Commande de l’Élysée et urgence du recrutement de son responsable obligent, le Bureau des entreprises (BDE) est la première mesure de la réforme des lycées professionnels (LP) pour laquelle un texte officiel a été publié par le Ministère (Circulaire du 24/05/2023).
Outil au service des lycéens et des PLP ?
Le BDE n’est avant tout qu’un « lieu physique spécifique au sein de l’établissement, choisi pour son accessibilité ». Bien évidemment, le problème des Périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) en LP était dû au fait que les entreprises ne trouvaient pas le bureau du DDFPT.
Au vu de ses missions, et notamment celles liées à l’axe 3-PFMP, déjà usuellement réalisées par les DDFPT, le SNALC doute – et c’est un euphémisme – qu’il remédie en quoi que ce soit aux difficultés pour trouver en nombre suffisant des lieux de PFMP de qualité pour des lycéens mineurs :
- Recensement, actualisation et suivi de la qualité des sites d’accueil des élèves ;
- Communication auprès des acteurs économiques (ressources humaines et tuteurs) : réglementation, documents de suivi et d’accompagnement, etc. ;
- Appui aux élèves dans leur recherche des lieux d’accueil en concertation avec l’équipe pédagogique ;
- Appui à l’organisation du suivi (convention, professeur référent, lien avec tuteur, visites) ;
- Suivi des allocations de périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) ;
- Soutien à la mise en place de la mobilité européenne et internationale.
Ce ne sont pas des mesures gadgets déjà à l’œuvre dans de nombreux LP, avec une efficacité toute marginale, qui vont résoudre l’inadéquation entre la demande de lieux de stage et l’offre des entreprises. Ces dernières sont submergées par des demandes de stage du secondaire au supérieur, sans parler de celles émanant de la formation continue et, par ailleurs, fort sollicitées pour conclure des contrats d’apprentissage. À quoi s’ajoutent, le refus d’accueillir des mineurs et quelques expériences malheureuses avec des lycéens bercés par la bienveillance de l’Éducation nationale qui jugent la ponctualité, l’assiduité et le minimum de courtoisie optionnels.
La réforme augmente les PFMP (réaménagement de la classe terminale, développement des FCIL et des MC avec 14 à 18 semaines de PFMP…). Madame Grandjean va donc réaliser l’exploit d’échouer tout à la fois sur le quantitatif et le qualitatif, dans le domaine des PFMP, après avoir juste échoué sur l’aspect qualitatif dans celui de l’apprentissage.
De plus, la circulaire n° 2016-053 du 29-3-2016 sur l’organisation et l’accompagnement des PFMP confère toujours aux enseignants la mission de recherche de lieux d’accueil. Le SNALC leur précise qu’il s’agit d’une obligation de moyens et non de résultat ! Selon l’adage juridique, à l’impossible nul n’est tenu. Quelques appels téléphoniques ou mails à destination des entreprises inscrites sur la liste des “partenaires” de leur établissement, suivis du signalement des difficultés à trouver des lieux de stage suffisent pour répondre aux pressions de leur administration qui voudrait leur faire croire qu’ils ont une obligation de résultat.
Enfin, l’arrivée d’un responsable de BDE, risque de complexifier les échanges des enseignants avec l’administration. Les PLP n’ont pas à supporter ni une surcharge de travail, ni à être victimes d’une guerre des chefs. Le responsable du BDE est placé sous la coordination du DDFPT et l’autorité du Chef d’établissement. Ce dernier doit donc présenter, dès la pré-rentrée, une répartition claire des missions dévolues à chacun.
…. Ou symbole de l’achèvement de la transformation des LP en un mixte de centre de formation professionnelle et de mission locale ?
Déjà, les possibilités d’un recrutement externe à l’EN et d’un GIP FCIP employeur pour le poste de responsable du BDE, prouvent la mutation du Lycée Professionnel. Mais la synthèse des attendus du BDE en LP annexée à la circulaire est encore plus éloquente.
Le BDE est […] :
- Le facilitateur des actions conjointes milieu professionnel/lycée professionnel au bénéfice des élèves, apprentis et stagiaires de la formation continue ;
- Un engagement pour des stages, périodes de formation en milieu professionnel et alternances de qualité ;
- Le suivi des réussites de parcours professionnel et d’insertion de chaque personne formée dans l’établissement
Le SNALC se tiendra aux côtés de tous les PLP, titulaires ou contractuels, pour faire valoir leurs droits.