Contes et légendes du privé
(qui commencent à être colportés dans le public)
Il était une fois, dans l’enseignement privé sous contrat, des collègues qui voulaient jouer les petits chefs.
Pour les remercier des services rendus, on leur accorda des décharges d’heures de cours et on leur créa des statuts internes et des contrats d’établissement : responsable de niveau, censeur, préfet des études, directeur adjoint mais aussi, communs au public, les référents culturels, coordonnateurs matière.
Au service du chef d’établissement, ils se mirent à donner des ordres aux collègues, à leur dire comment faire cours, à vouloir les réunir sans raison, les obliger à faire des progressions communes et des devoirs communs quand ça leur chantait.
Ils avaient cependant oublié que leur petit titre, s’il flattait leur ego, ne leur donnait aucune autorité hiérarchique sur les collègues. Personnels administratifs internes à l’entreprise qu’est l’établissement sous contrat, ils étaient là pour gérer les papiers, les élèves perturbateurs et les locaux et n’avaient aucun droit de regard sur le travail de leurs collègues.
Pour ce qui est des chefs d’établissement, eux aussi semblaient régulièrement oublier qu’ils n’avaient pas autorité en matière pédagogique, en cherchant à imposer travail en équipe et recettes pédagogistes aux professeurs quand ils n’effaçaient pas tout simplement leurs notes, jugées trop basses. Il fallut rappeler que la liberté pédagogique était garantie par le code de l’éducation (Article L912-1-1 ).
Les chefs d’établissement se souvinrent alors de cela et demandèrent aux faux chefs de s’occuper de papiers, des élèves perturbateurs et des locaux et de laisser les professeurs faire ce pourquoi ils étaient prêtés par l’État dans cette délégation de service public : enseigner.