Rendu public fin 2022, cet indice de positionnement social (IPS) souligne les écarts très importants entre le niveau social des familles qui scolarisent leurs enfants dans le public et le niveau social de celles qui les scolarisent dans le privé.
Le privé devient donc le bouc émissaire d’un problème dont il est politiquement bien commode de lui faire endosser la responsabilité. Tout ceci avec une bonne dose d’hypocrisie puisque les enfants de notre ministre de l’éducation sont à l’Ecole Alsacienne, établissement privé renommé du 6ème arrondissement parisien.
Que l’école française soit actuellement la plus inégalitaire de toute l’Europe n’est une bonne nouvelle pour personne.
Cette situation doit mobiliser toutes les écoles : publiques et privées.
Le levier de la carte scolaire doit être amélioré dans le public : c’est un sujet dont les collectivités locales peuvent s’emparer. Trop souvent elle n’a pas été dessinée pour favoriser cette mixité tout simplement parce que beaucoup de parents manœuvrent pour mettre à tout prix leurs enfants dans un bon établissement public. Et lorsque le bon établissement est privé alors ils ne résistent pas longtemps à la tentation du privé.
La géographie est également une réalité qui est fortement sous-jacente à cette difficulté. L’enseignement privé a souvent hérité de bâtiments anciens en centre-ville. On remarque pourtant qu’à Lille, Marseille, Toulouse ou Clichy lorsque le privé a pu construire de récentes implantations elles sont très ouvertes à la mixité sociale.
Paris est un bon exemple de cette difficulté qui frappe le public comme le privé : la capitale est extrêmement ségréguée et connaît des écarts très importants en fonction des quartiers.
Enfin le privé le dit depuis de nombreuses années : il est prêt à s’ouvrir à d’avantage d’élèves défavorisés mais ceux-ci ne pourront pas faire face aux frais de cantine très lourds supportés entièrement pas les parents qui font ainsi faire, soit dit en passant, une économie considérable à l’État.
Le 17 mai 2023, sous l’impulsion des réformes souhaitées par Pap Ndiaye, le privé signait un protocole où il s’engageait à « doubler en cinq ans le taux d’élèves boursiers » sous réserve que « les familles bénéficient d’aides sociales égales à celles dont elles bénéficient quand elles scolarisent leur enfant dans un établissement public correspondant. »
Stigmatiser le privé pour ses carences en mixité sociale et scolaire est facile.
Résoudre les carences en accompagnement sociales des familles défavorisées qui voudraient aller dans le privé serait une piste constructive pour y augmenter la mixité sociale.