métier de plus en plus dur.

Si les objectifs de la loi de 2005 sont louables, on peut déplorer qu’elle ait été votée sans budget et sans solutions concrètes, laissant la charge à l’École de scolariser tous les élèves, y compris ceux qui ont besoin de soins et de rééducations spécifiques. Cette gestion purement budgétaire ne tient aucun compte de la diversité des handicaps tout en culpabilisant les enseignants confrontés à des situations ingérables. 

Le SNALC rappelle qu’il est favorable à une inclusion réaliste et réalisable. Il est nécessaire de renforcer l’enseignement spécialisé au lieu d’en réduire les moyens et de soutenir les collègues au lieu de leur demander l’impossible.

Évaluations nationales

Par Sylvie Cazaux, SNALC premier degré

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L’enquête menée par le SNALC remet en question la pertinence et l’efficacité des évaluations nationales.

En effet, 22% seulement des professeurs des écoles menant des évaluations nationales dans leur classe ajustent leurs enseignements en fonction des résultats de ces évaluations. Cela met en évidence un manque de confiance dans ces évaluations en tant qu’outil pour améliorer la qualité de l’enseignement.

D’ailleurs, seuls 12% des enseignants concernés préfèrent évaluer leurs élèves avec les évaluations nationales plutôt qu’avec leurs propres méthodes. Les PE sont les mieux placés pour évaluer les besoins de leurs élèves et ces chiffres reflètent une réticence des collègues à abandonner des méthodes pédagogiques éprouvées et en adéquation avec leurs pratiques de classe au profit d’une approche standardisée qui ne serait pas adaptée aux besoins de leurs élèves.

Quant au temps passé à saisir les réponses informatiquement, il reste un problème majeur pour les PE. Seuls 27% des professeurs passent, comme le veulent les textes, six heures ou moins à saisir les résultats des évaluations.  61% des PE concernés consacrent entre six et dix heures à cette tâche tandis que 12% y investissent plus de dix heures. Au-delà de la saisie, les sondés alertent également sur le temps de restitution aux familles qui est particulièrement chronophage et qui n’est pas pris en compte. Ainsi les cent-huit heures des enseignants concernés sont allègrement dépassées, en particulier pour les PE exerçant en CP, année concernée par deux évaluations nationales successives.

Enfin, il faut noter que seulement 18% des professeurs des écoles considèrent les évaluations de CM1 comme une idée pertinente. C’est un désaveu cinglant de la politique d’évaluation à tout-va menée par le ministère ces dernières années, notamment depuis la mise en place de la loi pour une École de la confiance en juillet 2019.

Pour le SNALC, les évaluations nationales doivent être conçues exclusivement comme un outil statistique, simple à manier pour les enseignants, et en aucun cas ne devenir un obstacle à leur liberté pédagogique.

TPS et autres classes à 24

Par Véronique Mouhot, SNALC premier degré

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Les déclarations du chef de l’État fin juin 2023 à Marseille sur la scolarisation dès deux ans dans les quartiers prioritaires d’ici 2027 et la réduction du nombre d’élèves par classe en moyenne section soulèvent immanquablement la problématique des effectifs et du bien-être des élèves. Les résultats de l’enquête du SNALC le confirment.

La scolarisation des TPS sous pression 

Si le bénéfice d’une scolarisation à 2 ans en REP est rappelé, un niveau unique TPS reste néanmoins plébiscité, ainsi que la classe passerelle, quand elle existe.

La décision de scolariser des TPS revient en premier lieu à la municipalité mais, pour 50% des sondés concernés, cela relève d’une décision « conjointe » mairie et école. Des mairies font pression sur les équipes pédagogiques, appuyées par les IEN parfois, pour accueillir des TPS. Des collègues se déclarent même obligés d’en accueillir face à une école privée concurrentielle qui les scolarise facilement.

La maternelle est certes un mode de garde gratuit mais pour les sondés « ce n’est pas une crèche ». « Est-ce dans l’intérêt de l’enfant ? ». « C’est de la maltraitance ! ». Taux d’encadrement, propreté et maturité sont des arguments communs contre une scolarisation précoce forcée. Les TPS sont aussi une variable d’ajustement pour la carte scolaire : elles peuvent par endroits éviter une fermeture de classe.

Limitation des GS, CP et CE1 à 24 élèves

Toute limitation des effectifs de classe améliore l’accueil des élèves ou la qualité de l‘enseignement : 20 élèves maximum par classe est l’idéal clairement souhaité.

À l’image du dédoublement en REP, le plafonnement à 24 engendre alourdissement des autres niveaux de classe et/ou multiplication de classes à niveaux multiples, à chaque fois que cette mesure est appliquée de manière dogmatique. En effet, le plafonnement ne s’accompagne pas systématiquement d’ouvertures de classes supplémentaires.

D’ailleurs, le dédoublement en REP et le plafonnement à 24 en GS ne permettent plus, par endroits, de continuer l’accueil des TPS.

Une fois de plus, le SNALC dénonce l’imbroglio consécutif aux déclarations politiques bien éloignées des réalités de terrain.